Comme, analysé dans plusieurs contributions et conférences internationales (1), face aux dizaines de rencontres organisées par les grandes puissances qui ont déjà pénétré les marchés internationaux, qu’exportera l’Algérie en dehors des hydrocarbures et de ses dérivées tant vers les pays africains que vers les pays arabes. Il ne suffit pas de crier sur les toits qu’existe un déficit commercial avec les partenaires étrangers notamment avec l’Europe et les pays arabes et pour des raisons politiques oubliant que le déficit commercial avec la Chine, la Russie en incluant les achats d’armes, entre 2005/2015 se chiffre en dizaines de milliards de dollars. Et comment ne pas rappeler que pour certains pays africains dont l’Algérie a effacé la dette (une reconversion en investissement local aurait été plus profitable), ont eu par la suite une position diplomatique contraire à la notre, devant donc adapter notre diplomatie à la réalité du temps où dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments.
2.-Il ne faut pas s’étonner, crier au scandale sans analyses sérieuses, que la balance commerciale de l'Algérie avec la Grande zone arabe de libre échange (Gzale), d'ailleurs échanges très marginaux, qui regroupe actuellement 19 pays : Algérie (membre depuis 2009), Arabie saoudite, Bahreïn, Egypte, Emirats Arabes Unies, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Palestine, Soudan, Syrie, Tunisie, Qatar et Yémen, ait accusé un déficit qui a suivi la tendance générale des autres postes avec d'autres partenaires clefs de l'Algérie, d’autant plus que certains pays sont des concurrents de l’Algérie en pétrole et gaz qui subissent les effets e la crise pétrolière, où les firmes multinationales sont bien implantées. Ainsi, l’Algérie avec 71,7% des exportations hors hydrocarbures vers la Gzale dont la Tunisie (32%), le Maroc (18,3%), le Liban (11%) et la Syrie (10%), où nous sommes au sein d’un marché mondialisé, a affiché un déficit de 351 millions de dollars en 2015, contre un excédent de plus d'un (1) milliard de dollars en 2014, les exportations algériennes vers les pays de cette zone ayant reculé de plus de 40% en 2015 comparativement à l'année 2014.
Plus précisément, les exportations algériennes des hydrocarbures vers cette zone ont fortement baissé à 2,1 milliards de dollars en 2015 contre 3,5 milliards de dollars en 2014 (-40%) en dépit d'une augmentation importante des volumes vendus (+40%) et les . exportations hors hydrocarbures (HH) ont également chuté de 52% à 121 millions de dollars, en raison notamment d'une baisse de 70% des ventes de sucre à près de 48 millions de dollars. Les produits agricoles et agro-alimentaires représentées majoritairement par le sucre et accessoirement par les dattes, les truffes, les eaux minérales , les pâtes alimentaires, et les yaourts qui au total 60% des exportations, ont reculé à 71,5 millions de dollars (-60%), Faiblesse du tissu industriel algérien, les produits industriels hors hydrocarbures 40% des exportations algériennes vers cette zone d’ un montant de 49,4 millions de dollars dont 18,8 millions de dollars d'exportations d'ammoniac ont reculé de 35%. Quant aux importations, les principaux fournisseurs étant au sein de la Gzale , l'Arabie saoudite (24% , l'Egypte (19%), la Tunisie (17%), les Emirats arabes unis (13%) et le Maroc (8,3%), elles se sont établies à à 2,5 milliards de dollars, contre 2,6 milliards de dollars en 2014, soit une baisse de 4,2% avec une importation de produits industriels d'une valeur de 2,3 milliards de dollars, baissant de 4% et loin les produits agricoles et agro-alimentaires, d’une valeur de 274 millions de dollars en 2015 contre 291 millions de dollars en 2014
2.-Ces échanges commerciaux avec la zone arabe, ou pour d’autres zones, pour les segments hors hydrocarbures et les évasions fiscales ne sont que le reflet de la faiblesse du tissu productif et la faiblesse du système de régulation (2). Pour le six premiers mois de 2016 , les hydrocarbures continuent à représenter l'essentiel des ventes algériennes à l'étranger pour une part de 93,55% du volume global des exportations, avec un montant de 11,86 mds usd , contre 17,868 mds usd à la même période de 2015 (-33,62%), soit une baisse de six mds usd.. Les exportations hors hydrocarbures, qui ont représenté 6,45% du montant global des exportations, ont diminué à 818 millions usd, en baisse de 22,83% par rapport aux six premiers mois de 2015. Ainsi nous avons la structure suivante :- des demi-produits avec 624 millions usd (contre 846 millions us en 2015 pour la même période),- des biens alimentaires avec 129 millions usd (contre 150 millions usd en 2015- des produits bruts avec 34 millions usd (contre 50 millions usd en 2015),- des biens d'équipements industriels avec 22 millions usd (contre 8 millions usd en 2015) - des biens de consommation non alimentaires avec 9 millions usd (contre 6 millions usd en 2015). Si on inclut les dérivées d’hydrocarbures, nous aurons plus de 97% provenant des hydrocarbures. Le secteur privé actuellement du fait des contraintes participant aux entrées de devises pour moins de 2%.
Aussi, il s'agit d'analyser objectivement la structure économique actuelle et ses perspectives, de l’économie algérienne, tributaire de profondes réformes structurelles si l’on avoir une économie diversifiée en termes de cout/qualité face à la concurrence internationale qui sera de plus en plus rude, devant éviter les discours qui ne portent plus .. Comme l’on devra évier les utopies, payer en, devises fortes de pages publicitaires dans certains quotidiens étrangers pour attirer les investisseurs, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments mais le réalisme. Le marché africain sera aussi difficile à pénétrer que le marché arabe et les dernières statistiques sont là pour confirmer les nombreux défis qui attendent l’Algérie. C’est que le tissu productif est insignifiant et environ 70% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% sont importés. Environ 83% de la superficie économique est dominée par le petit commerce/services et que la sphère informelle marchande dominante contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation tissant des liens dialectiques avec la logique rentière. Selon l’ONS, le secteur industriel représente moins de 5% du PIB et sur ces 5% 95% sont des PMI/PME peu initiées au management et à l’innovation, alors que s’impose des innovations technologiques impliquant un investissement massif dans la recherche développement, le capital argent n’étant qu’un moyen ne créant pas de richesses. Le problème qui se pose, avec la baisse des recettes de Sonatrach, le gouvernement pourrait-il continuer dans sa politique de subventions généralisées et non ciblées ? Outre le risque de tensions au niveau des caisses de retraite, la demande d’emplois entre 300.00/350.000 par an nécessite un taux de croissance en terme réel (devant raisonner à prix constants et jamais à prix courants) de 8/9% pendant 5 à 10 ans pour réduire les tensions sociales ; devant évier de donner des taux fictifs d’inflation et du taux de chômage si ‘on veut mener une politique réaliste.
3.-En résumé, comme je l’ai analysé longuement dans une contribution sur le site www.algérie1.com , (mais a-t-on été écouté), que peut exporter l’Algérie en dehors des hydrocarbures et de ses dérivées, représentant en 2016 pus de 97/98% de ses ressources en devises, devant être réaliste. Il faut analyser l’expérience du Venezuela qui offre actuellement un climat de révoltes sociales généralisés, étant en faillite malgré ses importantes potentialités. La raison essentielle est qu’il a différé les réformes de fond, a vécu de l’illusion de la rente des hydrocarbures, distribuant sans compter et sans contreparties productives. C’est le paradoxe d’une économie rentière n’ayant pas profité de cette manne financière pour asseoir une économie productive concurrentielle. Au risque de déplaire au Parti des travailleurs, qui s’oppose aux véritables réformes structurelles, ses propositions populistes, sans solutions réalistes, versant dans la totale sinistrose alors que l’Algérie a des potentialités, et elles sont énormes, ne peuvent que conduire l’Algérie droit à l’expérience vénézuélienne.
L’Algérie pour ne pas renouveler cette expérience malheureuse doit trouver un consensus social minimum, associant toutes les forces politises et économiques soucieuses des intérêts supérieurs du pays , devant dépasser les clivages partisans étroits et aller vers les véritables réformes. Évitons tant les discours de sinistrose que les discours euphoriques, ceux qui induisent en erreur tant l’opinion que le président de la république, que les matières premières dont phosphate et le fer , le code d’investissement sont les solutions miracles. Méditons la leçon vénézuélienne. Aucun patriote algérien ne souhaite vivre cette expérience que l’Algérie a déjà vécu dramatiquement avec la cessation de paiement en 1994, l’actuelle politique industrielle copiant les schémas des années 1970, conduisant le pays droit au mur. Cela mais cela passe des solutions urgentes des dirigeants de hautes moralités( comment peuvent-ils inciter à un sacrifice partagé et attirer les investissements tant locaux qu’étrangers alors que eux mêmes placent leur argent à l’étranger. En bref, il s’agit de renouveler la gouvernance tant locale que centrale (2).
Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL
(1) Voir sur le site www. Algerie1.com .com- notre contribution sur la structure de la balance commerciale de l’Algérie, la contribution que peut exporter l'Algérie vers l'Afrique ? ( juillet 2016) et diffusion internationale site Mena-Forum ( Bruxelles /Dohga ) en anglais « Would Venezuela be ‘lesson-learned’ for Algeria?- The semi-bankruptcy of Venezuela’s economy: are there any lessons for Algeria? » by Dr A. Mebtoul University Professor, Expert International
(2) Interview du Pr Abderrahmane Mebtoul- 03 aout 2016 à Beur TV (suite rapport de la banque mondiale baisse des flux commerciaux de l’Algérie) et à Chorouk TV pourquoi la fraude fiscale évaluée à 41 milliards de dinars ?