Alors que la situation reste encore tendue à Ghardaïa et des scènes de grabuges sont signalées çà et là, Tizi Ouzou flambe une nouvelle fois. Les scènes observées hier et aujourd’hui dans cette ville de Kabylie font craindre le pire. C’est connu, il suffit d’une petite manipulation pour que le cycle infernal de manifestation-répression reprenne au grand dam d’une population prise en otage.

On ne sait toujours pas qui a décidé d’empêcher la traditionnelle marche pacifique 20 avril marquant le souvenir du printemps berbère. Les services de la wilaya de Tizi Ouzou viennent de s’en laver les mains de cette décision bien qu’ils expliquent dans un communiqué que les organisateurs n’étaient pas connus.

Quoi qu’il en soit et au-delà de l’identité de ceux qui ont pris la décision, le plus préoccupant aujourd’hui est de voir que la situation commence à dégénérer. Des vidéos et des photos d’une rare violence contre les manifestants font le buzz sur les réseaux sociaux.

Il n' y a malheureusement pas meilleur (ou pire c’est selon) moyen pour allumer l’étincelle par certains pyromanes qui veulent mettre le feu aux poudres, après avoir attendus en vain que la Kabylie se rebelle comme ils le souhaitent pour assouvir leurs instincts violents et leurs bas desseins politiques,

Le fait est que le décor funeste des émeutes et des blocages des routes a été replanté depuis dimanche à Tizi Ouzou.

Des vidéos compromettantes

Le parallèle est saisissant avec les tragiques événements du printemps noir en 2001. La question coule alors de source : Qui veut replonger la Kabylie dans l’instabilité alors qu’elle n’a pas encore pansé ses blessures du passé ? De quel bout que l’on prend ce retour de flamme, on ne peut que conclure à un coup tordu visant des objectifs inavouables.

Il est même évident, compte tenu du contexte politique marqué par l’élection présidentielle conjugué à une date sensible et symbolique du 20 avril.

La DGSN enquête

C’est dire que les autorités doivent immédiatement prendre les choses en main pour éviter les débordements. A commencer d’abord par faire la lumière sur le contenu choquant de ces vidéos où l’on voit des policiers en civil et en tenue s’acharner sur un manifestant visiblement dans les vapes.

La cellule de communication de la DGSN vient d’annoncer l’ouverture immédiate d’une «enquête sur le contenu d’une vidéo donnant à voir des personnes vêtues de la tenue des agents de police agissant en violation des règles et des principes du travail en matière de sécurité».

Le communiqué de la DGSN signé par M. Djilali Boudalia souligne à juste titre que «Le contenu de la vidéo donne à voir des comportements inacceptables et portant atteinte à la police ». L’institution du général Abdelghani Hamel dit avoir ordonné «de prendre toutes les mesures disciplinaires et juridiques nécessaires contre toute personnes ayant enfreint les règles concernant la dignité du citoyen et l’éthique».

Il faut espérer que cette scabreuse affaire soit réglée et que les fauteurs de troubles et les commanditaires soient démasqués et sanctionnés.