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Programme du gouvernement Tebboune : pour des réformes structurelles stratégiques 2017/2020/2030

11-06-2017 11:29  Pr Abderrahmane Mebtoul

Un programme de gouvernement ne saurait être une compilation de rapports de départements ministériels ni un rapport de conjoncture. Il doit impérativement, s’il veut être crédible et opératoire, s’insérer tant dans le cadre d’une vision stratégique de la transformation du monde (politique, diplomatique, militaire, économique) que des transformations internes sociales et économiques et ce pour donner confiance en l’avenir de l’Algérie, pays à importantes potentialités. 

Que doit être l’Algérie de 2017/2020/2030?   Aussi, sur le plan méthodologique, il devra partir du général au particulier : l’analyse des mutations mondiales, l’analyse du cadre macro-économique et macro-social interne dont les forces économiques, sociales et politiques et c’est seulement à partir de là que doivent être mis en place les politiques sectorielles que l’on veut impulser, dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux en termes de cout/qualité. 

A ce niveau doit être quantifié, avec réalisme, avec un calendrier daté et précis, les restes à réaliser, les objectifs des réalisations nouvelles en termes physiques et le mode de financement. Le tout doit reposer sur des tests de cohérence entre l’international, le national et les micro-décisions pour éviter des erreurs qui peuvent se chiffrer en milliards de dollars.

Comme j’ai eu souvent à le souligner, sans réformes structurelles profondes, supposant un minimum de consensus social et la moralisation de ceux qui dirigent la Cité, du fait de la baisse drastique du cours des hydrocarbures de longues durées, avec une sortie de devises prévues –biens-services-transferts légaux de capitaux approchant les 60 milliards de dollars fin 2017, les réserves  de change étant d’environ 100 milliards de dollars fin mai 2017, malgré un endettement faible ( 4 milliards de dollars). Un discours de vérité s’impose. C’est dans ce cadre que s’inscrivent toutes nos analyses parues au niveau national et international où j’ai développé les points suivants.

L’Algérie face aux mutations géostratégiques mondiales, posant son adaptation dans le cadre des relations internationales, tant sur le plan diplomatique, sécuritaire qu’économique. L'investissement dans les institutions démocratiques fondement du développement; le bilan socio-économique de l’Algérie avec des quantifications précises, loin de tout discours d’autosatisfaction populiste et sinistrose gratuite;  le manque de cohérence de l’actuelle politique industrielle;  les huit mesures pour redresser les PMI/PME ; les six axes de la transition énergétique pour l’Algérie; les axes pour l’amélioration  du  niveau de  l’Ecole et des Universités; la quatrième révolution économique et l'industrie numérique;  et  comment favoriser le dialogue économique et social , fondement de la bonne gouvernance . Pour  les dossiers sectoriels que j'ai analysé, -  agriculture –filières  industrielles hors hydrocarbures brut et semi brut dont  agro-industries sidérurgie-mines- phosphate –pétrochimie - l'incohérence des usines de montage de voitures -voir www.algerie1.com et mebtoul- www.google.com- 2013/2017.

Proposition 1 : efficacité de la dépense publique  et  décentralisation 

Le retour de la croissance passe donc par une plus grande efficacité des dépenses publiques en ayant une vision à moyen terme et long terme de la maîtrise des dépenses.  Le cadrage pluriannuel des finances publiques constitue un instrument essentiel pour la mise en œuvre d’une politique de maîtrise des dépenses publiques et de procéder à une évaluation approfondie de l’efficacité des dépenses fiscales et sociales dont le montant dépasse un certain seuil. Par ailleurs, le développement futur de l’Algérie, devra reposer sur l’initiative locale, car toute action centralisatrice est vouée à l’échec sans implication des acteurs locaux.

Il s’agira de revoir la fiscalité locale avec un système de péréquation entre les régions riches et les régions pauvres : objectif promouvoir une gestion budgétaire performante des collectivités territoriales et établir et rendre publics des coûts standards moyens, par type de collectivité locale et par fonction, pour mettre en évidence les gaspillages. Dans le cadre de ces réformes locales, l’on devrait privilégier l’autonomie budgétaire plutôt que l’autonomie fiscale pour inciter les électeurs à mieux contrôler les dépenses des collectivités locales.  

Cellule de base par excellence, la commune algérienne est régie par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit frappés de caducité. La commune devra donc assurer sa mutation profonde, pour devenir un espace de convivialité qui intègre dans sa démarche l’action citoyenne du mouvement associatif. Je préconise à l’instar de l’étude du Femise de créer un institut national d’études du territoire littoral. Cela doit entrer dans le cadre d’une réelle volonté politique de décentralisation, à ne pas confondre avec la déconcentration, qui induit une bureaucratie locale plus néfaste que la bureaucratie centrale.

L’on pourrait imaginer une véritable régionalisation économique, à ne pas confondre avec l’avatar négatif du régionalisme. Car un texte juridique n’est pas suffisant, ce n’est qu’un moyen. C’est que l’Algérie s’étend sur 2 380 000 km2 dont 2 100 000 km2 d’espace saharien. La densité paraît faible, mais les 9/10e de la population sont concentrés sur les terres du Nord. Sa situation géographique est stratégique : en face de l’Europe, côtoyant la Tunisie, l’Atlantique Maroc/Mauritanie, la Libye, le Mali et le Niger comme point d’appui de l’Afrique subsaharienne. Or, l’objectif stratégique à l’horizon 2017/2020 est d’éviter que plus de 95% de la population vivent sur moins de 10% du territoire et avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace.

Nous assistons, hélas, à des constructions anarchiques avec le manque d’homogénéisation dans le mode architectural, un taux accéléré d’urbanisation avec des bidonvilles autour des grandes villes, avec le risque d’extension de nouvelles formes de violence à travers le banditisme et de maux sociaux comme la drogue.

Il s’agira de passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes. Une réorganisation du pouvoir local dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne s’impose, réorganisation fonction de la revalorisation de la ressource humaine renvoyant à l’urgence de la révision du statut de la fonction publique. Cellule de base par excellence, la wilaya et la commune algérienne sont actuellement régies par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement frappés de caducité d’où l’urgence de leurs révisions. Après la "commune providence" du tout Etat, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale.

C’est dans ce contexte que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d’un espace. C’est à la commune que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l’accueil des entreprises et de l’investissement. Le double objectif recherché serait la création de ressources fiscales et la promotion de l’emploi de proximité. Avec le nouveau système politique, qui devra être consacré dans la nouvelle Constitution, la commune devra par ailleurs et naturellement se constituer en centre d’apprentissage de la démocratie de proximité qui la tiendra comptable de l’accomplissement de ses missions.

La commune doit se préparer à une mutation radicale devant faire passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités entreprises responsables de l’aménagement du développement et du marketing de son territoire. C’est pourquoi la fonction de wali- dont le rôle essentiel est celui d’animation et de coordination des communes, ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité si l’on veut éviter une bureaucratisation locale plus néfaste que la centrale. 

Cette mutation soulève la question des moyens et surtout de leur optimisation. La réforme de la fiscalité devra prendre en charge les ressources propres dont doivent disposer les communes, ainsi que les péréquations qui permettront d’aider les moins favorisées d’entre elles. Pour répondre à cet enjeu majeur, on doit miser sur la valorisation du territoire et l’organisation du développement autour d’espaces équilibrés et solidaires (éco-pôles qui regrouperaient universités, centres de recherche, entreprises, chambres de commerce, administrations) tenant compte de l’urgence d’une urbanisation maîtrisée (anarchique avec des coûts faramineux) et de la protection de l’environnement et du cadre de vie qui se dégradent de jour en jour.

Proposition 2 : lutte contre la bureaucratie : intégrer la sphère informelle et réorganiser les corps de l’Etat

La sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments de marché des produits de première nécessité y compris le textile/cuir est le produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des différents appareils de l’Etat.

Il s’agit de l’intégrer par des mécanismes économiques en lui redonnant confiance au moyen de la délivrance des titres de propriété et non par des mesures administratives qui ont l’effet contraire. Les redondances et chevauchements de compétences entre les divers échelons territoriaux créent à la fois un éclatement de la responsabilité, la paralysie de la décision, et la déroute de l’administré. Les régions doivent être renforcées significativement dans leurs compétences (développement économique, formation professionnelle).

Dans ces domaines, une action concentrée et un pilotage unique sont gages d’efficacité. Les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales doivent être accompagnés d’un abandon effectif de la mission correspondante par les services de l’État, et du redéploiement de l’intégralité des agents de l’État concernés, pour éviter les doublons entre les actions de l’État et des collectivités territoriales.  Dans le cadre de la réforme des grands corps de l’Etat, les grands corps d’inspection – économique, financier et technique doivent être regroupés selon des lignes de métiers correspondant aux exigences de l’économie moderne : finances, énergie, infrastructures numériques, santé, etc. Ils doivent être composés de fonctionnaires choisis par concours après 5 années minimum d’exercice dans la fonction d’administrateur dans le même secteur.

Le recrutement dans les hautes juridictions administratives, financières et judiciaires (en veillant strictement au respect de leur indépendance) devra être effectué selon les mêmes principes. Dans ce cadre, il s’agit d’élargir l’externalisation de certaines activités annexes du secteur public.

Les activités publiques confiées partiellement ou totalement au privé couvrent aujourd’hui la maintenance des routes, les cantines scolaires... etc. L’externalisation pourra s’étendre à plusieurs missions de support (ressources humaines, systèmes d’information, aménagement des bâtiments publics, formation professionnelle des agents publics).

La réforme en cours des partenariats public-privé pourra offrir un cadre juridique complémentaire aux formes classiques (concessions de service public, bail emphytéotique). Les contrats d’externalisation doivent s’inscrire dans un cadre de bonnes pratiques : répondre aux préoccupations des syndicats au travers d’un cadre prédéfini et d’un dispositif de protection des salariés. L’État devra ainsi concentrer au niveau régional l’essentiel de ses cadres décentralisés et supprimer autant que possible progressivement les daïras.  

A terme, il s’agira de limiter par une loi organique le nombre des ministres. Une loi organique devra fixer le nombre de ministres au nombre d’une douzaine au minimum et d’une vingtaine au maximum. Un gouvernement pourra ensuite compter autant de ministres délégués et de secrétaires d’État que souhaité. Il est essentiel de limiter le nombre de ministères et le nombre de compétences partagées entre ministres afin de réduire les procédures interministérielles inutiles.

Proposition 3 : contrôle transparent- adaptation au droit international et allègement des procédures administratives

L'Algérie a perdu des dizaines de milliards de dollars dans les arbitrages internationaux devant s’adapter au droit international, ce qui constitue un important  préjudicie  financier . Par ailleurs, pour plus de transparence et de suivi de la dépense publique, il est souhaitable de revoir les subventions généralisées source d‘injustice sociale, toutes les subventions devant être budgétisées au niveau du parlement parallèlement à la création   d’une chambre nationale de compensation et ce afin que les entreprises aient une comptabilité claire évitant d’additionner des prix administrés et des prix du marché. 

Il s’agira également de rétablir le contrôle de la Cour des comptes qui doit être au-dessus des institutions de contrôle dépendant de l’exécutif, la laissant sous la coupe de la présidence comme actuellement ou sous la coupe du parlement nécessitant la modification de l’article de la constitution et de dynamiser le conseil national de la concurrence notamment par l’efficacité de la procédure d’investigation antitrust, en intégrant les enquêteurs au sein de l’Autorité de la concurrence et autoriser cette dernière à donner, sur sa propre initiative, des avis sur les effets concurrentiels de mesures législatives et administratives.  

Par ailleurs, la norme s’imposant à la collectivité nationale souffre d’une division inintelligible entre les différents instruments : directive, loi, règlement, circulaire, etc. En résultent beaucoup d’imprécisions, de temps perdu et d’inefficacité. La coordination entre la norme nationale d’où de nombreux litiges entre l’Algérie et bon nombre de compagnies étrangères au détriment souvent de l’Algérie, et la norme internationale  est mal organisée.

Cette complexité du droit crée une insécurité juridique préjudiciable aux citoyens, notamment les plus modestes, aux entreprises et à la croissance. Un droit incertain inhibe les initiatives des entrepreneurs. La situation devient critique : le volume des textes applicables a plus que doublé et la majorité d’entre eux au moins n’étant pas appliqués. Face à cette accumulation, le Parlement n’est pas encore armé pour exercer son contrôle.  Dans ce cadre, je préconise de publier immédiatement les décrets d’application, dont le projet aura été soumis, en même temps que le projet de loi au parlement pour gagner du temps. Créer, sur le modèle du « Committee for better regulation britannique », un Comité pour une meilleure gouvernance chargé de faire chaque trimestre des propositions publiques sur les simplifications administratives et législatives opportunes.

Ce Comité proposera des suppressions de dispositions législatives ou réglementaires devenues obsolètes. Composé aux trois quarts de représentants de la société civile, il sera placé directement auprès du président de la République et du Premier ministre. Ces derniers devront répondre dans un délai d’un mois sur la suite à donner aux suggestions de simplification qui leur sont présentées.

Comme procédure , je propose de réorganiser les structures politico-administratives pour simplifier et réduire les coûts Exiger des services de l’État qu’ils répondent systématiquement, rapidement et de manière formelle à toute question de droit posée par un citoyen ou une entreprise dans un délai ne dépassant pas  un mois. Comme il s’agira de généraliser l’e-administration qui joue un rôle bien plus général sur le climat général des affaires, sur les coûts administratifs supportés par les entreprises et les particuliers ainsi que sur l’amélioration de la qualité et de la valeur ajoutée des services.

Enfin il s’agira de dépénaliser l’acte de gestion et moderniser la gestion des projets en reconnaissant   aux chefs de projet un statut qui transcende les clivages administratifs et fasse reconnaître l’importante part de risque d’une telle fonction.

Proposition 4- création de technopoles régionaux 

Dans le cadre d’aménagement du territoire réfléchie, je   préconise la création de technopoles, par grandes régions. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays, si tant est que les décideurs réalisent le bon choix de modèle en fonction du contexte du pays et que la technopole puisse différencier son offre par rapport aux multiples technopoles des pays voisins. Les retombées économiques et les externalités positives d’ordre social peuvent être significatives à l’échelle régionale et nationale. Les technopoles permettent de créer des emplois en local à travers l’implantation d’entreprises internationales et la création de nouvelles entreprises et contribuent à la croissance économique des pays. Mais la réussite implique une action coordonnée comme suit.

Premièrement, impliquer les acteurs clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la technopole doit être soutenue à la fois par les acteurs publics notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (Etat, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, chambre de commerce, syndicats patronaux.

Deuxièmement, l’efficacité doit reposer un modèle opérationnel performant et une gouvernance efficace. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent, de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services, etc.) en matière d’innovation, sur le long terme.  

Troisièmement, adapter le modèle de financement. Le modèle de financement et d’exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d’un partenariat public-privé. Un cadre réglementaire incitatif doit être mis en place en matière d’investissements pour faciliter le financement des jeunes entreprises innovantes et en matière de fiscalité.

Quatrièmement, les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…) et de rendre visible à l’international par une véritable campagne de séduction envers les entreprises nationales et multinationales qui peuvent choisir leur lieu d’implantation selon les avantages logistiques et administratifs offerts.

Proposition  5 - Dynamiser la production locale de médicaments et revoir la gestion des caisses de sécurité sociale

La consommation excessive de médicaments est certes liée à la généralisation de la couverture sociale, mais également à la sous-nutrition de la population (renvoyant à la politique salariale afin d’avoir des repas équilibrés), expliquant d’ailleurs la consommation importante de céréales et de lait, qui sont d’ailleurs subventionnés, mais également à un environnement dégradé, un homme mal nourri et la pollution favorisant les maladies. Ce que l’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre.

Nous devons avoir une vision globale au niveau de la balance des paiements. En effet, la majeure partie des matières premières de ces unités sont importées, et en termes de balance en devises, il faudrait pondérer à la baisse cette production locale, le taux d’intégration, à l’instar des autres unités industrielles, ne dépassant pas 10 à 15%. Les unités de production de médicaments se trouvent confrontées aux mêmes contraintes d’environnement, tels que la bureaucratie, le système financier, un système socioéducatif inadapté et le foncier.

Des mesures s’imposent afin de réduire la facture d’importation, d’interdire l’importation de médicaments produits localement, afin d’encourager la production locale, et d’inciter les laboratoires à investir davantage pour une intégration plus poussé mais en n’étant pas utopique dans le cadre d’un partenariat gagnant/gagnant. En prenant en compte le segment hospitalier, selon une étude d’IMS Health, en 2017, le marché algérien dépasserait les 5 milliards de dollars. C’est donc un enjeu de taille.

La dynamisation de ce secteur impliquera donc une vision cohérente et globale du développement tenant compte de la spécificité de ce secteur très sensible. Une vision intimement liée aux nouvelles mutations mondiales et aux nouvelles découvertes technologiques.  Pour le cas des caisses de sécurité sociale, le danger en cas de chute brutale du cours des hydrocarbures est l’implosion des caisses de sécurité sociale. Il s’agira de moduler la franchise médicale en fonction du revenu et de revoir la gestion des caisses de sécurité sociale en clarifiant le rôle respectif des administrateurs (gestion) et des partenaires sociaux (orientations stratégiques, conseils de surveillance) dans les organes de direction des caisses de sécurité sociale. 

Dans ce cadre est urgent de mesurer l’efficience et la qualité du système de soins ainsi que de rationaliser la gouvernance des hôpitaux. La mise en place d’un système transparent et accessible permettant la comparaison des différentes structures de soins sur une base objective doit constituer un outil efficace d’aide au choix et à la décision des patients et d’appui au pilotage de ces structures. 

Ce système devra comporter des indicateurs de coûts et de résultats (taux de mortalité, taux de maladies nosocomiales, temps d’attente moyen aux urgences, taux de reprise suite à opérations) et l’urgence de rationaliser la gestion des hôpitaux publics souvent anarchique alors que les compétences existent.

Proposition 6- Les sept actions pour dynamiser la Bourse d'Alger

Premièrement, la levée des contraintes d'environnement dont les entraves la bureaucratiques impliquant la refonte de l'Etat dans de nouvelles missions devient urgent. Il ne peut y avoir de bourse sans la concurrence, évitant les instabilités juridiques et donc un Etat de droit. Cela n’est pas facile comme le démontre d’ailleurs les scandales financiers au niveau mondial supposant de la transparence. 

Deuxièmement, une bourse doit se fonder sur un système bancaire rénové et j’insisterai sur ce facteur fondamental car le système financier algérien depuis des décennies est le lieu par excellence de la distribution de la rente des hydrocarbures et donc un enjeu énorme du pouvoir. La dynamisation de la bourse passe forcément par la refonte du système financier algérien qui porte en lui la substance de l'enjeu du fait qu'il cadre parfaitement la politique économique développée jusqu'à présent et son corollaire les sources et les modalités de son financement. En effet, malgré le nombre d’opérateurs privés, nous avons une économie de nature publique avec une gestion administrée. La totalité des activités quelques soient leur nature se nourrissent de flux budgétaires c'est à dire que l'essence même du financement lié à la capacité réelle ou supposée du trésor.  

On peut considérer que les conduits d'irrigation, les banques commerciales et d'investissement en Algérie opèrent non plus à partir d'une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail mais par les avances récurrentes (tirage : réescompte) auprès de la banque d'Algérie pour les entreprise publiques qui sont ensuite refinancées par le trésor public sous la forme d'assainissement. Or, la richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. Troisièmement, il ne peut y avoir de bourse sans la résolution de titres de propriété qui doivent circuler librement segmentés en actions ou obligations renvoyant d‘ailleurs à l’urgence de l’intégration de la sphère informelle par la délivrance de titres de propriété.  

Quatrièmement, il ne peut y avoir de bourse sans des comptabilités claires et transparentes calquées sur les normes internationales par la généralisation des audits et de la comptabilité analytique afin de déterminer clairement les centres de coûts pour les actionnaires.  

Cinquièmement posant la problématique de l'adaptation du système socio-éducatif, il y a urgence de créer un Engineering financier national avec des interactions entre technologues, juristes, économistes, sociologues,  financiers inexistant en Algérie. Or l’exode des compétences devient inquiétant sachant que le poste services au niveau de la balance des paiements varie annuellement entre 10/11 milliards de dollars en entre 2010/2016.

Sixièmement, transitoirement comme amorce, nous proposons une partenariat public/privé   de quelques champions nationaux pour amorcer le mouvement et la création de fonds de private P/P pour sélectionner quelques entreprises privées en vue de leur introduction ultérieure en bourse.. Cela permettrait de constituer un indice boursier consistant en volume et en qualité amorçant le cercle vertueux et attirer des opérateurs privés. Ces fonds agiraient comme incubateurs de sociétés éligibles à la Bourse.  

Septièmement, en cette ère de mondialisation où dominée par les grands espaces économiques, l'ère des micros Etats étant résolu, une bourse pour 41 millions d'habitants étant une phase intermédiaire, il serait souhaitable la création d'une bourse maghrébine, qui devrait s'inscrire dans le cadre de la future bourse euro-méditerranéenne prévue à 'horizon 2020/2025, supposant au préalable la résolution de la distorsion des taux de change.

Et cette intégration devrait dynamiser le tissu productif qui permettra d'accroitre le nombre d'acteurs au niveau de la bourse. Hélas, le commerce inter-maghrébin en 2016 ne dépasse pas 3%, le Maghreb, qui doit être le pont entre l’Europe et l’Afrique, étant marginalisé au niveau mondial. En 2016, le produit intérieur maghrébin ne dépasse pas 420 milliards de dollars pour une population d‘environ 90 millions d'habitants, un peu plus que le PIB de la Grèce-dont la population ne dépasse 12 millions d'habitants

Propositions 7 - Dynamiser le tourisme intimement lié à l’artisanat et l’environnement

L’artisanat et le tourisme (de masse et ciblé) avec l’amélioration de l’environnement vont de pair. L’Algérie recèle d’importantes potentialités à la fois dans le Sud, les Hauts plateaux et ayant une cote maritime de plus de 1000 Km. Il s’agit notamment de lever la contrainte du foncier  et de tisser des partenariats avec les grandes chaines internationales pour la venue de touristes étrangers renvoyant à la nécessité d’avoir toutes les commodités ( eau, téléphone , loisirs divers ect)  Pour le tourisme  de masse il faut aller vers des hôtels  moyen ( étoile zéro par exemple) accessible aux revenus moyens  des Algériens. Parallèlement, le développement de l’activité artisanale est un pilier essentiel au vu du potentiel énorme que recèle le pays.

Propositions 8 - Création d’entreprises à partir du recyclage des déchets

La banque mondiale distingue cinq grandes catégories de déchets solides : les déchets solides municipaux ; les déchets industriels ; les déchets de construction, de démolition et miniers ; les déchets agricoles ; les déchets dangereux, qui sont produits par tous les producteurs de déchets et qui comprennent les déchets médicaux. Les déchets industriels entassés et non traités en Algérie dépassent actuellement les 2.5 millions de tonnes.

On estime à plus de quinze mille tonnes de produits pharmaceutiques avariés produit chaque année en Algérie. Les estimations chiffrées indiquent que chaque habitant produit 0,7kg de déchets par jour dans les grandes villes, contre 0,5kg/ hbt/ jour dans des villes plus moyennes. L’Agence nationale de balayage des décharges de déchets spéciaux a recensé dans ses rapports, plus de 1.1 million de tonnes de déchets dans les régions Est, contre plus de 378 000 tonnes dans les régions du Centre et plus de 500 000 tonnes dans les régions de l’Ouest. Les wilayas d’Alger, Annaba, Oran, Skikda, Béjaïa, Tlemcen et Bordj Bou Arréridj produisent l’équivalent de 282 800 tonnes par année, alors que les régions de l’Est sont celles qui produisent le plus de déchets normaux avec 145 000 tonnes par an contre 77000 tonnes pour la région Centre. Cela n’est pas propre à l’Algérie.

Dans les pays en développement, la gestion des déchets pose des défis inédits mais, elle offre aussi des opportunités nouvelles. Elle n'est pas un simple service public, elle représente également un gisement d'activités et des opportunités d'investissement, le marché étant évalué à 390 milliards de dollars pour l'ensemble des pays émergents et de l'OCDE et fournit à lui seul près de 5 % des emplois urbains dans les pays à faible revenu. En Algérie s’impose un nouveau mode de gestion des communes mais également des citoyens afin de séparer les différents déchets à des fins de recyclage. 

En résumé, faute de vision stratégique et d'une bonne gouvernance, il ne faut pas s'attendre au redressement de l'Algérie.



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