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Qui va sauver l'Algérie ?

28-02-2014 15:55  Rafik Benasseur

L'annonce jeudi par Mouloud Hamrouche de sa décision de ne pas concourir aux prochaines présidentielle aura sans doute ""tué" le rêve de certains de voir s'amorcer un changement au soir du 17 avril. Il était en quelque sorte l'homme de la "dernière chance" pour de nombreux algériens qui voyaient en lui le candidat le plus crédible et le moins "mouillé" pour porter les aspirations du peuple algérien.

Mais la déception est à la mesure de l'espoir que son "ex future" candidature a suscité auprès de l'opinion et de la classe politique. En parfait enfant légitime du système, Hamrouche s'est, une nouvelle fois, rendu compte que les règles du jeu n'ont pas changé et qu'il ne valait pas la peine de s'engager dans un scrutin fermé à tout point de vue.

Le retrait de Hamrouche ressemble à un oracle rendu par le pouvoir; à savoir qu'il n'est pas encore prêt à lâcher le Trône, même s'il montre de graves signes de santé. En l'occurrence, du haut de ses 77 ans et, facteur aggravant, son AVC qui l'empêche depuis 10 mois d'assurer la présidence à temps plein, Abdelaziz Bouteflika a décidé de rempiler pour... cinq autre années.

Avec ou sans les algériens, il entrera dans l'histoire comme le seul président à s'être maintenu au pouvoir au moins pendant 15 ans et en pleine tempête arabe. Qui plus est, dans un contexte marqué par une allergie générale contre les présidence à vie (ou à mort c'est selon).

La faiblesse de Bouteflika c'est sa...force

Il faut admettre que Bouteflika et son régime ont pris tout le monde à contre-pied. Printemps arabe ou pas, maladie ou pas, il a incroyablement réussi a transformer ses points faibles en carburant à la conquête du 4ème mandat. Pour lui et ses proches, c'est un retentissant succès personnel. Mais pour l'Algérie, c'est une nouvelle fois l'échec recommencé de sortir le pays de la tutelle d'une génération qui a berné le peuple par un faux "Tab Jnana".

Mais il ne faux pas être naïf pour penser que ce désormais évident 4ème mandat est juste le fruit d'un génie tactique du seul Bouteflika. Pendant toutes ces dernières années, le régime a en effet bâti sa force par la manipulation et la clientélisation.

"Tab Jnana". Mon oeil...

La base sociale du système s'est progressivement élargie pour enrôler même des segments qu'on pensait hermétiques et allergiques à tout concubinage avec un régime qui est la négation même de la notion d'Etat de droit. Mais, grâce aux pétrodollars de la rente, la machine à acheter les âmes a fonctionné à plein régime... en faveur du régime.

La mangeoire a ainsi attiré même des jeunes qu'on voit parader sur les plateaux de certaines télés "privées" pour louer les "Injazates" de Bouteflika. Alors Val-de-Grâce ou pas, c'est encore une fois l'état de grâce pour Bouteflika à qui l'on prête une intelligence Einsteinienne qui ferait de lui un homme absolument indispensable pour l'Algérie...

L'ultime surprise de cette mise en scène grandeur nature ? Le ralliement de Ouyahia et Belkhadem à la cause du roi en instance de (re) intronisation. Connaissant l'aversion de l'ex chef du gouvernement à Bouteflika, son soutien au 4ème mandat (forcé sans doute) confirme qu'il n'a aucune autonomie de décision.

Après avoir lancé crûment que c'est "l'argent sale qui commande en Algérie" et qu'il "commence à devenir mafieux" et surtout en janvier 2012 avec cette interrogation assassine “Pensez-vous qu’un quatrième mandat (du président) rendra service à l’Algérie?”, un "bavardage" qui lui a valu un limogeage de son poste de Premier ministre, le voilà aujourd'hui revenu à de meilleurs sentiments... C'est magique le régime non ! La morale de cette histoire est que le régime a décidé de faire bloc pour sauver sa face. Mais qui va sauver l'Algérie ? Là est la question. Ce ne serait certainement pas Mouloud Hamrouche en tout cas qui refuse de se battre et rend les armes.



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