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Québec : Les crimes haineux et les frères de douleur

02-09-2017 18:56  Amine Bouali

Le quotidien de Montréal "La Presse" a rapporté ce samedi 2 septembre, une information qui a retenu notre attention par sa portée symbolique évidente et la réflexion qu'elle suscite de facto.

Selon donc ce journal, plusieurs responsables des "autochtones" du Québec (la belle province francophone du Canada) qui sont les descendants des premiers habitants de l'extrême-Nord américain, ont manifesté, hier vendredi 1er septembre, leur solidarité avec les Musulmans québécois, victimes récemment d'agressions dirigées contre leur communauté. La justice canadienne a qualifié ces crimes de "haineux" (inspirés par la haine) puisqu'ils présentent un caractère raciste avéré.

Rappelons, dans ce cadre, que le beau visage du Québec, terre traditionnelle d'accueil des étrangers, vient d'être enlaidi par plusieurs crimes et délits inspirés par la haine des Musulmans. Le 26 janvier 2017, un attentat terroriste a ciblé la grande mosquée de la capitale québécoise et causé la mort de 6 victimes et fait 19 blessés parmi les fidèles.

Pas plus tard qu'il y a 2 semaines, la voiture du président du Centre culturel islamique de Québec, M. Mohamed Labidi (photo), a été incendié par des inconnus. Tous ces "actes de mépris" ont été dénoncé avec force par les plus hautes autorités canadiennes et québécoises.

Solidarité autochtone

Revenons maintenant à la solidarité manifestée par les autochtones du Québec avec leurs compatriotes musulmans. Le grand chef de la nation huronne-wendat, M. Konrad Sioui a dénoncé la banalisation des gestes haineux portés contre la communauté musulmane. "Ce n'est pas vrai que ce sont des actes isolés, a-t-il dit. J'entends les radios, les commentateurs. Ils sont tous sur ce mode-là : "On est parfait, c'est un cas isolé, il n'y a rien!". Arrêtons de parler de même et de penser de même. Je ne veux pas dire qu'il faut se rendre coupable, mais prendre une part de responsabilité".

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, M. Ghislain Picard a pour sa part affirmé que "la communauté musulmane du Québec se reconnaît en nous, comme nous nous reconnaissons en elle. La ville de Québec traverse des périodes assez éprouvantes, et on sait tous que les racines de l'intolérance sont profondes".

Ces paroles provenant de membres de la population autochtone du Québec, dont l'identité a été naguère foulée aux pieds par une "majorité haineuse" (une "force méprisante") sonnent comme une reconnaissance, en tant que "frères de douleur", de leurs compatriotes musulmans dont l'identité est aujourd'hui bafouée par une "minorité haineuse" dans ce même Québec, cette terre qui a fait de la notion du vivre-ensemble, dans le respect et l'harmonie, quasiment un dogme.

Ces paroles signifient aussi que, par delà les siècles et les différences de lieu et de contexte, les larmes de toutes les victimes innocentes sont pareilles, et que rien ne ressemble plus à un crime haineux qu'un autre crime haineux : en Israël, lorsqu'un enfant palestinien est abattu parce qu'il est palestinien; en Birmanie, lorsqu'un enfant musulman est massacré parce qu'il est musulman; aux USA, lorsqu'un enfant noir est exécuté parce qu'il est noir; en Egypte lorsqu'un enfant copte est assassiné parce qu'il est copte; dans l'Europe de la période nazie, lorsqu'un enfant juif était tué parce qu'il était juif.

À Barcelone, il y a deux semaines et dans la ville de Tiaret, avant-hier, les actes monstrueux des terroristes qui ont commis leurs crimes au nom d'une conception erronée de l'Islam, entrent également de plein pied dans cette catégorie maudite des "crimes haineux" et leurs victimes dans celle, terrible, des "frères de douleur".



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