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Quels impacts de la décision du président de la république de bloquer certaines taxes sur le niveau de l’inflation et le pouvoir d’achat ?

16-02-2022 16:32  Pr Abderrahmane Mebtoul

Par Abderrahmane MEBTOUL* 

 

Le caractère social de l’Etat ne doit pas reposer sur la  rente des hydrocarbures et de versements de salaires  ou de subventions sans contreparties productives mais  sur le travail et l’intelligence pour un développement durable conciliant l’efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je suis profondément attachée. On en peut comprendre le processus d’inflation  et donc sa maitrise, sans le replacer  dans le cadre des mutations mondiales et du cadre macroéconomique et macrosocial interne. 

 

1.Les dernières mesures du président de la  république de geler  certaines taxes s’assimilent à des subventions dont le montant sera plus élevé que celui prévu dans la loi de finances 2022. Selon les prévisions de la loi de finances  2022, les subventions implicites, constituées notamment de subventions aux produits énergétiques et des subventions de nature fiscale, représentent environ 80 % du total des subventions et que les subventions explicites représentent un cinquième du total des subventions, étant dominées par le soutien aux prix des produits alimentaires et aux logements étant prévu 1 942 milliards de dinars, soit 14,17 milliards de dollars et 19,7 % du budget de l’État. C’est là un dossier très complexe devant éviter la précipitation, sociale pouvant avoir des effets pervers ce qui explique la décision du président de la république afin d’éviter  de vives tensions  sociales. Comme j’avais mis en garde le gouvernement, sans maîtrise du système d’information et la quantification de la sphère informelle, afin de quantifier les revenus informels, cette réforme de subventions ciblées  est impossible à réaliser, surtout en cette période avec le retour de l’inflation qui encourage les activités spéculatives.  risquant  d’accroitre les  inégalités sociales, certes  atténuées par la crise du logement qui renforce la solidarité familiale (même marmite, mêmes charges), assurant une paix  sociale éphémère. Le problème est identique  pour l’allocation chômage  où le président de  la  république s'exprimant, dans le cadre de ses rencontres avec les représentants des médias nationaux et retransmise, le 15/02/2022  a affirmé  que le montant de l'allocation chômage aux primo-demandeurs dont la tranche d’âge est entre 19/40 ans, est fixée à 13 000 dinars par mois  et les chômeurs primo-demandeurs bénéficieront d'une couverture sociale à partir du mois de mars 2022 concernant  620.000 chômeurs  inscrits. 

 

Certes, l’État va procéder au contrôle au cas par cas ,  les bénéficiaires devant s’inscrire à l'Agence locale de l'emploi de sa résidence et que l'allocation sera automatiquement annulée dans le cas où le demandeur obtient un emploi dans le secteur privé ou public, ou s'il refuse deux offres d'emploi. Si ‘on prend l’hypothèse  que les 620.000 bénéficient de cette allocation  le montant total annuel  dépasse les 96 milliards de dinars et avec la couverture sociale  plus de 100 milliards de dinars. Le grand problème est ce des emplois administratifs/rente   ce qui amplifie les tensions budgétaires ou des emplois créateur de valeur ajoutée ? Par ailleurs, en  dehors des produits subventionnés  pour la majorité des autres produits, pour que cette mesure atténue l’inflation, puisque 85% des produits de consommation et des matières premières pour les  entreprises sont importées, le taux de dévaluation du dinar doit être inférieur au taux de baisse des taxes , sinon cette mesure n’aura aucun effet. Il faudra évaluer le montant de cette décision  sur le déficit budgétaire évalué à plus de 30 milliards de dollars  pour 2022, atténué certes artificiellement par  la dévaluation du dinar  réalisant une  épargne forcée , avec une certaine marge  avec   des recettes des hydrocarbures  plus importantes si le cours  durant l’année 2022 se maintient  à plus de 80 dollars le baril.

 

Il est urgent de réévaluer  l’indice des prix à la consommation car le consommateur algérien n’est pas un tube digestif ,  le besoin étant historiquement daté ;  aujourd’hui avoir un portable ou un ordinateur et même une voiture moyenne n’est pas un luxe . Et cela touche surtout les  couches moyennes qui se paupérisent et dont les meilleurs cadres  s’exilent à la fois pour des raisons de considérations mais également  pour un salaire dérisoire.  Dans ce cadre, une  politique strictement monétariste sans vision stratégique en symbiose avec  la sphère réelle et sociale ne peut  que conduire le pays à l’impasse. Deux expériences à méditer pour l’Algérie : la politique économique  de l’ère communiste   de la Roumanie avec un endettement zéro , une restriction drastique des importations  pour préserver les réserves de change et une économie en ruine avec une inflation laminant  la population qui a conduit à l’implosion sociale  et l’expérience vénézuélienne première réserve mondiales de pétrole avant l’Arabie Saoudite , une omniprésence  de la gestion bureaucratique étatique , ayant recours au financement non conventionnel, à une dévaluation accélérée  de sa monnaie n’ayant pas permis de relancer les sections hors rente, puisque destinée aux activités  ne créant pas  de valeur , avec comme conséquence une paralysie de l’économie et une hyperinflation de plus de 1000%.

 

Pour l’Algérie comme  démontré  dans plusieurs contributions nationales et internationales, la dévaluation accélérée du dinar de 1974 à février 2022 contrairement aux théories classiques libérales  que toute dévaluation dynamise les  exportations , thèse abandonnée même par le FMI   qui pour les pays en transition vers l’économie de marché,  souffre de rigidités structurelles avec une offre limitée  et une demande en expansion avec la pression démographique,  conditionne cet ajustement à de profondes réformes institutionnelles et micro économiques, n’ a pas permis de  développer les exportations hors  hydrocarbures. Pour preuve sur les 4 milliards de dollars  annoncés  par le ministère du commerce, Sonatrach sur un total de 34,5 milliards de dollars de recettes, annonce au sein de ce montant  plus de 2,5 milliards de dollars en 2021 pour les dérivées d’hydrocarbures. Pour ne pas  induire en erreur ‘opinion publiasse, sur le montant restant de  1,5 milliard de dollars, l’important étant de dresser  la balance devises nette   l’on doit  soustraire  les matières premières importées en devises , les subventions du gaz  environ 10% par rapport aux prix international pour les unités  exportatrices fonctionnant au gaz ( ciment et les produits sidérurgiques)  et les différentes exonérations fiscales.

 

2.-C’est dans ce contexte que doit s’inscrire  la compréhension du processus inflationniste devant le relier au retour de  l’inflation mondiale aux équilibres macroéconomiques et macrosociaux selon une vision dynamique. Dans ce contexte, quel est l’évolution la cotation du dinar ,  des réserves de change  et du taux d’inflation ? 

 

Premièrement,  l’évolution du cours officiel du dinar corrélé aux réserves de change via les recettes d’hydrocarbures à plus de 70%  pour la période de 2001 à février  2022 est  la suivante. 2001 : 77,26 dinars un dollar et 69,20 dinars un euro – 2005 : 73,36 dinars un dollar et 91,32 dinars un euro – 2010 : 74,31 dinars un dollar et 103,49 dinars un euro – 2015 : 100,46 dinars un dollar et 111,44 dinars un euro – 2016 : 100,46 dinars un dollar et 111,44 dinars un euro – 2017 : 110,96 dinars un dollar et 125,31 dinars un euro – 2018 : 116,62 dinars un dollar et 137,69 dinars un euro – 2019 : 119,36 dinars un dollar et 133,71 dinars un euro – 2020 : 128,31 dinars un dollar et 161,85 dinars un euro.  -2021- une moyenne de 139 dinars un dollar et 160 dinars un euro  et le 16 février 2022 140,36 dinars un dollar  et 159,64 dinars un euro avec une  prévision de dévaluation  du dinar par rapport au dollar,  entre 5/10% selon la loi de finances 2022 entre 2023/2024.. Cette dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l’euro accélère la méfiance du citoyen vis-à-vis du dinar, en plus du manque de liquidités,  amplifiant la sphère informelle où selon la banque d’Algérie entre 2019/2020,  la masse monétaire circulant en dehors du circuit bancaire, a atteint 6140,7 milliards de dinars (près de 47,23 milliards de dollars au cours de 130 dinars un dollar ) à la fin de l’année 2020 soit   une hausse de 12,93% par rapport à 2019Le président Abdelmadjid Tebboune, lors de sa rencontre avec la presse le 04 avril 2021, a indiqué que le chiffre oscillerait entre 6000 et 10 000 milliards de dinars entre 33 et 47% du PIB , le président , soulignant des données contradictoires  et un système d’information non fiable,.Malgré des discours  nous avons  des  mesures adoptées pour drainer une partie de cet argent, comme  la finance islamique, qui a permis de drainer fin 2021 selon la déclaration du premier ministre , seulement 100 milliards de dinars soit à peine 1% si l’on prend le montant de 10 000 milliards de dollars. ( voir étude sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul pour l‘institut français des relations internationales IFRI  Paris décembre 2013, les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb et revue stratégie Ministère de la  défense nationale MDN IMDEP octobre 2019 ). 

 

L'effet d'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar a un effet négatif sur les sphères économique et sociale. Le taux d'intérêt des banques devrait le relever de plusieurs points, s'ajustant aux taux d'inflation réelle, freinant à terme le taux d'investissement à valeur ajoutée. La déthésaurisation des ménages face à la détérioration de leur pouvoir d'achat, met des montants importants sur le marché, alimentant l'inflation, plaçant leur capital-argent dans l'immobilier, des biens durables à forte demande comme les pièces détachées facilement stockables, l'achat d'or ou de devises fortes. Cette  dévaluation du dinar a permis    d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportation hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finaux, montant accentué par la taxe à la douane s’appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. 

 

.Deuxièmement,  pour les réserves de change fonction essentiellement des recettes d’hydrocarbures et de ses dérivées à plus de 98%, nous avons l’évolution suivante de 2001 à fin  2021 - 17,9 milliards de dollars,  2002 : 23,1 milliards de dollars, – 2003 : 32,9 milliards de dollar, – 2004 : 43,1 milliards de dollars, – 2005 : 56,2 milliards de dollars, – 2010 : 162,2 milliards de dollars, – 2011 : 175,6 milliards de dollars, – 2012 : 190,6 milliards de dollars, 2013 : 194,0 milliards de dollars, – 2014 : 178,9 milliards de dollars, – 2015 : 144,1 milliards de dollars, – 2016 : 114,1 milliards de dollars, – 2017 : 97,33 milliards de dollars, – 2018 : 79,88 milliards de dollars, – 2019 : 62 milliards de dollars – 2020, 48 milliards  de dollars- 2021 ,estimation provisoire   44 milliards de  dollars (estimation FMI 43,6 milliards de dollars). En cas de baisse drastique des réserves de change à 10/12 milliards de dollars, qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctue en fonction du taux d’inflation d’environ 300 dinars un euro minimum, surtout en cas d’ouverture des frontières. Il sera difficile de combler l’écart avec le marché parallèle pour la simple raison que l’allocation de devises pour les ménages est dérisoire, la sphère informelle suppléant à la faiblesse de l’offre et par ailleurs bon nombre d’entreprises du fait de la faiblesse de l’allocation devises pour éviter la rupture d’approvisionnement iront au niveau de cette sphère. Troisièmement, quant à l’évolution de l’inflation  taux officiel, de  la période de 2000 à  2021, nous avons  selon le site international financier Index Mundi  – 2000, 2,0%  – 2001, 3,0%  – 2002, 3,0%  – 2003, 3,5%  – 2004, 3,1% – 2005, 1,9%  – 2006, 3,0%  – 2007, 3,5%– 2008, 4,5% – 2009, 5,7%,  – 2010, 5,0%  – 2011, 4,5% – 2012, 8,9% (après les augmentations de salaires) – 2013, 3,9% – 2014, 2,9% – 2015, 4,2% – 2016, 5,9% – 2017, 5,6% – 2018, 5,6% – 2019, 5,6%. - 2020, 2,4%   -2021 4,2%.Les  prévisions de la loi finances 2022 donne un .taux d’inflation 3,7% et  selon la banque d’Algérie, par rapport au même mois de l'année précédente, l'inflation globale s'est accélérée de 5,96 point de pourcentage en une année pour atteindre 9,2 % en octobre 2021. 

 

4.-L’effet d’anticipation, d’une dévaluation rampante du dinar, via la baisse de la rente des hydrocarbures, risque d’avoir un effet désastreux sur toutes les sphères économiques et sociales, avec comme incidences le taux d’intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d’inflation réel, si elles veulent éviter la faillite. Cela freinerait à terme le taux d’investissement utile, la plupart des opérateurs économiques préférant se réfugier dans les activités spéculatives à court terme actuellement dominantes. La raison essentielle de l’inflation  dépend  de plusieurs facteurs interdépendants :,  de facteurs externes avec le retour de ‘inflation au niveau mondial ,  dont le prix international des produits importés. La sécurité alimentaire mondiale étant posée, les prix des produits agricoles connaissent un niveau record et, selon la FAO, l’augmentation des prix s’est établie en moyenne à 127,1 points en mai 2021, soit 39,7% de plus qu’en mai 2020, où le prix des oléagineux a plus que doublé ;  mais également de facteurs internes  dont  la faiblesse de la production et de la productivité interne, de la non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et leur impact renvoyant à la corruption via les surfacturations ; de la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d’achat des montants importants sur le marché, alimentant l’inflation, plaçant leur capital-argent dans l’immobilier, l’achat d’or ou de devises fortes pour se prémunir contre l’inflation ; de la dévaluation rampante du dinar; de la dominance de la sphère informelle produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat où existent des liens dialectiques entre cette sphère et la logique rentière, avec des situations oligopolistiques de rente., cette sphère alignant  le prix des biens sur la cotation de la devise du marché parallèle, pour les produits importés, contrôlant les segments des fruits/légumes, poissons/viandes, textile/cuir et bon nombre d’autres produits importés qui connaissent un déséquilibre offre/demande et enfin aux  restrictions drastiques des importations par une gestion administrative , sans ciblage qui ont  paralysé la majorité  de l’appareil de production.

 

.3.- Tous ces facteurs renvoient à la faiblesse de la gouvernance et il s’agit de  ne pas renouveler les  erreurs du passé pour le déblocage de certains projets sans des audits sérieuses. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1150 milliards de dollars en devises entre 2000 et 2021, avec une importation de biens et services, toujours en devises, de plus de 1055 milliards de dollars ( le solde des réserves de change au 31/12/2021 étant d’environ 44 milliards de dollars) pour un taux de croissance dérisoire de 2-3 % en moyenne, alors qu’il aurait dû se situer entre 9-10 %.  La loi de finance s 2022 prévoit une croissance de 3,3 % contre 3,4 % en 2021Mais un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente : un taux élevé en T2 par rapport à un taux faible en T1 donne un taux relativement faible. Le déficit budgétaire prévu est d’environ 4 175 milliards de dinars ,au cours  au moment de l’élaboration de la loi de finances 137 dinars un dollar , dinars un dollar, 30,50 milliards de dollars, 8 milliards de dollars de plus qu’en 2021.  L'Algérie, selon le rapport de l'OCDE, dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins d'impact en référence aux pays similaires, renvoyant à la mauvaise allocation des ressources. Selon le Premier ministère, l’assainissement des entreprises publiques a coûté au Trésor public environ 250 milliards de dollars ces trente dernières années, et plus de 90% d’entre elles sont revenues à la case de départ, outre 65 milliards de dollars de réévaluation, ces dix dernières années, faute de maîtrise de la gestion des  projets. Selon le rapport du FMI publié fin décembre 2021, les exportations ont atteint, en 2021, 37,1 milliards de dollars (32,6 pour les hydrocarbures et 4,5 hors hydrocarbures) . Quant aux importations, en attendant le bilan officiel du gouvernement, selon le FMI elles auraient atteint 46,3 milliards de dollars , 38,2 milliards de biens et une sortie de devises de 8,1 milliards de services contre 10 à 11 entre 2010 et 2019. L’Algérie, selon le FMI, fonctionne, entre budget de fonctionnement et d’équipement, à plus de 137 dollars en 2021 et à plus de 150 pour 2022, malgré toutes les restrictions qui ont paralysé l’appareil de production avec des impacts inflationnistes.  

Se pose la question alors que la population dépasse 45 millions en janvier 2022  avec une population active de plus de 12 millions, nous assistons à une décroissance du PIB qui est passé de 180 milliards de dollars à prix courants en 2018, 171 en 2019 et à 160 milliards de dollars fin 2020,  153milliards de dollars   en 2021..Du fait des tensions budgétaires, de l'accroissement du taux de chômage et du retour de l'inflation avec la détérioration du pouvoir d’achat, s'impose la relance économique pour 2022, un large front national tenant compte des différentes sensibilités et un discours de vérité pour un sacrifice partagé,  la lutte contre le terrorisme bureaucratique, éviter l’instabilité  juridique et monétaire et la lutte contre la corruption qui étouffe les énergies créatrices.. Outre les factures d'électricité et d'eau, du loyer, on peut se demander comment un ménage qui gagne entre 30 000 et 50 000 DA peut survivre, s'il vit seul, en dehors de la cellule familiale qui, par le passé, grâce au revenu familial, servait de tampon social ?  Mais attention à la vision populiste : doubler les salaires sans contrepartie productive entraînerait une dérive inflationniste, un taux supérieur à 20% qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l‘inflation jouant comme redistribution au profit des revenus spéculatifs. L’action louable au profit des zones d’ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité de la société. D’où l’importance de la rationalisation  des choix budgétaires où l’Etat doit donner l’exemple en réduisant son train de vie.   Si par hypothèse, uniquement pour la partie devises. Si  on avait amélioré la gestion pour 10% sans compter la dépense pour la partie dinars où existent des surfacturations, du fait de la non-maîtrise des circuits et des marchés internationaux (fluctuations boursières notamment) et si on avait réduit de 10% les surfacturations, l’Algérie aurait économisé environ 210 milliards de dollars en 2020/2021, plus de quatre fois les réserves de changes actuelles.

En conclusion, la non maitrise de l’inflation a pour conséquence l’accélération du divorce Etat/citoyens accentué par l’effritement du système de la communication officielle, devant mettre fin à certains discours qui jouent comme facteur de démobilisation, tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter. Comment ne pas se rappeler cette image de la télévision algérienne à la fin des années 1987 et après la grande pénurie, à l’ENTV, où un ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres ;   vers les années 2004, où, à une question sur le taux de chômage, un ministre affirmera que les enquêtes donnent moins de 10% et qu’un journaliste lui répliqua : êtes-vous sûr de vos données ? Oui, répond le ministre. Ce à quoi le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice, non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travaille et la déclaration d’un ministre en 2011 à l’ENTV, en Algérie, il n’y a pas de pauvres mais des nécessiteux», quelle différence ?.

Et récemment en mars 2021, que l’inflation est maîtrisée, que la relance économique améliorera la cotation du dinar, alors que nous assistons à l’effet inverse .Le véritable patriotisme des Algériens, quelque soit le niveau de responsabilité, se mesurera par leurs contributions à la valeur ajoutée interne. Sans retour à la confiance, la moralisation, facteur de la mobilisation de la population, et notamment des compétences nationales, autour d’un large front national tenant compte des différentes sensibilités, et d’un changement de la gouvernance aucun développement de sortie de crise n’est possible. On ne décrète pas la création d’entreprises facteur de création d’emplois, ne devant pas confondre le tout Etat (solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination) avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché. Il existe un important décalage entre la réalité et les importantes potentialités de sortie de crise de l’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. ( interview in American Herald Tribune USA 28/12/2016, Pr A. Mebtoul «Any Destabilization of Algeria would Geo-strategic Repercussions on all Mediteterranean and African Space» et Pr A. Mebtoul, «Algeria Still Faces Significant Challenges, 11 août 2018»

Le 16/02/2022 - 

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