Algérie 1

Icon Collap
...

Quand l'Europe s'invite à la campagne

28-03-2014 14:05  Rafik Benasseur

Le pouvoir algérien qui s'apprête à boucler une élection présidentielle pratiquement jouée et gagnée d'avance aurait aimé se passer d'un rapport aussi cru que celui vient de rendre public l'union européenne.

Ce document de l'UE censé être à consommation interne et qui a rendu compte des rapports avec l'Algérie, a sûrement fait mal au gouvernement. Et pour cause : il passe en revue le chapelet de "blocages" et de "difficultés" auxquels fait face l'U.E dans sa coopération avec l'Algérie.

Du respect des droits de l'homme et des libertés, à la transparence des élections en passant la pertinence des réformes dites politiques, l'UE a dressé un véritable réquisitoire. Intervenant en pleine campagne électorale déjà monotone, ce rapport a le don de remettre en parenthèse le discours exagérément triomphaliste du pouvoir et de ces hommes politiques envoyés sur le terrain pour glorifier les bilans de Abdelaziz Bouteflika.

C'est un brusque retour sur terre pour Sellal, Saadani, Benyounès, Ghoul et consorts qui relayent à coup de meetings et de déclarations lénifiantes, une littérature pas aussi positive que cela vue de Bruxelles. Jugeons en : "Les réformes politiques lancées depuis 2012 dans divers domaines, le processus de mise en oeuvre des lois fondamentales est resté lent. Certaines de ces lois - comme la loi sur les associations - ont aussi des lacunes évidentes par rapport aux normes et standards internationaux. D'importants projets de loi sur la réforme du Code pénal et sur le secteur de l'audio-visuel sont toujours pendantes ", écrit l'Union européenne.

Quid de la transparence des élection puisque on est en plein dedans ? Là aussi le constat de l'union européenne est sans appel : " (...) il n'y a eu aucun progrès visible dans la mise en oeuvre des recommandations de la mission d'observation électorale de l'UE "mai 2012" des élections législatives ".

Voilà un propos qui ne risque pas de plaire au gouvernement qui a mobilisé tous ses médias et ses relais politiques et associatifs pour faire croire que le scrutin du 17 avril prochain serait absolument irréprochable.

Le "précieux" fichier électoral

Il est aisé de deviner pourquoi Bruxelles n'a pas jugé utile d'envoyer une vraie mission d'observation des élections en Algérie, se contentant d'une délégation rétreinte juste pour la forme. Il est donc clair que l'UE n'est pas convaincue par les mesures prises en Algérie ni par les assurances d'un scrutin libre et transparent.

On s'en rappelle, Bruxelles avait pointé en 2012, au terme des législatives certaines lacunes dans l'organisation générales des élections. Elle avait notamment réclamé la mise à sa disposition du fichier électoral comme le réclame de nombreux partis politiques.

Mais le ministre de l'intérieur d'alors avait tôt fait de lui signifier un niet catégorique au prétexte que ce fichier relevait de la souveraineté nationale. Un argument pas très convaincant aux yeux de l'UE pour qui le fichier électoral constitue un moyen imparable pour truquer les élections. Quoi qu'il en soit, cette mise au point de Bruxelles a dû être reçue comme une douche froide à Alger.



Voir tous les articles de la catégorie "Focus"