Selon l’avis de la majorité d’analystes internationaux et de rapports reçus d'experts algériens travaillant sur ce sujet dans de grands laboratoires ou firmes, l’actuelle politique industrielle politique sans cohérence et de subventions énergétiques non ciblées , conduit à terme le pays droit au mur.
Malgré des réserves de change qui ont évolué en 2012 à 190,6 milliards de dollars, en 2013 à 194,0 milliards de dollar, en 2014 à 179,9 milliards de dollars, à 144,1 milliards de dollars fin 2015, à 112 milliards de dollars fin 2016 et environ 100 milliards de dollars en mai 2017 et une dette extérieure d’environ 4 milliards de dollars, avec une sortie de capitaux biens-services, transferts légaux de capitaux extrapolé fin 2017 approchant 60 milliards de dollars, le cours du baril –moyenne annuelle 2017 - doit être au minimum de 82/23 dollars, le prix de cession du gaz lui étant indexé. Le cours du Brent est coté le 13 juin 2017 à 48,3 dollars et 45,9 dolalrs le Wit avec un cours dollar/euro, 1,12. Du fait du dépérissement du tissu productif, il existe une limite à la restriction des biens importations, régulation et rigueur budgétaire, ne signifiant pas restriction aveugle.
Cela suppose une autre politique innovatrice fondée sur de profondes réformes structurelles afin d ‘éviter le retour au FMI 2019/2020. Il y a donc urgence que les autorités politiques corrigent impérativement, l’actuelle politique énergétique et industrielle ne pouvant continuer dans cette trajectoire.
1.- Selon le bilan au 01 janvier 2016, selon l’ONS, le parc national automobile (PNA) a totalisé 5.683.156 véhicules à fin 2015, en hausse de 4,75 % (250.000 unités de plus) par rapport à l'année 2014 selon l'Office national des statistiques.
Rappelons que selon l’ONS, le parc automobile en Algérie a atteint en 2014 plus de 5.425.000 voitures. Par catégorie de véhicules, en 2014, le PNA est constitué essentiellement des véhicules de tourisme avec 3.483.047 unités (64,2% de la totalité), des camionnettes avec 1.083.990 (près de 20%), des camions avec 396.277 (7,3%), des tracteurs agricoles avec 146.041 (2,7%), des remorques avec 134.019 (2,47%), des autocars et autobus avec 82.376 (1,52%), des motos avec 20.380 (0,38%) et des véhicules spéciaux avec 4.756 (0,1%). La répartition du PNA selon les tranches d'âge des véhicules montrait que le nombre des moins de 5 ans avait atteint 1.253.731 unités (23,11% de la totalité du parc à fin 2014), des 5 à 9 ans à 933.006 véhicules (17,2%), des 10 à 14 ans à 346.788 (6,4%), des 15 à 19 ans à 214.287 unités (3,95%), des 20 ans et plus à 2.677.746 (49,35%).
Cette augmentation du PNA s'expliquait par la hausse des immatriculations de véhicules neufs 2015 par rapport à 2014 de plus de 900.000 unités, soit 7,72%. Pour 2015, la répartition par tranches d’âge montrait que le nombre des moins de 5 ans avait atteint 1.368.549 unités, (24,08%), des 5 à 9 ans 892.196 unités (15,70%), des 10-14 ans de 508.815 unités( 8,95%), de s15-19 ans 187.067 (3,29%) et plus de 20 ans 2.726.529 ( 47,98%). Par répartition spatiale, Alger arrivait en tête avec 1.496.561 unités (26,33%), Bliba 311.024 (5,47%), Oran 293.156 (5,16%), Constantine 204.843(3,60%) et Tizi Ouzou, 199.507 (3,51%).
Quant aux quantités importées, elles ont chuté de 73,74% avec 53.356 véhicules importés entre début janvier et fin juillet 2016, contre 203.174 unités durant la même période en 2015, soit 149.818 véhicules de moins, selon le Centre national des statistiques des Douanes (CNIS). Pour rappel, les licences d'importation des véhicules ont été attribuées, en mai 2016, à 40 concessionnaires sur 80 postulants. Fixé initialement à 152.000 unités pour l'année 2016, le contingent quantitatif d'importation des véhicules a été finalement réduit à 83.000 unités. Selon le Ministère du commerce, la facture d’importation pour 2016 ne dépasse pas un milliard de dollars contre 3,14 milliards de dollars en 2015(265.523 unités) et 5,7 milliards de dollars en 2014( 417.913 unités).
Mais remarque importante, concernant les parties et accessoires des véhicules automobiles, devraient fortement augmenter durant les années à venir si le taux d’intégration ne dépasse pas 40/50% pouvant se chiffrer à plusieurs milliards de dollars si toutes les unités programmées sont réalisées pouvant revenir à l’ancienne facture d’importation, de 5 milliards de dollars et plus de sortie de devises puisque la facture d'importation de ces accessoires n’a diminué entre 2015/2016 que de 4%, sans que ces unités ne soient encore opérationnelles. Aussi, avec tous les avantages accordées la loi de finances 2017, quelle sera la rentabilité après la fin de ces avantages.
2.- Comment ne pas rappeler l'audit réalisée sous ma direction, assisté des principaux dirigeants et cadres supérieurs de Sonatrach, d’experts indépendants et du bureau d ‘Etudes de renommée mondiale américain Ernest Young réalisé entre 2006/2007 intitulé « une nouvelle politique de carburants en Algérie dans un environnement concurrentiel »(1).
Ayant été auditionnée par la commission économique de l’assemblée nationale populaire APN dont j’ai présenté les principales conclusions, j’avais attiré l’attention du gouvernement de l’époque sur l’urgence d’une nouvelle politique de carburants, de privilégier le GPLc et le Bupro pour les camions/bus,( effet positif également sur l’environnement), la majorité des voitures et camions roulant au gas-oil ou l’essence y compris ceux de l’administration et des entreprises publiques.
L’histoire, avec la forte facture d'importation entre 2009/2016 nous a donné raison. Pour le type de carburant utilisé, en 2014, l’essence représente 65% et le gasoil 34%, l’utilisation du GPLC étant marginale, moins de 2% et pour 2015, pour les véhicules l’essence représente 65,67% et le gasoil 34,33% donc pas de changement notable. De janvier à fin mai 2016, certainement du fait de la hausse des prix , la vente de l'essence normale a baissé de 2% entre la même période 2015/2016 , celle du super a reculé de 11%, une hausse de 2% pour le gasoil, la consommation a grimpé de 2% et les quantités de GPL/C commercialisées allant de janvier à mai 2016 ont connu une hausse de 14%, selon la Société nationale de commercialisation et de distribution de produits pétroliers (Naftal), information reprise par l’APS. Selon Naftal le cumul des ventes des carburants sur les cinq premiers mois de l'année 2016 (les chiffres entre parenthèses sont ceux de la même période de 2015) sont les suivants.
- Produits Quantité (tonnes) Evolution
- Essence Normale 453.179 (460.707) -2%
- Essence super 661.452 (744.710) -11%
- Essence sans plomb 524.223 (474.458) +11%
=Total Essence 1.638.855 (1.681.890) -2%
-Gasoil 4.042.252 (3.997.885) +2%
=Total Carburants 5.681.106 (5.679.773) +0,3% GPL/C 118.905 (104.207) +14%
Ainsi s’impose un nouveau modèle de consommation énergétique comme je l’avais préconisé dans l'audit réalisée sous ma direction(1) que l’Algérie devait impérativement changer de modèle de consommation énergétique , de revoir la politique des subventions qui devaient être ciblées (nous avons envoyé une mission en Malaisie , expérience réussie étant à méditer ).
Il ya lieu de privilégier le GPLc , le GNW pour les gros transporteurs, utiliser le BUPRO pour desservir les zones déshéritées tant au Nord, dans les Hauts plateaux et le Sud car cela ne demande pas la séparation du propane et du butane, et donc économiser des investissements colossaux pour des complexes. Du fait de l'extrapolation de la demande interne en croissance, face à une offre déclinante, le rapport prévoyait une importation massive de gasoil horizon 2010/2014 et également de l’essence sans plomb.
Le rapport insistait sur l’importance d’une politique active du stockage pour un espace équilibré et solidaire afin d'éviter les ruptures d’approvisionnement. Or, les recommandations n’ont pas été appliquées. Selon le rapport de la banque mondiale de 2014, les subventions des carburants en 2014 ont dépassé 20 milliards de dollars, le tiers du budget annuel de l’Etat, alors que 10% de la population la plus aisée consomme plus de carburant que les 90% restant de la population.. Par ailleurs, l’Algérie qui demeure un des rares pays africains qui utilise encore l’essence avec plomb, l’importe en partie. Selon un rapport du programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) publié en avril 2014 où la teneur en soufre dans le gas-oil algérien se situant entre 500 et 2000 ppm doit se conformer aux normes internationales en généralisant l’essence sans plomb. Pour Sonatrach, l'Algérie devrait mettre fin à la production de l'essence plombée, en produisant deux types d'essence sans plomb le 90 et le 95.
Car il y a lieu d’éviter toute rupture d’approvisionnement qui constitue une menace pour la sécurité nationale. Je rappelle que l’ex Ministre de l’Energie après des ruptures avait annoncé le 16 avril 2015 devant les députés que les capacités de stockage sont réduites, de 7 à 10 jours maximum et qu’un montant de 200 millions de dollars serait débloqué pour arriver à 30 jours horizon 2020.
Car, il suffit d’une rumeur pour qu’il y ait rupture des stocks, sept à dix jours étant largement insuffisants. Cela relève du management stratégique qui doit tenir compte de la spécificité de chaque région, pour parer aux conséquences d'une pénurie qui peut paralyser des secteurs stratégiques comme la défense nationale ou l’économie, engendrant des prix spéculatifs Ainsi, les stocks stratégiques, distinguant trois grands systèmes complémentaires, les stocks privés, les stocks d’Etat dominants aux USA, Japon, Allemagne, France et les stocks d’agence ( organisme de droit public ou privé) , sont le résultat d'une politique des pouvoirs publics établie pour faire face à une rupture grave des approvisionnements, liée à une crise pétrolière internationale, une grève de la navigation, un boycott politique, une catastrophe naturelle, voire à une imprévoyance dans la gestion des exportations de certains pays.
Par exemple pour la France, il est exigé la constitution de stocks de pétrole brut et de produits finis pour 90 jours d'importations journalières moyennes nettes, soit 61 jours de consommation intérieure journalière, dans la majorité des pays, le stock de sécurité dépassant deux mois
3. Selon le communiqué officiel du conseil des ministres de 2014, les réserves de gaz naturel sont de 2700 milliards de mètres cubes gazeux pour le gaz traditionnel et 12 milliards de barils pour le pétrole et avec la forte consommation intérieure non corrigée,(subventions généralisées) allant vers l’épuisement horizon 2030.
En effet, il y a lieu de tenir compte que l’économie algérienne est irriguée par la rente des hydrocarbures (98% des exportations totales avec les dérivées). L’évolution des cours détermine fondamentalement le pouvoir d’achat des Algériens. L’inflation qui est de retour induit la détérioration du pouvoir d’achat. Le revenu global doit être corrigé devant tenir compte de la répartition du revenu et du modèle de consommation par couches sociales, un agrégat global ayant peu de significations. Plusieurs questions se posent auxquels toute politique économique cohérente doit répondre.
-Premièrement, qu’en sera-t-il avec l’épuisement inéluctable des hydrocarbures en termes de rentabilité économique et non de découvertes physiques sur le pouvoir d’achat des Algériens? Dans ce cas par rapport au pouvoir d’achat réel, (alimentaires, habillement notamment plus les frais de loyer et téléphone) et avec le nivellement par le bas des couches moyennes, que reste –il en termes de pouvoir d’achat réel pour acheter une voiture ?
- Deuxièmement, faute d’unités industrielles spécialisées, renvoyant à l’économie de la connaissance afin de favoriser des sous-traitances intégrées, quelle sera la balance devises des unités projetées ? D’autant plus que la majorité des inputs (coûtant plus cher avec le dérapage du dinar) seront presque importés devant inclure le coût de transport, également la formation adaptée aux nouvelles technologies et les coûts salariaux.
-Troisièmement, les normes internationales, du seuil des capacités au niveau mondial se situent entre 300.000 et 500.000/an pour les voitures individuelles, environ 100.000 unités/an pour les camions/ autobus et évolutives avec les grandes concentrations depuis 2009. La comptabilité analytique distingue les coûts fixes des coûts variables quel est donc le seuil de rentabilité pour avoir un coût compétitif par rapport aux normes internationales et aux nouvelles mutations de cette filière ?
En produisant entre 1000/10.000 voitures les projets seront-ils compétitifs ? A quels coûts hors taxes, l’Algérie produira cette voiture et en tendance lorsque le dégrèvement tarifaire allant vers zéro selon les accords qui la lie à l’Union européenne seront appliqués et dans ce cas quelle est la valeur ajoutée interne créée par rapport au vecteur prix international (balance devises tenant compte des inputs importés et de l’amortissement tous deux en devises) ? La carcasse représentant moins de 20/30% du coût total c’est comme un ordinateur, le coût ce n’est pas la carcasse (vision mécanique du passé), les logiciels représentant 70/80% et ne pouvant interdire l’importation, ces mini projets seront –ils concurrentiels en termes du couple coûts/qualité dans le cadre de la logique des valeurs internationales ?
-Quatrièmement, construit-on actuellement une usine de voitures pour un marché local alors que l’objectif du management stratégique de toute entreprise n’est –il pas ou régional, voire mondial afin de garantir la rentabilité financière face à la concurrence internationale et cette filière n’est –elle pas internationalisée des sous segments s’imbriquant au niveau mondial ?
- Cinquièmement, l’industrie automobile étant devenue capitalistique, (les tours à programmation numérique éliminant les emplois intermédiaires) quel est le nombre d’emplois directs et indirects créés, renvoyant à la qualification nécessaire tenant compte des nouvelles technologies appliquées à l’automobile?
- Sixièmement, quelle sera le coût et la stratégie des réseaux de distribution pour s’adapter à ces mutations technologiques?
-Septièmement, ces voitures fonctionneront-elles à l’essence, au diesel, au GPLC, au Bupro, hybride ou au solaire. Devant assister à l’émergence de voitures utilisant les nouvelles technologies dont des voitures « intelligentes » horizon 2020 mettant hors marché international les anciennes voitures traditionnelles, dans ce cas quelle sera l’avenir de toutes ces unités de montage à faibles capacités et utilisant les anciennes méthodes technologiques, étant impossible d’exporter face à une concurrence internationale féroce ?
- Huitièmement, comment pénétrer le marché mondial à terme avec la règle des 49/51% avec le risque que l’Algérie supporte tous les surcoûts conduisant à l’endettement ?
4.-Aussi, le plus important est d’avoir une vision stratégique en répondant à cette question stratégique : que deviendra l’Algérie horion 2017/2020/2030 face à la quatrième révolution mondiale avec 50 millions d’habitants?
Les changements d’organisation périodiques démobilisent les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers montrant clairement la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique assistant à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière et bloque tout transferts de technologie.
Le blocage essentiel de l’investissement local et étranger est le terrorisme bureaucratique qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale. En effet, cette situation est imputable fondamentalement au manque de visibilité et de cohérence dans la démarche de la réforme globale (absence de consensus politique et neutralisation des rapports de force) n’ayant jamais abordé une manière claire le futur rôle de l’Etat face aux mutations tant internes qu’internationales.
En effet , les enjeux futurs étant essentiellement économiques, base de tout pouvoir, et comme dans tous les pays en transition la société algérienne se trouve naturellement confrontée à deux tendances lourdes, avec au milieu une majorité « le marais » qui ne comprend pas les enjeux, qui seront entre 2017/2020/2025 essentiellement économiques, entre les acteurs défavorables et les acteurs favorables aux réformes d’où l’importance des dossiers éminemment politiques comme celui des hydrocarbures, lieu de la production de la rente, du système financier, lieu de distribution de la rente, et celui du partenariat-privatisation , couplé avec celui d’un système socio-éducatif performant ,lieu de la production de la plus value qui en dynamique engendrera de nouvelles forces sociales soit rétrogrades si l’on s’oriente vers un nouveau monopole privé, soit porteuses de progrès si l’on instaure une totale transparence pour une économie de marché véritablement concurrentielle.
Aussi, la tendance rentière consiste à gérer le dossier des réformes selon une vision bureaucratique à partir d’injonctions administratives reposant sur des relais administratifs – le bureau, nécessaire dans toute société, mais à la différence des pays développés analysés par Max weber, étant un facteur bloquant qui participe pour plus de 60% au blocage de l’investissement utile. Cela se traduit objectivement auprès des observateurs nationaux et internationaux par un immobilisme, oubliant que le monde ne nous attend pas.
Le bilan dressé à partir des documents officiels, montre les limites de cette démarche qui peut conduire à un échec programmé, du fait que, pour masquer cet échec, l’on réalise des replâtrages organisationnels, et des lois rarement appliquées .
5.- Pour dépasser cette démarche, qui sous l’apparence d’un slogan techniciste, sous-tend elle-même une vision politique et économique, reposant sur l’ancienne vision culturelle matérielle des années 1970/1980, les défis futurs de l’Algérie doivent concilier efficacité économique et cohésion sociale dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux ( sa place naturelle est dans l’espace africain et méditerranéen tout en n’oubliant pas le continent Afrique). Force est de constater qu’au moment où les entreprises mondiales , grandes et PMI/PME s’organisent en réseaux, correspondant à une phase historique où l’entreprise, se concentrant sur ses métiers de base en externalisant bon nombre d’activités secondaires, où l’industrie manufacturière connaît une crise rarement égalée au niveau mondial, l’Algérie continue de fonctionner sur des schémas périmées.
L’on devra impérativement éviter des expérimentations théoriques avec des coûts faramineux pour le pays, l’expérience comme ces micro unités de voitures dont la majorité risque la faillite à terme après avoir puisé dans les réserves de change pour leurs composants , toute unité fiable devant vivre sur son compte devises.
En 2017, l’Algérie importe presque tout et n’exportant presque rien sinon les hydrocarbures à l’état brut ou semi brut. Que deviendra le pays si l’on n’a pas préparé dès maintenant l’ère hors hydrocarbures ? Il faut donc créer le cadre propice afin d’éviter des tensions sociales à terme pour deux raisons . Première raison, la croissance de la population active, c’est-à-dire que le flux annuel de demandes d’emplois et une réduction du taux de chômage actuel implique un taux de croissance élevé pour atténuer à terme les tensions sociales. Il existe des lois économiques universelles applicables à tous les pays : le taux d’emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité.
On ne crée pas des emplois par des lois et décrets : c’est l’entreprise qui crée l’emploi. Or, Sonatrach ne créant pas d’emploi est déjà en sureffectifs. Pour créer trois millions d’emplois, il faudra un taux de croissance entre 2017/2020 minimum de 7/8% minimum par an, à moins que le gouvernement ait des solutions innovatrices loin des actions de distribution de salaires fictifs au nom de la solidarité ou des milliers de jeunes s’adonnent temporairement à désherber les routes ou à faire et refaire des trottoirs. Les résultats des organismes chargés de l’emploi, ANDI l’ANSEJ autant que le CNAC, sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. Or, la population en âge de travailler augmente chaque année de près de 3,4%.
La pression sur le marché du travail est le fait des jeunes qui représentent 50% de la population active. La production et les exportations hors hydrocarbures y compris les services marchands, liées à l’approfondissement de la réforme globale sont la condition sine qua non pour la création d’emplois durables existant d’ailleurs un sureffectif au niveau des administrations et de certaines sphères économiques étatiques en comparaison avec des pays semblables. Deuxième raison, le taux de croissance est relativement faible en référence à la dépense publique.. Comparé aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développement dépensant le 1/3 de l’Algérie ont des taux de croissance plus importants. Ces dépenses ont été rendues possible essentiellement grâce aux recettes exceptionnelles des hydrocarbures Qu’en sera-t-il si le cours stagnent à 50/55 dollars ou encore moins entre 40/45 dollars ?
A ces cours, cela rendrait non rentables certains projets gaziers et pétrochimiques hautement capitalistiques au vu que dans d’autres pays, elles traversent une crise de demande bien que déjà amorties. Aussi, il y a donc risque de tensions sociales croissantes en cas d’amenuisement des ressources financières, ne posant certes pas de problèmes pour trois années. Car que sont les 100 milliards de dollars de réserves de change mai 2017? En raisonnant à prix constant un dollar 110 dinars, 120 dinars un euro au cours officiel cette dévaluation rampante de la monnaie algérienne affecte la valeur des importations, le risque étant un retour à l’inflation importée malgré les subventions généralisées et non ciblées.
Ne faut-il pas s’attaquer à l’essence, c'est-à-dire à l’inefficacité de la dépense publique, vecteur de concentration des revenus au profit de couches spéculatives, qui ne peut qu’entraîner une détérioration plus poussée du pouvoir d’achat des Algériens ? Cette hausse du taux d’inflation impliquera forcément la hausse des taux d’intérêts des banques primaires, si elles veulent éviter la faillite, décourageant l’investissement productif.
6- Quelle conclusion ? Je ne rappellerai jamais assez que le moteur de tout processus de développement réside en la recherche développement, que le capital argent n’est qu’un moyen et que sans bonne gouvernance et le primat de l’économie de la connaissance aucun projet n’a d’avenir. En ce XXIème siècle, face à un monde turbulent et instable où les innovations technologiques sont en perpétuelles évolutions, l'Algérie repenser son modèle de développement d’une manière générale sa politique industrielle et son modèle de consommation énergétique en particulier, devant s’orienter vers un MIX énergétique.
Il existe, pour l’Algérie, des possibilités pour augmenter le taux de croissance du fait d’importantes potentialités, malgré la crise, supposant une nouvelle gouvernance stratégique des institutions et des entreprises. Les infrastructures, ayant absorbé l’essentiel de la dépense publique en Algérie ne sont qu’un moyen du développement, et qu’il faille méditer l’expérience malheureuse de l’Espagne qui a misé sur ce segment qui a vu son économie s’effondrer car ayant négligé les technologies se fondant sur le savoir.
C’est l’entreprise dans le cadre des valeurs internationales, sans aucune distinction publique, privée nationale et internationale qui crée la richesse. Toute analyse opérationnelle devra relier le processus de transfert de technologie tant aux nouvelles mutations technologiques mondiales, la crise actuelle devant entrainer un profond changement à la fois géopolitique, socio-économique, managérial et technologique horizon 2017/2030. Le passage de l’Etat de « soutien contre la rente » à l’Etat de droit « basé sur le travail et l’intelligence » est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et politique entre la Nation et l’Etat. C’est la norme du droit qui doit légitimer le véritable statut de la citoyenneté. Car l’Etat de droit, ce n’est pas un Etat fonctionnaire, qui gère un consensus de conjoncture, mais un Etat fonctionnel qui fonde son autorité à partir d’une assimilation consciente des besoins présents de la communauté et d’une vision future de ses perspectives.
(1)- Voir étude « pour une nouvelle politique des carburants » -Ministère Energie Alger (8 volumes) 2006/2007/ -audit réalisé sous la direction du Dr Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des Universités Expert international en management stratégique directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007- membre de plusieurs institutions internationales sur l’énergie.
-Conférence donnée par le professeur Abderrahmane MEBTOUL à la conférence nationale sur le développement économique et sociale le 04 Novembre 2O14 en présence du premier ministre et des membres du gouvernement : reproduite début fin octobre/novembre 2014 dans la presse nationale et internationale dont le site www.algerie1.com dans une contribution intitulée sous le titre « « le Pr Mebtoul préconise la création d'un comité indépendant de sauvegarde contre les effets de la crise » . Avons-nous été écoutés depuis ? Je ne puis oublier ce jour ou la majorité des ministres et des experts, affirmant que le cours allait remonter , ont ricané devant cette proposition et que le Pr Mebotul était un oiseau de mauvaise augure - Même les experts du conseil économique et social ont induit en erreur les autorités du pays par des rapports de complaisance entre 2013/2014.
-Interview du professeur Abderrahmane MEBTOUL raisons et impact de la chute du cours du pétrole sur les équilibres économiques en Algérie : Radio Algérie- chaine III 10 octobre /2014
- Débat avec les professeurs Antoine Halff responsable Agence internationale Energie et ancien économise en chef au département US Energie (AIE) et Abderrahmane Mebtoul (Algérie) organisé par Radio France Internationale –siège RFI Paris le 25/10/2014 : "Enjeux géostratégiques, situation et évolution du marché mondial de l’Energie". Ont été abordés les perspectives et les mutations futures du marché mondial de l’Energie horizon 2020/2030 et les conséquences en cas de chute des cours des hydrocarbures traditionnels sur les économies des pays dépendants de cette ressource et les stratégies des pays de l’OPEP représentant que 35% de la commercialisation mondiale et hors OPEP ainsi que l’impact de la commercialisation du gaz/pétrole de schiste.