La chute brutale des cours du pétrole qui donne des sueurs froides aux dirigeants des pays producteurs ne semble pas inquiéter outre mesure nos responsables.
La menace est pourtant plus prononcée pour l’économie algérienne qui dépend à hauteur de 97% des recettes des hydrocarbures. Curieusement le grand argentier du pays M. Mohamed Djellab assure avec aplomb un pas de panique !
Suite à la chute lundi du prix du pétrole en dessous de 70 dollars sur les marchés internationaux, les acteurs politiques et les médias se sont légitimement inquiétés du sort de notre économie basée précisément sur la seule vente de l’or noir.
Et que dit le ministre des finances ? Ne vous inquiétez pas, notre pays est «préparé au choc des prix du pétrole».
On comprend le souci de ce responsable voire du gouvernement de vouloir rassurer les algériens que leur pays ne sera pas en proie à une crise financière aigue.
C’est à la limite son job de ne pas alarmer la population déjà fragilisée par une inflation galopante. Sauf que les arguments développés par le ministre paraissent tirés par les cheveux.
Djellab nous explique doctement que l’Algérie a choisi d’appliquer des «politiques de prudence» depuis un certain nombre d’années en anticipant le paiement de sa dette extérieure, en constituant des réserves de changes et un fonds de régulation des recettes et surtout en se basant sur un prix de référence du baril de pétrole à 37 dollars pour l’élaboration de ses lois de finances.
Des arguments spécieux
Or cette politique de prudence dont parle le ministre n’a pas empêché les recettes du pays de fondre de 50% en 2008 dans le sillage de la crise des «subprimes» aux Etats unis.
Aussi, le payement anticipé de la dette est une bonne idée certes, mais ne pourra servir de rempart contre une crise financière dans ce contexte de raréfaction des recettes pétrolières.
Le fait est que l’Algérie affiche depuis cinq ans un déficit budgétaire plus au moins important. Un déficit qui est financé justement par le fond de régulation des recettes (FRR). Et si d’aventure la tendance baissière des cours du pétrole se poursuit, ce fond risque de fondre comme neige au soleil.
On va dépenser à fond la caisse !
Avec un programme d’investissements publics massifs et budgétivores et une masse salariale insupportable surtout avec les augmentations des salaires dans la fonction publique, il n’est pas sûr que ce FRR puisse être d’un grand secours pour notre économie.
Mohamed Djellab a-t-il été obligé de faire cette «exégèse» financière pour rassurer via la télévision nationale ? Tout porte à le croire surtout dans ce climat politique délétère marqué par des incertitudes sur la révision de la constitution.
Le ministre promet aussi «qu’aucune incidence financière» n’est à craindre pour les dépenses publiques notamment celles engagées au titre des investissements.
En termes simples, l’Etat est déterminé à dépenser sans compter et sans se soucier des prix du brut. Des propos qui inquiètent plus qu’ils ne rassurent quand on observe que le président du Venezuela, Nicolas Maduro dont le pays dépend à 96% de la rente pétrolière a déjà ordonné des coupes budgétaires et des ponctions sur les salaires des responsables.