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Quand Tamazight est langue… étrangère

15-11-2014 21:57  Rafik Benasseur

C’est un énième cri d’alarme que vient de pousser le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) ; une institution relevant pourtant de la présidence de la république.

Son secrétaire général, El Hachemi Assad a crié a qui veut bien l’entendre ce jeudi depuis Bouira où il a présidé le 9ème salon du livre et du multimédia amazigh, que l’enseignement de cette langue est tout simplement en danger de mort.

« L’option facultative entrave sérieusement la généralisation de l’enseignement de Tamazight à toutes les wilayas du pays », assène-t-il, sentencieux, lui qui a suivi l’évolution de l’introduction du Tamazight dans l’éducation nationale depuis 1995 à la création du HCA.

Mais il faut croire que M. El Hachemi Assad semble prêcher dans le désert puisque il n y a pas de retour d’écoute de la part des institutions de décision.

Forte de son statut de langue nationale

Depuis 2002, la langue Amazigh peine pourtant à se frayer un chemin dans le paysage linguistique national. C’est une réalité bien amère pour une langue maternelle de millions d’algériens exclue arbitrairement du cursus scolaire, de par son statut optionnel.

C’est connu, quand on a un choix de prendre ou laisser, on n’hésite pas repousser une langue qui plus est parai bien …«étrangère» pour des million d‘autres algériens.

Langue nationale en option !

Mais comme le souligne à juste titre le SG du HCA, il est pour le moins difficile de digérer le fait que la langue française, que certains qualifient de langue du «colonisateur», soit plus valorisée en Algérie que le Tamazight.

Pour quoi donc continue-t-on a instiller cette mentalité de «colonisé» à nos écoliers, collégiens et lycéens, en leur imposant d’apprendre le Français à partir de la 3ème primaire et qu’on leur donne le choix de ne pas apprendre le Tamazight ?

C’est dire que le HCA a touché du doigt la problématique. Ironie du sort, le tamazight est assimilé à l’épreuve d’éducation physique et sportive que l’on peut éviter par la seule présentation d’une dispense...verbale !

Vingt ans après son introduction pompeuse dans le système scolaire, Tamazight demeure le parent pauvre de l’éducation nationale.

Le HCA sans président depuis dix ans.

Il n y a concrètement une réelle volonté d sortir cette langue de sa dimension folklorique de son «ghetto kabyle» dans lequel son caractère optionnel l’a enfoncé.

Sinon comment expliquer que la fameuse académie de la langue Amazigh annoncée en 2002 par le président de la république n’a pas encore vu le jour ?

Pourquoi le Haut Commissariat à l’Amazighité créé en 1995 n’a jamais renouvelé ses instances ? Pourquoi le poste de président reste vacant depuis le décès de son ex président Mohand u Idir Aït Amran le …31 octobre 2004 !

La ministre de l’éducation nationale a déclaré récemment depuis Constantine qu’elle allait faire en sorte que Tamazight soit enseigné ailleurs que dans les régions berbérophones. Mais elle n’a pas dit quand et comment.

La réalité est que cette langue millénaire est juste enseignée dans 11 wilayas sur 48. Un bien maigre bilan pour une langue prétendument nationale.



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