C’est une première pour le moins inédite dans l’histoire des Etats-Unis : un président, qui plus en exercice, fait un aveu de taille en reconnaissant que l’Oncle Sam a pratique la torture après les attentats du 11 septembre 2001, tout en appelant à ne pas les juger trop durement. "Nous avons fait beaucoup de choses justes, mais nous avons torturé des gens", a-t-il déclaré, évoquant la prochaine déclassification d'un rapport parlementaire sur les techniques d'interrogatoire employées par la CIA entre 2002 et 2006, durant le mandat de George W. Bush.
"Lorsque nous avons utilisé certaines techniques d'interrogatoire poussé, des techniques que je considère et que toute personne honnête devrait considérer comme de la torture, nous avons franchi une ligne", a-t-il poursuivi, au cours d'un point de presse à la Maison Blanche.
Après les attentats du 11 septembre 2001, la CIA a capturé des dizaines de personnes soupçonnées de liens avec Al-Qaïda, et utilisé des "techniques d'interrogatoire musclé". Ces méthodes comprenaient la privation de sommeil, la mise à nu du détenu ou encore la simulation de noyade. Rappelant qu'il avait interdit ces méthodes dès son arrivée à la Maison Blanche, M. Obama a cependant mis en garde contre tout jugement "trop moralisateur" sur cette période.
"Je pense que lorsque l'on regarde en arrière, il est important de se souvenir combien les gens avaient peur après la chute des tours jumelles (du World Trade Center), le Pentagone avait été touché, un avion s'était écrasé en Pennsylvanie", a-t-il souligné, histoire de trouver des arguments justificatifs à la pratique de la torture dans la base de Guantanamo.
"Les gens ne savaient pas si d'autres attaques étaient imminentes. Il y avait une énorme pression sur les épaules des forces de sécurité et nos équipes de sécurité nationale pour essayer de faire face à cette situation", a-t-il poursuivi. M. Obama, qui a toujours apporté son soutien à la déclassification du rapport parlementaire, a jugé qu'il serait utile pour aider les Etats-Unis à tourner la page.
"Nous devons, en tant que pays, assumer nos responsabilités face à ce qui s'est passé afin que, je l'espère, cela ne se reproduise plus à l'avenir", a-t-il déclaré. Ces aveux, quoique tardifs, ne manqueront certainement pas d’avoir des répercussions politiques. D’abord pour les victimes des tortures, qui pourraient se constituer partie civile en exigeant réparation. Mais au-delà ces aveux, qui ne sont pas dénués d’arrière pensées politiques, vont noircir d’avantage le bilan de George Walker Bush. Une façon de savonner la planche pour les républicains, à mi mandat de la présidentielle et déblayer le terrain à Mme Hillary Clinton, dont la candidature, sous le drapeau démocrate, ne fait plus mystère.