L’opinion nationale assiste ahurie à des déballages sans précédent qui éclaboussent de hauts fonctionnaires de l’Etat. Louisa Hanoune, patronne du parti des travailleurs, connue pour ses coups de sang, vient de confondre la ministre de la culture qu’elle accuse de profiter de son poste pour se servir via une société de production cinématographique.

Une accusation gravissime contre un ministre en poste qui, sous réserve de preuves, discrédite l’Etat et ses institutions.

Dans un contexte marqué par des procès en série pour corruption dont celui de l’autoroute est-ouest se tient en ce moment, ces soupçons qui pèsent sur Mme Nadia Labidi sont de nature à entamer le peu de confiance que les citoyen témoignent à l’égard des hauts responsables.

C’est pourquoi l’Etat est interpellé de faire en sorte que toute la lumière soit faite sur cette scabreuse affaire de conflit d’intérêt, de largesses vis à vis d’une chancellerie étrangère et de népotisme.

La justice doit impérativement s’autosaisir de cette affaire avant qu’elle ne prenne l‘allure d’un scandale. Le procureur de la république doit, sans trop tarder ouvrir une information judiciaire, convoquer Mme Louiza Hanoune et lui réclamer les preuves de ce qu’elle avance contre la ministre.

Louiza contre Nadia

Parce que, au-delà des déclarations politiques parfois spectaculaires, il appartient à la justice et à la justice seulement, d’enquêter pour séparer la vérité des faux semblants.

Mme la ministre est évidemment innocente jusqu’à preuve du contraire conformément à la sacro-sainte règle de la présomption d’innocence. Mais c’est déjà grave que la loyauté d’un ministre soit aussi rudement mise en cause sur la place publique. En l’occurrence, celle de la culture, qui vient juste d’inaugurer la très controversée manifestation : «Constantine capitale de la culture arabe», est dans de beaux draps.

Que penseront donc tous les artistes arabes venus faire la fête en Algérie en apprenant que des soupçons de corruption pèsent sur la maîtresse de cérémonie de ce grand événement ?

Un spectacle indigne de l’Algérie

Pour l’image de l’Algérie, c’est assurément un ratage monumental alors même que cet événement est censé présenter le pays sous de beaux atours.

Aux yeux du peuple, c’est forcément la confirmation de ce sentiment que tout le monde est pourri là haut. Il faut rendre hommage à Louiza Hanoune d’avoir assumé politiquement et publiquement ses accusations comme elle a fait contre d’autres ministres et des hommes d’affaires.

Le patronne du PT est allé jusqu’à évoquer une «déchéance qui menace tant l’Etat que ses institutions», lors de son allocution à l’ouverture du bureau politique de son parti.

La ministre de la culture a-telle profité de l’argent public pour se servir au lieu de servir ? La justice algérienne doit le dire ici et maintenant !