Un peu plus de quatre mois nous séparent de la présidentielle du mois d’avril prochain, dont la tenue avait été officiellement confirmée néanmoins par le Premier ministre et le ministre de l’intérieur. Si les candidats, les vrais, tardent à se manifester en raison du suspens lié à la participation ou non du président Abdelaziz Bouteflika, des partis politiques et des personnalités tentent de briser la chape de mystère qui entoure cette drôle d’élection.
Ce lundi dix neuf partis politiques, dont le MSP, le RCD, Jil Djadid et des personnalités dont l’ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour, l’ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, le colonel du DRS (à la retraite) Mohamed Adhimi et l’ex député Mohamed Arezki ont signé lundi une déclaration dans laquelle ils rejettent le projet de révision de la Constitution et exigent la mise en place d’une commission indépendante du pouvoir pour superviser la présidentielle d’avril 2014.
« Nous exigeons la mise en place d’une commission nationale indépendante du Gouvernement qui sera chargée de préparer et d’organiser l’opération électorale dans ses différentes phases », écrivent les signataires de cette déclaration. « Nous ne pouvons plus croire à quelque mesure où à quelque engagement des autorités officielles pour assurer la régularité et la transparence de la prochaine élection présidentielle » argumentent encore les signataire de la déclaration pour qui cette commission indépendante est seule à même de crédibiliser l’élection du mois d’avril.
La mise en place de cette commission indépendante a peu de chance de trouver un écho favorable auprès des autorités, car le nouveau ministre de l’Intérieur, Tayeb Belayez, avait expliqué la semaine dernière que « dans tous les pays du monde l’organisation matérielle et administrative de l’élection relève des compétences du Ministère de l’Intérieur ».
Néanmoins, Tayeb Bélayez a rappelé que les partis politiques ont toujours eu la possibilité de créer une commission indépendante de l’administration, composé des représentants des partis politiques aux fins de contrôler le déroulement des élections. Pour les précédentes législatives, deux commissions avaient été mises en place : celle composée des représentants des partis et celle constituée de magistrats, présidée d’ailleurs par Mohamed Boudi, qui vient d’être désignée à la tête de la Cour suprême, en remplacement de Kadour Bradja.
Depuis l’instauration du pluralisme politique en Algérie, ce genre de commissions composées de représentants des partis ont toujours existé, mais elles n’ont jamais réussi à empêcher la fraude au profit des partis et des candidats du pouvoir, car elles n’ont pas disposé de suffisamment de moyens matériels pour exercer pleinement leur mission de suivi et de contre-pôle, comme elles ont été aussi soumises à des pressions politiques de l’administration.
A propos de la révision constitutionnelle, la seule information disponible à ce propos est que le projet, confié à une équipe de cinq spécialistes en droit constitutionnel, est finalisé et remis au président Bouteflika. Sans doute que le chef de l’État attend une fenêtre de tir pour lancer le projet. « Nous demandons au président Bouteflika de mettre en œuvre dans les meilleurs délais la révision constitutionnelle », avait réclamé, la semaine dernière, Amar Saâdani, patron du FLN, le parti majoritaire en Algérie.