Depuis l’effondrement brutal des prix du pétrole que les décideurs en Algérie n’ont pas su (ou voulu) imaginer, on ne parle que de la potion magique à laquelle aura recours le gouvernement pour amortir le choc. Aux appels incessants à la raison des acteurs politiques et des experts sur la nécessité de revoir le train de vie de l’État qui a flambé la dépense publique, le pouvoir affichait une espèce d’arrogance face à ces alertes. Puis, le baril lui explosa à la figure…
Subitement, nos responsables ont adopté, bien malgré eux, un discours réaliste qui tienne compte de la déprime pétrolière. Et ils parlent ouvertement des risques qu’encourt le pays si d’aventure le marché continuait à faire de siennes. On aurait tant aimé que le gouvernement mette en ligne de compte cette éventualité que la rente pétrolière pouvait à tout moment se raréfier voire se tarir…
C’est hélas à une douche froide qu’il a eu droit tant l’ivresse des pétrodollars débordants lui a fait perdre la tête au point de n’avoir pas jugé utile et vital de construire une économie alternative à la rente.
Le Conseil ministériel restreint présidé par Abdelaziz Bouteflika n’a fait que constater les dégâts d’une politique amateur voire d’une non politique qui a consisté à dépenser sans compter depuis plus d’une décade.
Réveil brutal et sur le tard
Et qu’ont décidé nos vénérables responsables ? Stopper net les recrutements dans les administrations publiques. Aussi, il a été recommandé de «veiller à la rationalisation des importations du pays».
Cette dernière mesure parait presque forcée tant le communiqué du Conseil des ministres évoque une «rationalisation» qui s’apparente à un fourre tout et rien au même temps. Le fait est que le ministre du commerce, Amara Benyounès, a déclaré qu’il n’est pas question pour l’Algérie d’arrêter l’importation des produits subventionnés destinés à la consommation.
Et quand on sait que 90% de l’assiette de l’algérien provient de l’étranger, il est aisé de deviner que la mesure préconisée parait presque anecdotique au-delà de l’effet d’annonce. On va peut être diminuer l’importation des kiwi et des avocats, mais on va continuer à acheter de la pomme de terre et la pomme tout court ainsi que toutes les viandes de toutes les couleurs…
90% de notre assiette vient d’ailleurs
Cela étant dit, la vraie question n’est pas de savoir si le gouvernement va adopter une ligne de conduite rigoureuse pour laquelle il n’a pas trop le choix. Il s’agit précisément d’interroger comment est-on arrivé là et qui en est responsable ?
Combien de gouvernements et de ministres ont défilé aux affaires sans qu’ils réussissent à envisager un autre modèle de croissance que celui basé sur la dépense publique clairement anti économique. La question est là. Il ne s’agit pas de faire dans le populisme de mauvais aloi en rassurant les algériens légitimement paniqués que rien ne changera.
Il est peut être opportun de crever l’abcès en faisant payer tous ceux qui nous promettaient monts et merveilles avant de prendre une retraite dorée chez ceux à qui ils graissaient la patte du temps où ils étaient aux commandes dans leurs secteurs respectifs.
Qui va payer la note salée de la chute des cours du pétrole ? On ne pas tout de même pas demander au peuple de serrer la ceinture qui ne tient plus d’ailleurs !