En annonçant la convocation du corps électoral dans une semaine, le ministre de l’intérieur aura donné le coup d’envoi officiel à la pré-campagne électorale pour la présidentielle d’avril. Il aura dans le même temps, ouvert le bal des supputations, rumeurs et autres montages politiques plus au moins plausibles sur les prétendants et même le futur heureux élu.
A nos électeurs et observateurs de nous livrer à nos petits jeux pour décrypter les faits, les gestes et les petites déclarations de certains prétendants et autres acteurs politiques qui gravitent autour des présidentiables potentiels. Si presque tout le landerneau algérois est convaincu que le président sortant Abdelaziz Bouteflika ne briguera pas un quatrième mandat pour des raisons évidentes de santé, nul n’est pourtant sûr de ce pronostic.
Partira, ne partira pas. C’est la question qui brûle les lèvres de nombreux observateurs, en ce sens que la réponse conditionne tout le reste. Si Bouteflika étonne son monde et décide in fine, de concourir à nouveau même diminué, il ne faudrait pas sortir de Saint Cyr pour comprendre que cette éventuelle décision a fait l’objet d’un consensus des centres du pouvoir.
L’exception algérienne
A contrario, si le président annonce sa retraite politique, c’est le bal ouvert pour les prétendants issus du régime pour se faire adouber par les décideurs. Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, Ahmed Ouyahia et Abdelamlek Sellal font ainsi figure de virtuels candidats à une alternance clanique qui ferait sauver la façade du régime et éviter les secousses d’une rupture.
Pour l’heure, malin qui pourra dissiper cet écran de fumée et nous expliquer de quoi sera fait le scrutin d’avril prochain. Il y a tellement d’enjeux nationaux et régionaux qu’il parait aléatoire de faire passer une hypothèse sur une autre. Les voix du système étant impénétrables, les algériens sont réduits à juger et jauger à l’aune de ce qui se raconte dans les journaux par les mêmes acteurs et les mêmes actants.
La crédibilité étant le chaînon manquant à ces effets de manches et ces montages politiques aussi invraisemblables que spectaculaires.
Paris ouverts…
C’est là l’une des tares les plus tenaces qui colle au paysage politique national dont la singularité est d’être totalement opaque alors qu’il est question de l’avenir du pays. Il n' y a de débat ni sur le projet de société, ni sur les choix politiques et économiques. Le point focal de l’élection présidentielle chez nous se résume hélas au listing d’un cercle fermé de candidats susceptibles d’avoir les bonnes grâces des décideurs et quelques «Sanafirs» qui devraient servir de décor à une élection faussement pluraliste.
Il n’est alors pas surprenant qu’à quatre mois du scrutin, personne ne sait qui sera le président de notre chère république. Et pour le coup, y compris Abdelaziz Bouteflika de par son état de santé. Les paris sont ouverts, faites vos jeux !