Le ministre de l’énergie vient de faire savoir le 23 juillet 2019 que les raffineries de pétrole en Algérie « suffisent pour couvrir la demande nationale en carburant, estimée à 15 millions de tonnes et que depuis fin 2018, nous n’avons effectué aucune importation de carburant, et toute la production disponible sur le marché est algérienne » Cependant toute politique de s carburants est indissociable de la politique économique globale notamment le transport et devant être analysée au sein de la politique énergétique. Car, le secteur économique de l’énergie en Algérie occupe une place prédominante dans l’économie. Les hydrocarbures à eux seuls représentent 60 % des recettes du budget et 98 % des recettes d’exportation. L’Algérie est classé 18e producteur de pétrole, 10e producteur de gaz naturel et 6e exportateur de gaz naturel au monde. La problématique de la diminution ou de l’augmentation de la consommation de carburants traditionnels dépend d’une série de facteur : -de l’installation des capacités de raffinage des carburants traditionnels ; de la politique des transports où le développement du rail ou du transport en commun ou du développement de voitures individuels et de camions. -du pouvoir d’achat des citoyens pour acheter une voiture ; de la politique des subventions des carburants ; du nouveau modèle de consommation énergétique
1. -Exportation des hydrocarbure : urgence de la révision de la loi des hydrocarbures de 2013 pour éviter le déclin ?
Il ne faut pas être démagogique : Si l’Algérie entame les réformes politiques et économiques fin 2019, se fondant sur une nouvelle politique économique, les exportations hors hydrocarbures dont les segments doivent s’insérer dans le cadre des valeurs internationales, ne trouveront une dynamique que dans 5 à 7 ans. L’Algérie dépendra donc encore longtemps de la rente des hydrocarbures qu’il s ‘agit de gérer avec transparence étant une question de sécurité nationale.. Force est de reconnaitre que la loi des hydrocarbures de 2013 a attiré peu d’investisseurs dans le domaine hydrocarbures face à une concurrence internationale acerbe, le système fiscal étant totalement inadapté à la nouvelle conjoncture, comme la règle des 49/51 pour cent a favorisé surtout des rente de monopole Mais cela n’est pas suffisant car le peu d ‘attrait de l‘investissement créateur de valeur ajoutée à moyen et long terme trouve surtout son essence dans l’actuelle crise politique et dans le manque de cohérence et de transparence de la politique économique. (notre interview à la télévision Ennahar-24/07/2019)... S’agissant de l’évolution de la production de pétrole, selon les statistiques en volume, elle a connu entre 2005 et 2007 un pic de 2 millions de barils/jour avant d’amorcer, dès 2008, une courbe décroissante jusqu’en 2012. Pour le gaz, après un pic de 90 milliards de m3 au milieu des années 2000, la production a dû décroître ces dernières années. En prenant en compte le niveau des réserves probables et possibles, si rien n’est fait en termes d’exploration et en termes d’efficacité énergétique, l’Algérie pourrait ne plus honorer ses engagements à l’export à partir de 2030, la consommation intérieure dépassant le volume actuel des exportations. Cela nécessite également une stratégie urgente en matière de transition et modèle de consommation énergétiques dont l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Selon l’ONS, en 2018, la production du pétrole brut et de gaz naturel a enregistré une baisse de 3,1%, tandis que l’activité de raffinage du pétrole brut a baissé de 11,8%. Mais c’est surtout la production dans la branche de liquéfaction du gaz naturel (GNL) qui a diminué de 25,9% et a largement contribué à cette tendance baissière dans le secteur Une information qui confirme globalement par la Banque d’Algérie devant les députés à propos de la conjoncture économique en 2018. Selon ce rapport, sur les neuf premiers mois de 2018, les quantités de pétrole exportées ont enregistré une baisse de 8,54%. Ces quantités de pétrole exportées depuis janvier à septembre de l’année 2018 ont représenté 73,3 millions de TEP (Tonne équivalent pétrole) contre 80,1 millions sur la même période de 2017. Selon la BA, cette baisse des quantités a été compensée par la hausse des prix des hydrocarbures, qui ont connu une forte hausse estimée à 41,8% par rapport aux neuf premiers mois de 2017, ce qui a généré des recettes brutes de 28,7 milliards de dollars durant cette période. Cette baisse des exportations s’est caractérisée, en détail, par une baisse en volume de la plupart des produits dérivés des hydrocarbures, excepté pour le gaz naturel et le GNL. Ainsi, de la période allant de janvier à fin juin 2018, les exportations du pétrole brut, ont enregistré un volume de 10,4 millions de tonnes contre 12,6 millions de tonnes pour la même période de 2017, avec une valeur de 5,6 milliards de dollars due essentiellement à la remontée des prix contre 5,0 milliards de dollars pour la même période 2017. Pour les produits raffinés, nous assistons à une baisse en volume avec 7,7 millions de tonnes au cours du premier semestre de 2018, contre 7,8 MT pour la même période de 2017. Mais avec une augmentation en valeur pour les mêmes raisons évoquées précédemment, passant de 3,3 milliards de dollars à 4,4 milliards. Pour le condensat, nous avons une légère augmentation en volume passant de 2,0 millions de tonnes à 2,1 en comparant les deux semestres de 2018 et 2017. Avec une augmentation en valeur passant de 0,9 milliard de dollars à 1,2 milliard de dollars. En ce qui concerne le GPL, les exportations ont enregistré une baisse en volume passant de 3,6 millions de tonnes au premier semestre 2018, à 3,3 millions de tonnes pour la même période de 2017, avec une valeur passant de 1,4 à 1,6 milliard de dollars. A contrario, les dirigeants de Sonatrach concèdent uniquement une baisse légère de la production du pétrole brut et des condensats traités par les raffineries « en raison du respect du quota exigé dans le cadre de l’accord de l’Opep » en renvoyant donc la balle aux accords internationaux conclus par l’Algérie. On sait cependant avec une relative certitude que la production du secteur est en baisse régulière depuis plus d’une décennie, la première diminution sensible ayant été enregistrée en 2008. Depuis cette date des estimations d’experts évaluent la réduction cumulée de la production du secteur à plus de 20% avec une combinaison de facteurs tels que : le vieillissement des gisements, l’absence presque complète de découvertes commercialement exploitable au cours des dernières années , le retard dans la mise en exploitation des nouveaux gisements du Sud-Ouest dont la découverte remonte pourtant à 2006 et la renégociation des contrats gaziers en 2018 et 2019. Or selon le Ministère de l’Energie la majorité des contrats qui lient l’Algérie et l’Union européenne ont été signés de façon normale du fait que l’Algérie avait renouvelé ses contrats avec ses partenaires traditionnels et historiques que sont l’Italie et l’Espagne, que pour l’année 2018, avec un cap des 57 milliards de mètres cubes de gaz exportés vers l’Europe
2.-Une nécessaire nouvelle politique énergétique
Sonatrach assure directement (et indirectement avec les produits dérivés) 98 % des ressources en devises du pays, dont 33 % proviennent du GN et du GNL qui connaissent un cours très bas depuis quelques années. Cette situation est intenable dans le temps. La transition énergétique en Algérie doit être un choix stratégique, politique, militaire, et économique. Il est incontestable que les gisements fossilifères du pays commencent à se tarir alors que la consommation énergétique est en croissance importante : selon le rapport du CREG, les besoins en gaz de Sonelgaz pour la seule génération électrique, dépasseront les 60 milliards de mètres cubes à l’horizon 2030 et 100 milliards en 2040. Tout cela renvoie à la nécessité d’une nouvelle politique des subventions et d’une manière générale à une nouvelle politique énergétique, inscrite dans le cadre d’une nouvelle gouvernance globale. Depuis plusieurs années le cours du gaz naturel est totalement déconnecté du cours du pétrole, enregistrant une chute libre le marché - de 2,3 à 2,50 dollars le MBTU en moyenne en juillet 2019, contre 7 à 8 dollars il y a 5 à 7 ans. À titre d’exemple, selon le bilan de Sonatrach, le prix d’unité MBTU- GNL en 2012 était de 10,50 dollars, de 10 en 2014, de 6,5 en 2015, de 4,3 en 2016, de 5,1 en 2017 et en 2018, 6,30 dollars le MBTU (GNL) et 5,8 pour le gaz naturel (GN) par canalisation, via respectivement le gazoduc Enrico-Mattei qui relie l’Algérie à l’Italie par la Tunisie, et le gazoduc Duran-Farell, qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc. Nous assistons à une abondance de l’offre de gaz d’origine étasunienne, à partir du gaz de schiste, et qui commence à exporter vers l’Europe. L’Iran, deuxième réservoir mondial gazeux (33 000 milliards de mètres cubes) et le Qatar troisième réservoir mondial (24 000 milliards de mètres cubes gazeux) se placent loin devant l’Algérie, avec 2 500 à 3 500 milliards de mètres cubes gazeux (données publiées souvent contradictoires pour le gaz naturel, mais 19 000 pour le gaz de schiste, troisième réserve mondiale). Et encore faut-il compter avec la grande canalisation Sibérie-Chine, la Russie étant le premier réservoir mondial, avec 47 000 milliards de mètres cubes gazeux. Par ailleurs, la Russie et le Qatar ont investi dans de grands complexes de GLN, représentant trois à quatre fois les capacités algériennes et réduisant sensiblement les coûts, même si actuellement ils fonctionnent sous leur régime de croisière. Ainsi, qu’en sera-t-il demain de l’Algérie ? Pourra-t-elle exporter de façon rentable vers l’Asie si le prix final est inférieur à 10-12 dollars le MBTU ? Car pour exporter vers l’Asie, elle doit contourner toute la corniche de d’Afrique. Et du fait de ses capacités moyennes, la rentabilité en direction de l’Asie est loin d’être assurée, car outre le coût d’exploitation, il lui faut inclure dans le prix final le coût du transport, dont l’amortissement des méthaniers. En Afrique, l’Algérie doit tenir compte de nombreux producteurs continentaux, dont le Nigeria (5 100 milliards de mètres cubes gazeux de réserves) l’entrée en scène du Mozambique, surnommé parfois le « Qatar de l’Afrique », après la découverte de gigantesques gisements gaziers entre 2010 et 2013, estimées à 5 000 milliards de mètres cubes, soit les neuvièmes réserves du monde en gaz, et valorisées par des investissements américain et français prévus de 25 milliards de dollars. Et n’oublions pas non plus les réserves non exploitées de 1 500 milliards de mètres cubes gazeux de la Libye. Aussi, évitons d’induire en erreur l’opinion publique comme l’ont fait certains soi-disant experts, comme d’autres ont induit le pays en erreur pour le montage de voitures et le financement non conventionnel (1). Pour l’Algérie, le marché naturel d’aujourd’hui, représentant la majorité de ses exportations de gaz, est l’Europe, comme en témoignent les nombreux accords actuels, notamment avec l’Espagne, l’Italie et le Portugal – en 2018, les exportations de gaz se sont élevées à 51,50 Gm3 dont 75 % par gazoduc et 25 % sous forme de GNL. Ainsi la première destination du gaz algérien reste le marché européen, essentiellement l’Italie (35 %), l’Espagne (31 %), la Turquie (8,4 %) et la France (7,8 %). Cette situation mono exportatrice a des incidences sur le niveau des réserves de change. Les réserves de change sont en avril 2019 de 72,8 milliards de dollars, contre 178,9 en 2014 ; 114,1 milliards de dollars fin 2016 ; 97,3 milliards de dollars à la fin de 2017 et 79,8 milliards de dollars à la fin de 2018. La baisse sur les quatre premiers mois de 2019 a été de 7 milliards de dollars et au même rythme, elle s’élèvera à 21 milliards de dollars à la fin de 2019. Au cours d’un baril fluctuant entre 60-65 dollars, au rythme de la dépense actuelle, sans un taux de croissance dépassant 8 % à 9 %, nous aurons 58 milliards de dollars fin 2019, 37 en 2020, 16 en 2021 et la cessation de paiements vers août-septembre 2022, voire avant la fin du premier trimestre 2022. Le montant des réserves de change dépend essentiellement, à la hausse comme à la baisse, des recettes d’hydrocarbures – la réduction du déficit commercial en 2018 et les six premiers mois de 2019 étant due à 98 %-99 % aux recettes d’hydrocarbures, en hausse. Or, les importations entre 2016 et 2018 sont évaluées autour de 45-46 milliards de dollars pour les biens, auxquels il faut ajouter les services qui fluctuent annuellement entre 10-11 milliards de dollars, et les transferts légaux de capitaux, soit des sorties de devises entre 58 et 60 milliards de dollars pour une entrée de devises – à un cours de 70 dollars – d’environ 38/39 milliards de dollars et pour un cours de 60 dollars, d’environ 30 milliards de dollars, ce qui accentue les tensions sur la balance des paiements. Sur le marché parallèle, la baisse de la cotation actuelle est transitoire pour des raisons politiques, l’écart avec le cours officiel étant d’environ 50 % à l’équilibre offre/demande. Sur le plan budgétaire, en cas de non -recours au financement non conventionnel, s’offrent trois solutions : une plus grande rigueur budgétaire avec la lutte contre le fléau de la corruption, l’endettement extérieur ciblé et le dérapage du dinar par rapport au dollar et à l’euro qui permet d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures et la fiscalité ordinaire, cette dernière accentuant l’inflation étant supportée par le consommateur final comme un impôt indirect. En cas de baisse drastique des réserves de change à 10-12 milliards de dollars, qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70 %, la banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d’inflation entre 300/400 dinars un euro, ce qui accélérera le processus inflationniste. Il s’ensuit que la croissance devrait ralentir très fortement dès 2020 en provoquant une augmentation du taux de chômage. Elle se traduira aussi par la persistance des déficits budgétaires et surtout des déficits externes qui vont éliminer progressivement toutes les marges de manœuvre dont dispose l’Algérie. Car, selon Bloomberg, l’Algérie, pour remonter son déficit budgétaire au titre de l’exercice 2019, « aurait besoin d’un baril de pétrole à 116,40 dollars, contre 95-100 dollars en 2017-2018 » (pour plus de détail sur les réserves de change voir www.algerie1
3.-Production de raffinage local et achat de la raffinerie italienne Augusta
L’outil de raffinage en Algérie dispose actuellement de six raffineries en cours d’exploitation (Alger, Arzew, Skikda (RA1K et Topping condensat), Hassi-Messaoud et Adrar. La capacité de traitement annuelle s’élève à 27 millions de tonnes, dont 5 millions tonnes/an en condensat à Skikda et 0,6 million tonne/an pour la raffinerie d’Adrar. Ce tableau reflète les capacités en vitesse de croisière almors que souvent il ya sous utilisation des capacités. En 2017, selon le Ministère de l’Energie, 11,5 millions de tonnes de carburants sont raffinés en Algérie, alors que la consommation atteint 15 millions de tonnes de carburants annuellement. Ces dernières années, le gouvernement a lancé un programme de réhabilitation de ses vieilles raffineries. Quant au rachat de la raffinerie d’Augusta, selon l’information qui a été rapportée notamment par le journal italien Jiovanni Cafeo dans son édition de 21 septembre 2018., l’achat a été effectuée pour la somme de 700 millions de dollars par la compagnie nationale Sonatrach , le 9 mai 2018 accord signé avec Esso Italiana (filiale du groupe américain Exxon Mobil) la remise en l’état de l’usine, vieille de 70 ans, nécessitant au moins la somme de 100 millions d’Euros d’investissements. Elle est dotée d’une capacité de traitement de 10 millions de tonnes par an. Cet accord porte sur l’achat par Sonatrach de la raffinerie d’Augusta (Sicile) et de trois (3) terminaux pétroliers situés à Augusta, Naples et Palerme ainsi que de leurs systèmes d’oléoducs associés. Capable de traiter à la fois du Sahara Blend ainsi que du fuel résiduel issu de la raffinerie de Skikda, la raffinerie d’Augusta s’intégrera directement dans le système de raffinage de Sonatrach. Elle pourra également traiter directement des produits qui sont excédentaires en Algérie en vue de réimporter des produits aujourd’hui en déficit comme le gas oil et l’essence. Dans ce processus transitoire, plusieurs enquêtes antitrust ont déjà été obtenues, notamment celle effectuée en juillet 2018 avec l’union européenne, ainsi qu’avec plusieurs pays d’Europe ». Dans son mode opératoire, la raffinerie d’Augusta est connectée à Exxon mobil à travers plusieurs systèmes notamment celui de l’informatique (IT). « . Pour l’ex PDG de Sonatrach Ould Kaddour , le projet de raffinerie de Hassi Messaoud devra coûter 3 à 4 milliards de dollars. la filiale raffinage italienne de Sonatrach, dénommée Sonatrach Raffineria Italiana Srl, est devenue propriétaire de ces actifs à partir de ce samedi 1er décembre 2018. La clôture de cette transaction fait suite à un processus de transition desix mois qui a permis à Sonatrach de «lever toutes les conditions suspensives, notamment celles liées aux accords anti-trust», La raffinerie d’Augusta traite des bruts légers à l’instar du Sahara Blend algérien, de l’Arabian Light (Arabie Saoudite) ou de l’Azeri (Azerbaïdjan). Sur le Bassin méditerranéen, Augusta est surtout connue pour être le premier producteur d’huiles de base de cette région. Selob Sonatrach, la raffinerie d’Augusta permet de couvrir les déficits algériens en essences et en gasoil, et ce, même dans l’hypothèse d’un décalage de 2 années dans la mise en service des nouveaux projets de reforming de naphta, du projet d’hydrocraquage de fuel à Skikda et de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud. Les terminaux de carburants de Naples, Palerme et Augusta (inclus dans la transaction) offrent une capacité de stockage supplémentaire de 565 kb (565.000 barils) de gasoil et 309 kb (309.000 barils) d’essence. Ce qui permet, vu leur proximité de l’Algérie, d'assurer 3 jours supplémentaires d’autonomie de stockage par rapport à l’autonomie qui existe en Algérie à travers les capacités de Naftal et de Sonatrach. De surcroît, l’un des éléments importants du cahier des charges d’ExxonMobil réside dans l’exigence de reprendre la production d’huile de base à travers un contrat d’offtake (accord d'enlèvement) de 10 ans. Cette condition permet non seulement d’avoir une source de revenus garantie pour les huiles de base, mais surtout d’avoir Exxon Mobil comme partenaire de fait pendant au moins dix (10) ans.
Capacité de traitement des raffineries :
Raffinerie
Capacité en millions tonnes/an
Avant Réhabilitation
Après Réhabilitation
Raffinerie de Skikda (RA1.K)
15,000
16,500
Raffinerie d’Arzew (RA1.Z)
2,500
3,750
Raffinerie d’Alger (RA1.G)
2,700
3,645
Topping Condensat (RA2.K)
5,000
5,000
Raffinerie de Hassi-Messaoud (RHM)
1,200
1,200
Raffinerie d’Adrar
0,600
0,600
Total
27,000
30,695
4.-Parc voitures, consommation de carburants 2015/ 2018-premier trimestre 2019
Selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), le parc national automobile comptait 6.162.542 véhicules au 01 janvier 2018, contre 5.986.181 véhicules à fin 2016, en hausse de 2,94%. Les 5 premières wilayas qui comptent le plus grand nombre de véhicules sont Alger avec plus de 1,6 millions d’unités (26,07% de la totalité du parc), Blida avec 334.042 (5,42%), Oran avec 316.197 (5,13%), Constantine avec 225.442 (3,66%) et Tizi-Ouzou avec 207.628 (3,37%). Aussi dix questions se posent auxquelles toute politique économique cohérente doit répondre afin d’éviter à terme la faillite de bon nombre de constructeurs qui auront entre temps engrangé des profits énormes au détriment du trésor. L’industrie de montage local des véhicules de tourisme a réalisé une production de 180 000 véhicules en 2018 contre 110 000 en 2017, en sus de la production de 4 500 véhicules industriels en 2018. Selon les données des statistiques douanières, la facture d’importation des collections CKD destinées à l’industrie de montage des véhicules de tourisme a atteint près de 3 milliards de dollars en 2018 contre 1,67 milliard de dollars en 2017, augmentant de plus de 1,32 milliard de dollars, soit une hausse de 79,23% par rapport à 2017. Pour le cas Algérie, ces voitures fonctionneront-elles à l’essence, au diesel, au GPLC, au Bupro, hybride ou au solaire renvoyant d’ailleurs à la politique des subventions généralisées dans les carburants qui faussent l’allocation optimale des ressources ? Selon le Ministère de l’énergie cité par l’APS, le volume utilisé de l’essence sans plomb par les conducteurs a grimpé à 1,43 million de tonnes (Mt) en 2017 contre 1,36 Mt en 2016 (+5,4%). La même tendance a été suivie pour l’essence normale dont le pompage a atteint 1,18 Mt contre 1,16 Mt (+1,8%). Par contre, la consommation de l’essence super a connu une baisse pour s’établir à 1,53 Mt en 2017 contre 1,75 Mt en 2016 (-12,4%). Concernant le gas-oil, sa consommation a diminué de 2,3% en s’établissant à 10,08 MT contre 10,32 Mt. Pour le GPL/carburant, il a connu un essor substantiel avec une consommation de 456.978 tonnes en 2017 contre 351.571 tonnes en 2016, en hausse de près de 30%.En totalité, la consommation globale des carburants a atteint 14,68 millions de tonnes (Mt) en 2017 contre 14,94 Mt en 2016, soit une baisse annuelle de 1,7%. Cela pose la problématique des subventions généralisées non cibléesdes carburants et de l’électricité mais devant tenir compte de la structure des revenus des algériens car le revenu moyen est 25% de celui de l’Europe. L’Algérie est classée parmi les pays où le prix du carburant est le moins cher au monde. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher.. La différence du prix à la pompe avec les pays voisins fait que de grandes quantités de carburants traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie, sans compter les pays riverains du grand Sud. Il en est de même du prix de l’électricité/gaz, avec une différence entre le prix aux ménages et les clients industriels Le niveau du prix du gaz concédé aux centrales est de l’ordre de 10 % de celui qui correspond aux transactions internationales du gaz, une différence qui grève considérablement le budget de Sonelgaz, en déficit structurel depuis des années et en plus ce prix plafonné qui couvre à peine les coûts a de quoi décourager tout investisseur local ou étranger dans ce domaine rendant caduque la loi sur l’’électricité et le gaz par canalisation. Pour les différentes unités pétrochimiques, aciéries, matériaux de construction, fortes consommatrices de gaz, quel doit être le prix de cession pour éviter un transfert de rente. Cela pose donc la problématique des subventions des carburants qui à l’avenir doivent être ciblées, qui se chiffrent annuellement à plus de 10 milliards de dollars entre 2007/ 2018, incluant les subventions aux prix de l’électricité et du gaz, ainsi qu’aux carburants. C’est que par la politique des subventions, l’Algérie figure parmi les pays où le carburant coûte le moins cher à la pompe. Après une deuxième réévaluation entrée en vigueur le 1er janvier 2018, le prix moyen de l’essence est fixé à 40,84 dinars algériens/litre (DA/l) alors que ce carburant coûte en réalité 125 DA à l’Etat. A titre de comparaison, au Maroc l’essence est payé l’équivalent de 85 DA/litre et en Tunisie à 67 DA,. Etant un pays producteur et exportateur de pétrole, les capacités de raffinage ne répondent toutefois pas à la demande locale, d’où le recours à l’importation. Mais attention à la précipitation par des comparaisons hasardeuses car l’économie algérienne est une économie rentière et non une économie de marché concurrentielle. Par ailleurs, le revenu net moyen algérien est en moyenne de 20% par rapport à celui de l’européen. Selon le FMI le poids des subventions généralisées dans le budget de l’Etat s’alourdit. A propos des subventions de l’Etat, particulièrement celles liées à l’énergie, Jean-François Dauphin, a souligné que « les subventions mises en place dans un objectif social sont profondément injuste, cela veut dire, que plus le citoyen est riche plus il est bénéficiaire ». Et de préciser ensuite que « les 20% des ménages qui sont riches en Algérie consomment six fois plus de produits énergétiques que les 20% des ménages les plus pauvres. Donc, elles vont à l’encontre de l’objectif que l’Etat veut atteindre ». « C’est pour cela que le FMI préconise un rééquilibrage progressif des soutiens de l’Etat à la population et retirer progressivement les subventions généralisées de l’énergie et enfin, essayer de le remplacer par d’autres formes de de transferts qui seront adressés directement aux populations qui en auront le plus besoin. Selon différents rapports du gouvernement, le soutien de l’Etat aux ménages et à l’économie a représenté, sur la période 2012-2016, une part de plus en plus élevée avoisinant 27% du PIB en moyenne dont le soutien des produits énergétiques (électricité, gaz, carburants...) "absorbe 60% des ressources consacrées par les pouvoirs publics aux subventions. Les transferts sociaux ont atteint 1.625 milliards de dinars en 2017 contre 1.239 milliards de dinars en 2010. Ce montant a été porté à 1.760 milliards de dinars durant l'exercice 2018, en hausse de près de 8% par rapport à 2017. Le taux des transferts sociaux avait atteint 22,8% du budget général de l'Etat sur la période 2000-2004, puis 24,5% sur la période 2005-2009, puis25% du budget de l'Etat en 2010-2015 et 23% entre 2016.
5.- L’Algérie diminuera t-elle l’importation de consommation des carburants sans un nouveau modèle de consommation énergétique?
Pour 2019, si les trois premiers mois, on constate une baisse des importations de carburants, il faudra attendre le bilan énergétique clôturé fin 2019, à travers la balance de paiement, notamment à travers tant la consommation intérieure des raffineries que la quantité de pétrole livrée à la raffinerie Augusta par Sonatrach ( à quel prix Sonarach a-t-elle cédée, prix international ou prix subventionné ?) et si cette quantité avait été exportée au prix moyen international 2009, pour dresser, la balance devises et donner une réponse sur la rentabilité de cet achat. Le taux de croissance moyen sur la période 2015-2018 est de – 4%. La consommation du gas-oil est passée de 10,8 millions de tonnes en 2015 à 10,3 millions de tonnes en 2016 et 10,08 millions de tonnes en 2017, pour atteindre 10,35 millions de tonnes en 2018. Le taux de croissance moyen sur la période 2015-2018 est de -1,4%. La consommation du GPL-c enregistre une hausse appréciable. Elle est passée de 291 000 tonnes en 2015 à 352 000 tonnes en 2016 et 457 000 tonnes en 2017, pour atteindre 649 977 tonnes en 2018. Le taux de croissance moyen sur la période 2015-2017 est de 30%. La consommation des essences sur le marché national est passée de 4,43 millions de tonnes en 2015 à 4,27 millions de tonnes en 2016 et 4,14 millions de tonnes en 2017, pour atteindre 3,93 millions de tonnes en 2018 En 2018, la consommation globale de carburants, hors GPL-c, a atteint 14,28 millions de tonnes, soit une hausse de 0,4% par rapport à la même période de l’année 2017 selon le dernier bilan de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH). Cette consommation est répartie comme suit :
–Essences : 3,93 millions de tonnes, soit une baisse de 5,1%.
–Gas-oil : 10,35 millions de tonnes, soit une hausse de 2,6%.
-La consommation du GPL-c a atteint 649 977 tonnes, soit une hausse de 42% par rapport à 2017.
Au 1ème trimestre 2019, la consommation globale de carburants, hors GPL-c, a atteint 3,5 millions de tonnes, soit une hausse de 5% par rapport à la même période de l’année 2018, selon le dernier bilan que vient de rendre public l’autorité de régulation des hydrocarbures (ARH). Cette consommation est répartie comme suit : l’essence : 937 243 tonnes, soit une hausse de 1,2%. Le Gas-oil : 2,58 millions de tonnes, soit une hausse de 6,5%. La consommation du GPL-c a atteint 184 666 tonnes, soit une hausse de 36% par rapport à la même période de l’année 2018. Les importations de l’Algérie en carburants ont été de 2,96 millions de tonnes en 2017, contre 3,06 millions une année auparavant, ce qui représente une baisse de 100.000 tonnes. Si en volume, les importations ont reculé, en valeur elles ont été revues à la hausse pour passer de 1,34 milliard de dollars en 2016 à 1,58 milliard de dollars en 2017. Cette augmentation du montant (235 millions) est essentiellement due au raffermissement en 2017 des prix de pétrole brut et par conséquence ceux des carburants. Selon le Centre national des transmissions et du système d’information des Douanes (CNTSID), cité par l’APS, la facture d’importation des carburants et lubrifiants ont enregistré une baisse significative de 37,4% sur les 7 premiers mois de 2018, en s’établissant à 688 millions de dollars contre 1,099 milliards de dollars à la même période de 2017. Une baisse déjà annoncée par Sonatrach avait indiqué qu’au cours du premier trimestre de l’année 2018 la facture d’importation des carburants avait enregistré une baisse de 73%, par rapport à la même période de 2017. En plus de cette baisse d’importation opérée par Sonatrach durant cette année, les observateurs avaient prévu une diminution de la consommation nationale de carburants due essentiellement à l’augmentation des prix, décidée à partir de janvier 2016. Il faut rappeler à cet effet, que les carburants ont été augmentés trois fois ces dernières années passant du simple au double (de 23 à 42 dinars environ pour le super et sans plomb). L’électricité avait également connu une hausse en 2016. Une autre raison de cette baisse des importations est que d’importants volumes de GPLc (énergie propre) sont venus remplacer l’essence importée. Selon le Ministère de l’énergie, la consommation de GPLc qui a stagné pendant une longue période autour de 300.000 tonnes jusqu’en 2015, a connu une « croissance très forte » ces dernières années, pour atteindre 650.000 tonnes en 2018. L’Algérie qui détient désormais une production en produits carburant (essence et gasoil) permettant une autosuffisance, « ne va plus importer de carburants, selon le ministre de l’énergie. Selon lui, l’apport de la raffinerie de Sidi Rzine (Alger), l’augmentation des raffineries existantes, ainsi que l’acquisition de la raffinerie d' »Augusta » en Italie, ont permis à l’Algérie d’avoir des quantités importantes de produits pétroliers et satisfaire le marché local.
En résumé, à l’avenir la consommation de carburants classiques pose la problématique d’un nouveau modèle de consommation énergétique et des perspectives technologiques futures tenant compte, du nouveau défi écologique, voitures hybrides, électriques, préfigurant d’importants bouleversements géo stratégiques et économiques. A court terme, l’on s’oriente vers l’optimalisation du fonctionnement des moteurs à essence et diesel, avec une réduction de 20/30% de la consommation, car pour les voitures électriques, les ressources en lithium pour les fameuses batteries lithium-ion sont limitées et que les moteurs électriques nécessitent des aimants que l’on fabrique aussi avec des métaux rares, un marché de 70/80 millions de véhicules par an ne pouvant absorber de gros volumes en voitures électriques et que pendant encore dix ans, les moteurs classiques devraient rester majoritaires. Afin de parer à cette contrainte, les nanotechnologies peuvent révolutionner le stockage de l’énergie devant explorer le flex fuel et de penser à l’hydrogène, l’avenir appartenant au moteur alimenté par de l’hydrogène gazeux.
NB- Voir la première audit réalisée sur Sonatrach sous la direction du Dr Abderrahmane Mebtoul , Professeur des Universités Expert international en management stratégique - membre de plusieurs institutions internationales sur l’énergie assisté des cadres de Sonatrach et d’experts.- Alger ministère Energie/Industrie 1974/1976- 8 volumes 780 pages – Egalement audit « pour une nouvelle politique des carburants » -Ministère Energie Alger (8 volumes 880p.) 2006/2007/ - où nous avons préconisé un nouveau modèle de consommation énergétique et pour les carburants une nouvelle politique des subventions ciblées , la sobriété énergétique, le développement du GPLC et du Bupro pour les engins lourds et pour les zones déshéritées.