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Projet de loi de finances 2020, tensions budgétaires, réserves de change et les solutions pour ne plus recourir au financement non conventionnel

29-09-2019 12:29  Pr Abderrahmane Mebtoul

Une loi de finances n’est qu’une loi  de finances retraçant les recettes et les dépenses au cours d’une année, étant un document  comptable statique, ne pouvant remplacer des institutions de planifications stratégique : que sera l’Algérie entre 2020/2030 ? Cela montre l’urgence, pour éviter de naviguer à vue avec des pertes financières  pouvant se chiffrer en milliards de dollars,  de  réhabiliter la majorité des institutions de prospectives  gelées depuis des années à l’instar du Conseil Economique et Social. Aussi, sans une vision stratégique,  une réorientation de la politique socio-économique  et la résolution de la crise politique, au vu de l’avant projet de loi de finances 2020, il y a risque de retour au FMI  début 2022  avec des incidences dramatiques à la fois économiques, sociales, politiques, voire sécuritaires, sauf miracle d’un cours de baril de 100 dollars, étant prévu environ 60/62 dollars pour 2020 selon l’AIE et le FMI,  sauf  imprévu de fortes tensions géostratégiques au Moyen Orient,  d’une entente entre les USA/Chine concernant le conflit  commercial  et d’un redressement du cours du gaz naturel (7/9 dollars le MBTU) ,en baisse sur le marché libre, moins de 3 dollars le  MBTU en ce mois de septembre 2019.

1.-  Le contenu de l’avant projet de loi de finances PLF 2020 

Le PLF-2020 prévoit, un taux de croissance de1,8%, inférieur donc au taux de croissance démographique, des budgets de fonctionnement et équipement  de 7.773 milliards DA (65,87 milliards de dollars  ) , avec un budget de fonctionnement de l’ordre de 4893 mds DA(41,46 milliards de dollars)  et de 2.880 mds DA pour l’équipement (24,40 milliards de dollars) au cours 118 dinars un dollar. Le déficit budgétaire s’établira à 7,2% du PIB, avec un montant de 1.533,4 mds DA (12,99 milliards de dollars) , tandis que le solde global du Trésor est prévu à  2.435,6 mds DA (24,60 milliards de dollars) , soit 11,4% du PIB. Ce dernier est  estimée à 2.130 milliards de dinars,  évitant l’euphorie, seulement 180 milliards de dollars pour une population au 01 janvier 2019 d’environ 43 millions d’habitants, dominé directement et indirectement par la rente hydrocarbures via la dépense publique, toujours au même cours dinar/dollar. Alors que  le PIB mondial  étant estimé à 84.740 milliards de dollars américains au 01 janvier 2019,  par le Fonds monétaire international, pour une population, d’environ  7,637 milliards d’habitants avec une  concentration de la richesse mondiale   d’environ 46,31%%,pour environ  11% de la population mondiale, entre l’Europe des 28 (18.750 milliards de dollars pour 513,5 millions d’habitants)  et les Etats Unis d’Amérique(20.494 milliards de dollars pour 332 millions d’habitants) ), contre 12.240 milliards de dollars , la Chine,  pour 1,14 milliard d’habitants,  montrant la  marginalisation de l’Algérie au sein de l’économie mondiale. Nous aurons une baisse de 9,2% des dépenses, avec une baisse des  dépenses d’équipements (-20,1%),  une légère baisse des dépenses de fonctionnement (1,2%) et  une baisse de 8,3% des recettes fiscales globales. Ces dernières, malgré une hausse prévue de 5,3% de la fiscalité ordinaire, seront impactées par un recul de la fiscalité pétrolière qui atteindra 2.200,3 milliards de dinars en 2020, Malgré ces prévisions pessimistes, le projet de Loi de finances 2020 serait  élaboré sur la base d’un financement conventionnel en s’appuyant essentiellement sur les recettes budgétaires ordinaires par  le  renforcement des impôts et taxes sur la fortune et les biens en fonction des signes de richesse mobilière et immobilière L’imposition d’un impôt, allant de 1% à 3,5%, sur tout patrimoine d’une valeur supérieure à 50 millions de dinars avait été introduite dans le projet de loi de finances (PLF) 2018, avant sa suppression, sur proposition de la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN). Les biens visés dans le PLF 2018 étaient essentiellement les biens immobiliers, les véhicules particuliers d’une cylindrée supérieure à 2.000 cm3 (essence) et de 2.200 cm3 (gasoil), les yachts et bateaux de plaisance, les chevaux de course, les avions de tourisme, les objets d’art estimés à plus de 500.000 DA, les bijoux et pierreries, or et métaux précieux. Le PLF 2020 propose dans son article 95 d’amender l’article 109 de la Loi de Finances 2018 qui porte sur la contribution de solidarité. Selon le texte, cette dernière va passer de 1% à 2%,  s’agissant  d’une taxe applicable aux opérations d’importation de marchandises mises à la consommation. Elle est perçue et recouvrée comme en matière de droit en douanes et est destinée à alimenter la Caisse Nationale des retraites (CNR). Les mesures visant à imposer les propriétaires des quatre roues concernent  l’acquittement du droit de la traditionnelle vignette automobile,  une nouvelle taxe sur les véhicules et les engins mobiles, la  taxe  variant  entre 1500 Da et 3000 Da, payé par les automobilistes lors du renouvellement ou de l’établissement du contrat d’assurance de leurs véhicules. Cette taxe permettra à l’administration fiscale de récolter l’équivalent de 12 milliards de dinars, en puisant dans un parc automobile national qui connait une sensible hausse ces dernières années, car dépassant légèrement le seuil des 6 millions de véhicules : 70% des revenus de cette taxe, soit plus de 840 milliards de centimes, seront destinés au budget de l’Etat, tandis que 30% des recettes, soit plus de 360 milliards de centimes, iront à la Caisse de Solidarité et de Garantie des Collectivités locales. Pour  les touristes non résidents, l’instauration d’une taxe de 6000 dinars sur tout véhicule qui entre dans le territoire algérien au titre d’un séjour touristique. Cette taxe sera directement prélevée au niveau des Douanes lors de la délivrance du permis de circuler. Le motif de cette taxe est justifié par la volonté de compenser la consommation du carburant subventionné, ainsi que l’utilisation des infrastructures de base telles que les routes. Avec un trafic de près de 150.000 véhicules, cette proposition devrait générer annuellement près d’un milliard de dinars pour le Trésor public. Enfin il est prévu  des taxes sur les déchets dangereux, produits pétroliers qui seront versées au Fonds national de l’environnement, ainsi qu’au fonds des collectivités locales et au Trésor public,  l’opération devant se faire progressivement, car moins de 3% de différents types de plastique sont recyclés quotidiennement, soit 200 tonnes par jour et 73.000 tonnes par an. Le PLF2020  prévoit d’alléger la règle dite 51/49 sur l’investissement étranger avec une levée des restrictions qui concernent les « secteurs non-stratégiques, mais  l’exécutif ne fournit pas de précisions sur les secteurs considérés comme étant « stratégiques » qui resteront soumis à cette règle. Par ailleurs, le PLF2020  n’écarte pas la possibilité de recours à l’endettement extérieur pour financer les projets économiques structurants. L’avant-projet évoque également un retour à l’importation des véhicules d’occasion de moins de 3 ans pour les résidents algériens, les modalités de cette mesure n’ayant  pas été précisées. Il est à noter également  qu’il est prévu  d’exonérer les start-up et les investissements des jeunes porteurs de projets « du paiement des différents impôts et taxes ainsi que de leur octroi de « mesures incitatives, à même de leur faciliter l’accès au foncier aux fins d’extension de leurs projetsComme pour les lois antérieures,  les subvention généralisées sont contenues dans le projet de la loi   de finances 2020  concernant  les principaux produits de première nécessité, encore que cela est injuste, celui qui perçoit 30.000 dinars mois bénéficiant  des mêmes  subventions que celui dont le  revenu dépasse 300.000 dinars. Pour 2019, une enveloppe budgétaire de 1.763 milliards de DA a été  allouée aux transferts sociaux  (contre 1.760 milliards de DA en 2018), soit près de 21% de la totalité du budget de l’Etat de l'année 2019.Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 mds DA destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 mds DA seront attribués aux retraites, et auxquels s’ajoutera une dotation d’appui de 500 mds DA à la Caisse Nationale des Retraites (CNR). Ces transferts sociaux comportent également près de 336 mds DA pour la politique publique de santé et plus de 350 mds DA pour la politique publique de l’habitat auxquels s’ajouteront près de 300 mds DA mobilisés pour ce secteur par le Fonds National d’Investissement (FNI).En revanche, moins de 40% de la population algérienne ont un véhicule et le relèvement du prix du gasoil et de l’essence est relativement faible comparé au prix international.

 2.- De vives tensions budgétaires 2020

Le fonds de régulation des recettes, qui servait de soupape de sécurité budgétaire  a fondu fin 2017, du fait des politiques dépensières  et le gouvernement n’a plus de marge de manœuvre. Les prix de référence du passé, 30 dollars, 50 dollars ou 45 dollars sont des artifices comptables, étant souhaitable à l’avenir  que la loi de finances  s’établisse sur la base d’une prévision du cours du  marché  des hydrocarbures et ce afin de favoriser la transparence du contrôle. Selon Bloomberg, l’Algérie, pour remonter son déficit budgétaire au titre de l’exercice 2019, «aurait besoin d’un baril de pétrole à 116,40 dollars, contre 95/100 dollars en 2017/2018».Malgré toutes les restrictions et les taxes annoncées, il faudrait un baril à 95/100 dollars pour éviter les tensions budgétaires en 2020. En ce mois de septembre  2019 Sonatrach c’est l’Algérie  et l’Algérie c’est Sonatrach procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises  du pays avec les dérivées  d’où l’importance de connaitre sa structure d’exportation.  Les recettes   globales  hydrocarbures en  millions de dollars ont évolué ainsi  entre 2013/2018: En 2018, nous avons  en valeur pour  Sonatrach  de 34,995 milliards de dollars et pour les  associés 3,61 milliards de dollars  au total 38,607 milliards de dollars, les associés représentant 9,35%, une stabilisation par rapport aux années passés montant une l’Algérie n’a pas tellement attiré d’investisseurs étrangers. Ce n’est que le chiffre d’affaire et pour voir le profit net qui reste à Sonatrach, il faut retirer les bénéfices des associées  et les couts d’exploitation qui sont variables  assez faible pour le pétrole brut et le gaz naturel par canalisation, mais élevé pour le GNL, le condensat, le GPL et les produits raffinés pouvant tourner en moyenne autour de  30%.  Ainsi, toute augmentation ou baisse du cours des hydrocarbures a eu des incidences à la fois économiques et politiques comme en témoigne les impacts politiques de la crise de la baisse du cours  entre 1986/1990.  Le cours du pétrole  a subi une baisse brutale depuis le troisième trimestre 2019,   étant coté  entre 59/61 dollars avant de remonter suite à l’attentat  en Arabie Saoudite  à plus de 67 dollars mais ayant connu une stabilisation  par la suite  étant coté le 28 septembre 2019   à 61,88 dollars et celui de WTI, à 56,17 dollars. Le cours sur le marché libre du gaz naturel  qui  représente 33% des recettes de Sonatrach entre 2018/2019, a été coté le 28/09/2019  à 2,40  dollars le MBTU ayant fluctué ces 12 derniers mois entre 4,93 et 2,06 le MBTU, où à ce cours l’Algérie peinera à couvrir les frais de production. Concernant la structure de la balance commerciale pour 2018,  les importations ont été de 46,19 milliards de dollars US soit une très légère hausse de 0,30 % par rapport aux résultats de l’année 2017. Les exportations ont été de 41,17 milliards de dollars US, en  augmentation de 16,98% par rapport aux résultats de l’année 2017 grâce à un cours moyen de 70 dollars le baril. Cela s’est traduit par un déficit de la balance commerciale durant la période de l’année 2018 de l’ordre de 5,03 milliards de dollars US  et  un taux de couverture des importations par les exportations de 89% durant l’année 2018, contre un taux de 76% au cours de l’année 2017. Les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des  exportations à l’étranger durant l’année 2018 avec une part de 93,13% du volume global des exportations, les exportations  hors hydrocarbures ayant  été évaluées à   2,83 milliards de dollars US.  Pour le premier semestre 2019, les tendances profondes n’ont pas  changé dans leurs structures.  La balance commerciale de l'Algérie a enregistré un déficit de 3,18 milliards de dollars durant le 1er semestre 2019, contre un déficit de 2,84 milliards de dollars à la même période en 2018, selon les douanes algériennes.  Pour les importations, elles ont atteint 22,14 mds usd, contre 23,14 mds usd, enregistrant une faible baisse malgré toutes les mesures bureaucratiques prises ,  avec notons le baisse une baisse de la facture carburant mais qui pose avec la forte consommation intérieure la problématique des subventions généralisées nécessitant  un ciblage et un nouveau modèle de consommation énergétique. Les exportations algériennes ont atteint 18,96 milliards de dollars (mds usd) durant le 1er semestre de 2019, contre 20,29 mds usd à la même période de 2018, soit une baisse de -6,57% ayant  assuré la couverture des importations à hauteur de 86%, contre 88% à la même période de l'année 2018. Pour les exportations hors hydrocarbures, y compris les dérivées d’hydrocarbures,  elles restent toujours marginales, avec près de 1,31 md usd  le 1er semestre 2019,  contre 1,45 md usd à la même période en 2018, moins de 350 millions de dollars si l’on soustrait les dérivées d’hydrocarbures.  Les hydrocarbures représentent toujours  l'essentiel des ventes algériennes à l'étranger au cours du 1er semestre 2019  (93,10% du volume global des exportations et plus de 98% avec les dérivées,  en s'établissant à 17,65 mds usd, contre 18,84 mds usd à la même période 2018, en baisse de (-6,31%). Au vu  de la  tendance  du premier  semestre 2019, dans l’hypothèse d une moyenne  annuelle d’environ 60/65 dollars le baril pour le pétrole et 3/5 dollars le MBTU pour le gaz, donnerait une recette Sonatrach avoisinant 30/35 milliards de dollars. Mais,  le document de référence est la balance de paiement, la balance commerciale  ayant  une signification limitée. Selon la banque d’Algérie, au cours des 9 dernières années, les importations de services ont fluctué entre un bas de 10,776 milliards de dollars (2013) et un haut de 11,696 milliards (2014) dont la facture fluctue entre 2010/2018 entre 10/11 milliards de dollars annuellement qui impacte négativement la balance des paiements dont le  transport maritime (2,95 milliards de dollars en 2018), le BTP (2,65 milliards de dollars en 2018) et l'assistance technique (3,22 milliards de dollars en 2018).  D’une manière générale, au vu des importantes dépenses  la croissance tirée essentiellement par la dépense publique a été  faible  de 1,4% en 2018, contre 1,3% en 2017, selon le rapport de l’Office national des statistiques (ONS). Selon le rapport de la banque mondiale , dossier  consacré aux perspectives économiques mondiales la  croissance en Algérie devrait être de 1,7 % en 2020,( légèrement différent  de la prévision du gouvernement),  l’assainissement des finances publiques pesant sur l’activité non pétrolièrealors  que  l’édition de janvier 2019 du rapport prévoyait une croissance de 1,8% en 2020 et 2021, cette projection ayant été  abaissée de -0,1 point pour 2020 et de -0,4 points pour l’année 2021. Le taux d’emploi est fonction  du  taux de croissance des entreprises productives et des structures des taux de productivité , ne créant pas d’emplois par décrets ou en  gonflant les emplois dans l’ administration , les différents organismes d’emplois  qui devraient être regroupés pour plus de cohérence, ayant eu un résultat mitigé. Ce qui forcément entrainera un accroissement du taux de chômage souvent gonflé par les officiels incluant les emplois rentes et  les emplois temporaires non productifs.  Alors que  la population active est estimée à environ 12,463 millions  pour une population totale au 01 janvier 2019 de plus  de 43 millions d’habitants, le chômage touchant  près de 29/30% des jeunes , et pour les diplômés de l’enseignement supérieur, taux  qui avait  atteint , selon l’ONS, 17,6% au mois d’avril 2017 et en  septembre 2018, 27,9%. 

3.-Baisse drastique des   réserves de change  et impact sur la  cotation du dinar

Il   ne faut pas se tromper de cibles, devant différencier stratégie et tactiques pour paraphraser le langage des stratèges militaires,  existant  souvent   une confusion entre les sorties de devises résultant des importations de biens et services d’environ 700 milliards de dollars entre 2000/2018 selon les statistiques du gouvernement  et le   total des dépenses d’environ 1100 milliards de dollars( document officiel du FMI  , budget équipement et fonctionnement (constitué en grande partie de salaires. Bien que la dette extérieure soit d’environ 1/2% du PIB,  nous assistons à la baisse drastique des réserves de change, Rappelons que la  loi de finances 2019, prévoyait, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de change à 62 milliards usd en 2019, puis à 47,8 milliards usd en 2020 pour atteindre 33.8 milliards usd en 2021.Or avec la crise politique qui non résolue paralyse l’économie, ces prévisions risquent de ne pas être concrétisées, sauf un acte suicidaire  du gouvernement de bloquer la majorité, sans analyser les impacts, d’ une grande fraction des  importations.  En effet, nous avons eu une baisse d’environ  7 milliards de dollars entre janvier et avril  2019  et à ce rythme la baisse fin 2019 serait de 21 milliards de dollars. Les  investissements directs étrangers fléchissant à cause de la crise politique et au   rythme de la  dépense publique qui tire à plus de 80% la croissance, les réserves de change  risquent de fondre  début  de l’année 2022. En effet nous avons l’évolution suivante . -2012 :190,6 milliards de dollars -2013 :194,0 milliard de dollars -2014 :178,9 milliards de dollars -2015 :144,1 milliards de dollars -2016 : -114,1 milliards de dollars -2017 : 97,3 milliards -2018 : 79,88  milliards de dollars -fin avril 2019 : 72,6 milliards de dollars -fin 2019 : 58/60 milliards de dollars au rythme d’une sortie de devises de 21 milliards de dollars/an (prévision). -fin 2020 :36/38 milliards de dollars (prévision) -fin 2021 : 16/18 milliards de dollars (prévision) -premier semestre 2022 –hypothèse de cessation de paiement (prévision). Cette   baisse des réserves de change a un impact  sur la  la cotation du dinar où contrairement à certaines déclarations hasardeuses récentes comparant le non comparable (pays développés) le cours du dinar officiel 1990/2019, est corrélé aux réserves de change, via les recettes d'hydrocarbures à plus de 70%.  et sur le marché parallèle, l’écart avec le cours officiel est  d’environ 50% dépendant de  l’équilibre offre/demande. En cas de baisse drastique des réserves de change à 10/12 milliards de dollars, qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la banque d'Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d'inflation entre 300/400 dinars un euro, ce qui accélérera le processus inflationniste. 

4.- Les huit  solutions en cas de non  recours au financement non conventionnel 

Comme je l’ai souligné dès sa mise en  œuvre, après des discours euphoriques sur le bienfait du financement  non conventionnel de certains experts organiques. Le recours à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire aura un impact négatif à terme tout en favorisant, contrairement à certains discours, la baisse la baisse des réserves de change puisque en mettant à la disposition de certaines entreprises des dinars, (70% des matières premières et des équipements des entreprises publiques et privées étant importées, le taux d'intégration ne dépassant pas 15/20%) ces dernières se porteront importatrices, la poussée inflationniste n'étant pas encore perceptible. Le gouvernement vient de décider en ce mois de fin septembre 2019 d’abandonner le financement non conventionnel, où sur  les 6 556,2 milliards de dinars ( environ 56 milliards de dollars au cours de 118 dinars un dollar)  mobilisés par le Trésor public auprès de la Banque d’Algérie (BA), au titre de la mise en œuvre du financement non conventionnel entre la mi-novembre 2017 et fin janvier 2019,  environ 3114,4 mds de DA( 26,38 milliards de dollars au cours de 118 dinars un dollar)  ont été injectés dans l’économie, soit 47,50%. Le non recours au financement non conventionnel pour éviter les tensions budgétaires pourrait  s’articuler autour de huit   axes. 

Premièrement, accroitre la production et  la productivité interne et attirer l’investissement étranger  mais cela demandera plusieurs années, si l’on met en place une autre politique économique. 

Deuxièmement, un cours supérieur à 90 dollars le baril et accroire les exportations d’hydrocarbures. Mais, outre le respect du quota de l’OPEP par l’Algérie  les prévisions internationales pour 2020 donnent un cours entre 60/65 dollars, moins,  en cas de la résolution des tensions commerciales entre  les USA et la Chine. 

Troisièmement,  une plus grande rigueur budgétaire dans l’allocation ciblée du  financement, impliquant une  planification  stratégique qui fait défaut. 

Quatrièmement, un endettement extérieur ciblé pour des projets créateur de valeur ajoutée. 

Cinquièmement, lutter contre la corruption et les surfacturations et dans ce cadre, il faut se demander pourquoi le faible impact de la dépense publique entre 2000/2018, plus de 1100 milliards de dollars  (part dinars et devises) sur la sphère économique et donc sur la sphère sociale. Les études internationales montrent que l’Algérie  avec ces dépenses en référence aux  pays de la région MENA qui ont  des résultats supérieurs   avec trois fois moins de dépenses : corruption, surfacturation ou mauvaise gestion des projets. 

Sixièmement, déraper le dinar pour ne pas dire dévaluation (inflation importée) pour augmenter à la fois la taxe hydrocarbures ( reconversion du dollar en dinar dévalué passant par exemple de 118 dinars un dollar à 125 ) et la fiscalité ordinaire ( reconversion de l’euro en dinars par exemple 138 dinars un euro à 150, la taxe s’appliquant au dinar au port),  ce qui constitue un impôt indirect supporté par le consommateur final ou l’entreprise pour les entrants importés, réduisant son profit net ou le répercutant sur le consommateur. 

Septièmement, augmenter la TVA sur les produits,  solution de facilité, l’impôt indirect étant injuste par  définition, l’import direct étant le signe d’une plus grande citoyenneté,  dont l’impôt sur la fortune, au-delà d’un certain seuil raisonnable, pour ne pas pénaliser les couches moyennes  et l’investissement. 

Enfin huitièmement recours ultime, continuer à  puiser dans les réserves de change faute d’une économie productive concurrentielle, ne devant plus se faire d’illusion d’un cours  de 90/100 dollars le baril et d’une augmentation du volume exportable du fait tant de l’entrée de nouveaux producteurs que  du nouveau modèle de con sommation énergétique qui se met en place entre 2020/2030/2040 ( voir www.algerie1.com)

5.-La corruption un danger pour la sécurité nationale

 Pour la corruption,( voir contributions www.algerie1.com), il   s‘agit de différencier les surfacturations en dinars (pour des projets  ne nécessitant pas ou peu de devises) des surfacturations en devises, existant deux sphères d’agents ceux reliés uniquement au marché interne ( dinars) et ceux opérant dans le commerce extérieur (devises), ce processus se faisant en complicité avec les étrangers,  bien que certains agents économiques opèrent sur ces deux sphères.  Prenons  l’hypothèse d’un taux de 15% de surfacturation, ce n’est qu’une hypothèse,  étant  plus facile pour les services où certaines surfacturations peuvent atteindre plus de 20%. Les  sorties de devises de biens et services entre 2000/2018, étant estimées à environ  700  milliards de dollars,  cela donnerait  un montant total de sorties de devises  de 105 milliards de dollars sans compter la période 1970/1999  où bon nombre d’estimations contradictoires ont été données  avec des montants faramineux ramenés au pouvoir d’achat 2019.  Ces transferts illégaux de devises  ne datent pas d’aujourd’hui, devant ramener pour des comparaisons sérieuse, la valeur du dinar qui est cotée en septembre  2019 à 119 dinars un dollar et en 1974 nous avions 5 dinars pour un dollar (fixation administrative) , 45 dinars  un dollar vers les années 1974/1975,  Ce montant serait plus important si les surfacturations étaient d’environ de 20/25% par rapport aux normes internationales.  Des actions urgentes pour récupérer ces biens mal acquis tant au niveau national qu’international sont nécessaires pouvant également jouer comme tampon social. Mais il faut être réaliste. Si les transferts illicites de capitaux  sont dans des paradis fiscaux ou en actions ou obligations anonymes, il sera difficile  de les récupérer, concernant uniquement des biens ou placements réels tangibles tant en Algérie qu’à l’étranger  en cas où l’Algérie a des accords internationaux avec certains pays où les procédures risquent d’être longues. C’est que l’Algérie a les meilleurs textes du monde mais l’expérience  montre clairement que les pratiques sociales quotidiennement contredisent le juridisme, renvoyant à la démocratisation des décisions politiques et économiquesComment mobiliser les citoyens au moment où certains responsables au plus haut niveau ou leurs proches sont impliqués ou supposés impliqués dans les scandales financiers et peuvent-ils avoir l’autorité morale auprès tant de leurs collaborateurs que de la population algérienne.  Ayant  eu à diriger le dossier du bilan de l’industrialisation entre 1965 et 1978 pour le gouvernement  de l’époque ayant quantifié d’importants surcouts par rapport aux normes internationales,  et le dossier des surestaries en 1983 en tant que directeur général des études économiques et haut magistrat comme  premier conseiller à la Cour des comptes, pour la présidence de l’époque  au moment du programme anti-pénurie , au vu des importants montants  illégaux  détectées à travers des échantillons, j’avais conseillé à la présidence de l’époque d’établir un tableau de la  valeur en temps réel, reliant toutes les institutions concernées aux réseaux internationaux (prix, poids, qualité) , tableau qui malheureusement n’a jamais vu le jour du fait que la  transparence des comptes s’attaquait à de puissants intérêts occultes. La  lutte efficace  contre la corruption passe par  l’impérieuse réforme des institutions et du  système financier, lieu de distribution de la rente impliquant  de saisir les liens dialectiques entre la production de la rente -Sonatrach et sa distribution à travers le système financier  notamment les banques publiques qui canalisent  plus de 85% des crédits octroyés expliquant que la réforme profonde du ministère des finances qui doit être couplé  avec celui du ministère du commerce (une seule DG du commerce suffirait) pour plus de cohérence, responsable de nombreuses licences  d’importation  et autres autorisations de complaisance. La réforme du système financier, intimement liée à la démocratisation de la société et à la liberté d’entreprendre sans contraintes bureaucratiques  ne saurait se limiter à la rapidité de l’intermédiation à travers l’informatisation, pourtant nécessaire,   n’a jamais eu lieu depuis l’indépendance politique, car étant un enjeu crucial de luttes de  pouvoir de redistribution  de la rente à travers des relations de clientèles diffuses. Sans sa réforme profonde autant que celle  des institutions (l’administration centrale/locale)  et de la justice, il serait utopique de s’attaquer à l’essence de la corruption, se limitant à des actions conjoncturelles où demain les mêmes causes produiront les mêmes effets de corruption si l’on maintient les mêmes mécanismes de régulation. La  réforme doit toucher  toutes les structures du Ministère des finances :  toutes les banques publiques/ privées, les caisses de garanties octroyant parfois des garanties  de complaisance comme cela a été constaté récemment, -la DG de la fiscalité, avec des non recouvrements faramineux inexplicables les seuls pénalisés étant les salariés et fonctionnaires dont la retenue est à la source, les domaines, incapables d’avoir un registre cadastre transparent afin d ‘éviter le bradage du patrimoine national  et la douane. La pleine réussite de cette entreprise qui dépasse largement le cadre strictement technique, restera tributaire largement d’un certain nombre de conditions dont le fondement est l’Etat de droit.

6- Pas de  développement de l’Algérie sans la résolution de la crise politique

L’Algérie traverse une crise politique sans précédent depuis l’indépendance politique  avec les risques d’aller vers une cessation de paiement fin 2021 début 2022 avec des incidence à la fois très graves sur le plan économique, social , politique et des impacts géostratégiques au niveau de la région africaine et méditerranéenne. Le système politique héritée depuis l’indépendance, 1963/2019,  tissant des liens dialectiques entre la rente et les logiques de pouvoir,  trouve ses limites naturelles, incapable de résoudre les nouveaux problèmes auxquels est confronté le pays, les replâtrages accentuant la crise. Les partis politiques  pouvoir / opposition et  les sociétés dites civiles appendices des partis traditionnels  se trouvent incapable de servir d’intermédiation politique, non crédibles aux yeux de la population   et donc  de contribuer à la socialisation politique.  Selon les données du Ministère de l’Intérieur, le   taux de participation global aux élections législatives du 4 mai 2017 au niveau national et au sein de la communauté nationale à l'étranger s`est établi à 37,09%. Les bulletins nuls qui se sont établis à 2.098.324, représentent  24,60% rapportés sur le nombre de votants. Par rapport aux inscrits, nous avons le taux de  9,02%  donc 28,07% qui ont voté pour les partis ou indépendants, donnant  71,93% des inscrits qui ne font pas confiance à la classe politique  contre 64,70% en 2012. Le taux de participation est faible devant tenir compte dans   les calculs également  de la population réelle en âge de voter,  donc de ceux qui ne se sont pas inscrits. L’on  doit en  tirer toutes les  conséquences notamment, adapter les partis politiques et les associations  de la société civile, souvent déconnectés de la société et présentant pour la majorité d’entre eux la spécificité d’être liés à des intérêts de rente afin de  remédier au divorce Etat-citoyensIl y va de la crédibilité nationale et internationale de l'Algérie, ,si on ne veut pas  renouveler le 12 décembre 2019 l’échec du 04 juillet 2019, devant reconnaitre l’important apport de la commission indépendante mais nécessitant un climat apaisé dont l’appel phase d’Al Hirak dont la libération des jeunes qui n’ont pas  porté atteinte à la sécurité nationale et la démission de l’actuel  gouvernement accusé à tort ou à raison de «  fraudes » par un gouvernement de techniciens neutres » afin d ‘éviter la manipulation de l’administration toujours très forte( voir nos différents interviews nationaux et internationaux www.google.com février-septembre 2019). C’est que l’Algérie  sera ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu’elle soit, loin de toutes immiscions étrangères. Car avec la corruption combinée à la détérioration du climat des affaires, selon la majorité des rapports internationaux, il est utopique de parler d’une véritable relance économique. L’Algérie souffre avant tout  d'une  crise de gouvernance et non d'une crise financière. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer  dans deux   années  en crise financière, économique et politique avec l'épuisement des réserves de change.  Etant une question de  sécurité nationale,  l’objectif  essentiel sera  d’avoir une vision stratégique 2020/2025/2030  qui concerne, toutes les institutions  de l’Etat,  l’implication des partis politiques et toute  la société civile dans sa diversité    afin que l’Algérie ait une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales. Sans de profondes réformes nécessitant une révolution  culturelle des dirigeants vivant du mythe du passé, s’adaptant  à la nouvelle stratégie de la route de la soie initiée tant par la Chine et récemment par  l’axe Russie/Inde , couvrant plus  de la moitié de la planète, à la nouvelle quatrième révolution économique mondiale (intelligence artificielle-digital),  et  la résolution de la crise politique, (des dossier lourds  comme celui  de la loi des hydrocarbures devant être traités par un pouvoir légitime afin d ‘éviter la défiance internationale) , aucun investisseur sérieux ne viendra. Les décennies qui ont marqué la vie politique et économique de bon nombre de pays du tiers monde, qui malgré des ressources naturelles considérables n'arrivent pas à asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales, dont l'Algérie, me réconfortent aujourd'hui dans ma conviction, qui consiste à dire que le développement n'est pas une affaire de quincaillerie industrielle, de signes monétaires, tant par l'importance des réserves de change, ou de dépenses monétaires, sans se soucier de la bonne gestion - dépenser sans compter - et de la démocratisation L'Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d'innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. L’Algérie, afin  de sécuriser son  avenir et se projeter sur l’avenir 2020/2030, avec des détournements qui dépassent l’imagination humaine par leurs ampleurs, qui conduisaient le pays droit au mur, a besoin d’une nouvelle stratégie s’adaptant tant aux nouvelles mutations mondiales, qu’internes , fondée  sur le  savoir et  une nouvelle gouvernance centrale et locale (pôles régionaux)  pour le  retour  à la confiance gouvernants/gouvernés,  (moralité) ,sans laquelle aucun développent n’est possible.

NB- Dr Abderrahmane MEBTOUL : Docteur d’Etat en sciences économique avec mention très bien et félicitations du jury (1974) diplômé de l’expertise comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille –France - auteur de 20 ouvrages et de plus de 700 contributions nationales et internationales, membre de conseil scientifique de plusieurs organisations internationales, est professeur des universités et expert international-   Officier d’administration à la route de l’unité africaine-tronçon Ghardaïa -El Goléa- In-Salah  (1972/1973)  -Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2006-ayant dirigé le premier audit assisté des cadres dirigeants de Sonatrach  sur l’efficience de Sonatrach (8 volumes 720 pages 1974/1976 MIE/ Alger 1976)  – Le bilan de l’industrialisation assisté des cadres du Ministère de l’Industrie/Energie et 12 experts 8 volumes 980 pages MIE Alger 1975/1977) –  -Ayant dirigé une importante étude   pour le compte du comité central du FLN  entre 1979/1980 ( audit sur les réformes et place du secteur privé 1980 780 pages 7 volumes ) avec 15 experts -Ancien magistrat- premier conseiller  -directeur général des études économiques  à la Cour des comptes ayant dirigé l’audit sur l’habitat en collaboration des  31 walis de l’époque et le dossier des surestaries -(1980/1983) -Président du Conseil algérien des privatisations -rang Ministre Délégué- (1996/1999) –Directeur d’Etudes au cabinet de la sureté nationale- DGSN - (1997/1998), optimalisation des moyens de la DGSN -Expert conseil économique et social 1995/2007  - Expert  indépendant à la  présidence de la république 2007/2008 audit avec 15 experts  emploi et salaires (9 volumes 890 pages) - Expert indépendant   premier ministère  (2013/ décembre 2016 )  ayant dirigé avec 15/20 experts le dossier pétrole et gaz de schiste,  « opportunités et risques »  10 volumes 950 pages, et le dossier de la relance économique  2014/2020/2025 ( 7 volumes 820 pages) -Plusieurs importants dossiers pour le compte des  gouvernements successifs algériens  de 1974 à 2019  et des institutions de l’Etat –ayant été le chef de file de la délégation algérienne pour le forum de la société civile des 5+5 en 2019



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