On savait que la corruption, le détournement des deniers publics, et l’abus de bien sociaux constituent de grandes plaies dans nos institutions, organismes et entreprises publiques. On sait aussi que la tentation de mettre la main dans la caisse est le réflexe le plus partagé parmi les responsables à quelque niveau que ce soit.
Mais on ne savait pas que même les associations et organismes censés contrôler et dénoncer ce genre de comportements pouvaient succomber eux aussi de manière quasi pavlovienne à la tentation du fric. C’est pourtant ce qui agite en ce moment La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH).
Son ex président Me Ali Yahia Abdenour (photo) a jeté un pavé dans la mare qu’on pensait propre de la LADDH en évoquant des soupçons de détournement de fonds dont se seraient rendus coupables ses anciens dirigeants. Dans une lettre ouverte qu’il a rendu public aujourd’hui dimanche, Ali Yahia Abdenour reproche ouvertement à son successeur Me Mustapha Bouchachi, actuel député du FFS, de n’avoir pas présenté son bilan moral et financier.
Les sous et dessous de la LADDH
«Il y a deux mois, le docteur Kamel Eddine Fekhar, membre du comité directeur de la LADDH, et président de la section de Ghardaïa, m’a informé de son intention de déposer plainte auprès de la justice pour le détournement des fonds de la Ligue par des personnes à leur profit», a écrit, Me Ali Yahia dans sa lettre adressée au chef de la LADDH Nourredine Benissad.
Constatant que le problème peine à être réglé au sein des instances de la ligue, Ali Yahia a donc décidé de porter l’affaire sur la place publique quitte à jeter le discrédit sur une ONG dont il a grandement contribué à soigner son image de marque. En plus de ses ennuis organiques qui ont figé son action ces dernières années, la LADDH est secouée par des scandales de corruption qui pourraient sonner son glas.
Le vieux briscard Ali Yahia Abdenour ne s’encombre pas de formules pour qualifier le déclin moral de «sa» Ligue. «La crédibilité ne se construit pas en tournant le dos aux droits de l’Homme», assène-t-il. Un constat qui sonne comme un ultime discrédit à une organisation qui a foulé au pied sa mission sacerdotale qui consiste à faire de la rectitude morale et du devoir d’exemplarité une marque de fabrique. Dommage.