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Pas de "bonne nouvelle" pour Sidi Said !

23-02-2014 16:54  Rafik Benasseur

Que dira l'inamovible secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Said aux milliers de travailleurs algériens auxquels il a promis de "très bonnes nouvelles" au terme de la tripartite ?

La question coule de source quand on voit que la "moisson" de cette réunion précédée d'un grand bruit à coups de promesses ronflantes, du SG de l'UGTA est plutôt maigre.

Le fameux article 87bis que Sidi Said a promis de faire sauter a résisté stoïquement sans qu'il ne puisse afficher ne serait-ce qu'une moue.  Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a tôt fait de détruire l'optimisme populiste de Sidi Said en assénant en ouverture de la tripartite qu'une nouvelle définition du SNMG (salaire national minimum garanti) interviendra à la faveur de la promulgation de la Loi de Finances 2015.

"Cette nouvelle définition du SNMG est proposée à la présente Tripartite (gouvernement, UGTA, patronat) compte tenu du souci d'apporter certains correctifs, en particulier au profit des travailleurs lésés" a expliqué M. Sellal, face au patron de l'UGTA qui n' y a vu que du feu...

Le Premier ministre qui n'ignore pas la dangerosité de gonfler encore les salaires du secteur public économique sans contrepartie productive a donc battu les arguments populistes de Sidi Said qui lui, ne compte pas sur son salaire pour vivre...

Sellal a expliqué en effet que cette "nouvelle définition" du SNMG vise aussi à "améliorer la productivité" de l'outil national de production et les résultats de l'entreprise, "source essentielle de création de richesse".

La hausse du SNMG ce serait en 2015...

Autrement dit, il n'est pas question d'augmenter les salaires dans un contexte marqué par un niveau de production lamentable au risque de booster l'inflation et tuer l'entreprise.

M. Sellal a, en outre, rappelé que l'UGTA demande l'abrogation de l'article 87 bis de la Loi 90-11 relative aux relations de travail "au motif que la définition qui y est donnée du SNMG pénalise en particulier les travailleurs des basses catégories  professionnelles".

La définition donnée au SNMG "ne permet pas aux entreprises plus de flexibilité pour mieux rétribuer les rendements des travailleurs ou pour indemniser toute sujétion à l'organisation ou aux conditions particulières de travail", a-t-il expliqué.

"Nous avons le devoir de mobiliser toutes les forces vives de ce pays et en particulier les travailleurs pour relever les défis qui nous sont imposés", a conclu le Premier ministre.

Résultat, Sidi Said n'a pas eu son "cadeau"social et c'est plutôt une "mauvaise nouvelle" qu'il doit annoncer aux travailleurs qui sont encore affiliés à son appareil.

Pas de cadeau au dépend de entreprise

Au-delà de cet échec cuisant de l'UGTA de forcer la main au gouvernement dans un contexte pré-électoral, il faut se féliciter de ce que les pouvoirs publics n'aient pas franchi la ligne rouge qui aurait été fatale à une économie nationale déjà bien fragile.

L'expert économiste Abdelhak Lamiri, n'a d'ailleurs pas manqué aujourd'hui de souligner lors de son passage à la radio, qu'une politique d'amélioration des salaires doit être obligatoirement "engagée en corrélation avec la relance de la croissance économique et une meilleure productivité du tissu économique national".

C'est du reste la doctrine que l'ex chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a toujours défendu à savoir imbriquer la hausse des salaires à la création de richesses.

M. Lamiri a averti qu'en aucun cas "le matelas de réserves en devises dont dispose l'Algérie ne devrait servir à financer une politique de relance salariale".

Sid Said serait donc mieux inspiré de pousser les travailleurs dont il se fait le porte parole à redoubler d'effort au lieu de leurs promettre monts et merveilles par la magie des tripartites sociales ...au parfum politique.



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