Comme d'autres monnaies des pays émergents, le rand sud-africain est en chute libre à cause d'un prochain changement dans la politique monétaire des Etats-Unis, mais également en raison de faiblesses internes qui provoquent l'inquiétude des investisseurs. "Depuis le début de l'année, le rand, comme les autres monnaies des pays émergents, s'est fortement déprécié par rapport au dollar, d'environ 17%", souligne Daniel Makina, professeur à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa), cité par l'agence AFP.
La dégringolade est particulièrement marquée en Afrique du Sud, plus qu'en Inde ou au Brésil: alors qu'il fallait 8,75 rands pour obtenir un dollar en janvier 2013, le taux était vendredi midi de 10,22 rands, se reprenant quelque peu après un record de 10,44 rands tôt jeudi matin, le point le plus bas depuis quatre ans. Par rapport à l'euro, le rand ne cesse également de plonger. "Cette dépréciation s'explique par la fin annoncée de la politique monétaire très accommodante des Etats-Unis, l'argent que l'on recevait jusqu'à présent commence à repartir vers le continent américain", ajoute l'universitaire.
En mai, la Réserve fédérale (Fed) américaine a en effet indiqué qu'elle comptait mettre fin aux injections massives de liquidités pratiquées pour soutenir la croissance aux Etats-Unis. Cette politique avait contribué à restaurer la confiance, poussant les investisseurs à s'aventurer sur les marchés émergents. Mais ils ont commencé à se retirer, selon le classique phénomène dit d'"aversion au risque". "Gérez vos affaires intérieures et les affaires internationales d'une manière responsable, afin que les effets négatifs sur nos économies ne soient pas aussi graves", a réagi en juin le ministre des Finances sud-africain, Pravin Gordhan.
Le retrait des capitaux étrangers entraîne un cercle vicieux: le rand s'effondre et les sources de crédit se tarissent, créant un renchérissement des importations, notamment de pétrole, et une poussée générale de l'inflation. Les mauvaises performances économiques de l'Afrique du Sud par rapport aux autres pays en développement -avec une croissance prévue de seulement 2,0% cette année- aggravent encore davantage la situation.
Mais il y a aussi des raisons internes à l'effondrement du rand, plusieurs secteurs de l'économie -automobile et minier notamment- étant engagés dans des négociations salariales difficiles qui créent de l'incertitude, souligne des économistes sud-africains. "Nous n'espérons pas de remontée du rand à l'avenir, avec des prévisions donnant 9,75 rands pour un dollar en 2013, 10,14 en moyenne en 2014 et autour de 10,40 en 2015", ont-t-ils noté.(Agences)