Abdelmalek Sellal, en ouvrant dimanche le séminaire sur « la communication institutionnelle » n’a pas échappé à la question sur la santé du président. En vérité personne, dans la salle ne lui a posé la question, mais il ne pouvait raisonnablement y échapper tant la presse nationale et même étrangère en fait son miel depuis des semaines, avec une montée en puissance ces derniers jours, après que la barre des 40 jours d’absence est franchie.
Mais au lieu de rassurer l’opinion, comme il a coutume de la faire depuis l’hospitalisation du président, en disant « le président va bien », le « président va bientôt rentrer », Sellal a changé de registre. Après s’être longuement interrogé à Batna pourquoi les algériens ne croient pas aux informations officielles, il s’est montré très agacé sur la question, appelant (la presse et l’opinion) à cesser de focaliser sur l'état de santé du président Bouteflika. Il est allé plus loin en exprimant indirectement des doutes sur cette focalisation qu’il assimile presque à du voyeurisme.
« Certains présidents se soignent en France des semaines et des semaines sans que personne n'en parle », s’est-il ainsi emporté alors qu’il prononçait une allocution à l’ouverture des travaux sur la communication dans les institutions. En parlant de ces présidents fait-il allusion au monarque marocain, lui aussi, apparemment hospitalisé en France ? Visiblement Sellal ne veut plus que l’on fasse de la maladie du président un sujet d’intérêt public et médiatique. Il le dit d’ailleurs sans ambages en demandant à « mettre un terme à cela ».
Façon de dire trivialement « foutez-lui la paix ».Mais est-ce possible ? Il s’agit en effet, de la santé du président de la république qui ne s’appartient pas, qui n’appartient pas à sa famille mais qui appartient à toute l’Algérie qui est en droit de savoir. De savoir est d’autant impérieux qu’il y a un flou artistique, générateur d’angoisse et d’inquiétude pour les algériens réduits encore une fois à se rabattre sur les ragots colportés sur la Toile faute de la « bonne info » qui est visiblement sous embargo et entre les mains des intimes du président.
Mais le Premier ministre est catégorique : « nous n’avons rien à cacher » a-t-il martelé en regrettant que l'Algérie soit arrivée à un stade où « même l'information officielle est démentie ». C’est vrai, hélas ! Mais cela est la conséquence d’un mensonge d’Etat qui a toujours fait partie des instruments de gouvernance du pays depuis l’indépendance. Dire aux algériens que le président souffre d’un AIT qui nécessite juste des contrôles en France avant de revenir au pays et que ces algériens constatent que 45 jours après le président n’est pas revenu, c’est un paradoxe aux allures de mensonge. Mais les remontrances de Sellal aux journalistes, dont c’est le travail de chercher à informer, peuvent aussi signifier que finalement le président n’est pas prêt de revenir dans l’immédiat ou qu’il ne peut pas reprendre l’exercice de ses fonctions.