La situation commence, hélas, à empirer à In Salah où les citoyens en protestation ouverte contre le gaz de schiste depuis 22 jours attendaient une bonne nouvelle du Premier ministre. Abdelmalek Sellal sensé les rassurer lors de son intervention très attendue à la télévision mercredi soir, a plutôt déçu.
Preuve en est qu’aussitôt après sa prestation, des milliers de manifestants ont improvisé une marche de protestation à In Salah en signe de refus de prendre pour argent comptant les engagements flous du Premier ministre.
«Nous ne sommes pas dans la phase d’exploitation du gaz de schiste, ce n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement (…) le gouvernement n’a octroyé aucune licence d’exploitation»
Ces déclarations de Sellal n’ont finalement pas convaincu les gens de In Salah pour qui le forage des puits même pour «l’expérimentation» implique automatiquement la fracturation des roches et donc constitue un danger potentiel pour l’environnement et la nappe phréatique.
C’est du moins ce que disent les experts du domaine dont l’ex PDG de Sonatrach him self, Abdelkader Bouhafs devenu un militant anti gaz de schiste.
Du coup, Sellal qui a adopté, comme à son habitude, un style «cool» pour convaincre les gens de In Salah voire tous les algériens opposés à ce gaz de schiste, a complètement raté sa prestation.
Une sortie médiatique ratée
A voir les réactions énergiques des manifestants de In Salah après l’émission de l’ENTV, il est aisé de deviner que pour eux, le Premier ministre a raté complètement sa sortie médiatique du reste très en retard.
Le fait est que les meneurs de la protestation, ont tôt fait de demander des «éclaircissements» à la présidence et au DGSN M. Hamel pour savoir si les propos de M. Sellal traduisent la position du président de la République.
Il y a lieu des noter que le Premier ministre a été copieusement dénoncé et couvert de noms d'oiseaux par les citoyens de In Salah.
L’arbitrage de Bouteflika
Ce n’est donc pas la fin d’un bras de fer mais bien la confirmation que les manifestants contre l’exploitation du gaz de schiste sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’ à faire plier le gouvernement.
La balle est à présent dans le camp du président de la république appelé en sa qualité de premier magistrat du pays à trancher une option en fonction des avis des experts et évidemment de la sécurité nationale. Il n’échappe à personne en effet que ce mouvement qui prend de l’ampleur dans le grand sud risque d’allumer la mèche d’une dynamique de crise difficilement contrôlable.
Les autorités sont donc mises en demeure de ne pas jouer avec le feu en tentant un passage en force contre l’avis de ceux qui vivent à quelques Kms de ces puits exploratoires de schiste.