L'ex chef du gouvernement a évidemment le droit de rêver d'être président de la République. Quoi de plus légitime pour un avocat connu, un défenseur des droits de l'homme reconnu et bien sûr un ancien haut fonctionnaire de la république. Ali Benflis a certainement un bon voire un très bon CV pour postuler logiquement à la fonction suprême. Mais pas par n'importe quel moyen tout de même...
Depuis quelques jours, "Si Ali" donne l'impression aux algériens d'avoir un peu perdu de son sang froid. L'homme est connu pour sa bonhomie, sa réserve et son sens de la mesure. Mais là.... Faire du retour du FIS dissous une rampe de lancement pour le palais d'El Mouradia, ça ne lui ressemble pas trop. On est tenté d'écrire que Benflis se lance non pas par conviction mais par dépit anticipé dans une opération de charme aux monstres des années de braises.
Non M. Benflis, si vous voulez être élu président de la République battez-vous sur le terrain et charmez les algériens par un programme original qui sorte de sentiers battus de la "stabilité" et des changements dans la continuité. Soyez créatifs, faites bouger les lignes du système dont vous êtes un fils légitime. Mais de grâce, ne remettez pas en selle l'autre FIS, le microbe qui a infesté l'Algérie durant une décennie rouge-sang.
Quand "Si Ali" veut s'allier avec Ali
Beaucoup de vos sympathisants ont été estomaqués par votre nouveau discours sur le retour du FIS. Ils ont du mal a croire leurs oreilles. Et pour cause ! La réconciliation nationale c'est bien, que les algériens apprennent se parler c'est aussi bien. Mais pensez-vous que nous soyons naïfs pour oublier le passé infernal des années 90 dont le FIS fut le "maître d'ouvre ?".
Non. M. Benflis, vous faites fausse route pour arriver à El Mouradia. Vous avez pris un chemin tortueux et douloureux. Il n' y aura pas beaucoup d'Algériens qui pourraient vous suivre sur ce rythme. Faites une pause, peut être réviseriez-vous quelques graves lapsus politiques qu'on pourrait mettre sur le compte de la fatigue après une première semaine de campagne.
Déterrer un cadavre
Détrompez- vous, la base ou ce qui reste de l'ex FIS ne pèse pas lourd aujourd'hui pour vous décider à la draguer. Plus généralement, on pourrait même dire que l'islamisme politique ne représente plus une menace en Algérie. Vous n'avez qu'a voir que pour une fois, on aura une présidentielle sans candidat islamiste. Pourquoi alors teniez-vous à ce point à réveiller un cadavre politique ?
Vous dites vouloir aller plus loin que les politiques de la "Rahma", la "Concorde civile" et "la réconciliation nationale". Où voulez-vous nous emmener M. le "président Benflis ?". On craint désormais que vous n'ayez en projet d'élever Ali Benhadj au rang de Premier ministre, puisque vous constatez que la Rahma, la concorde et la réconciliation sont "insuffisantes".
On a toutes les raisons du monde de craindre le pire. Et tant qu'à faire, laissez donc Abdelaziz Bouteflika terminer son "oeuvre" bien qu'il ne se soit jamais laissé entraîné sur ce terrain de l’amnistie générale et de la table rase. Un conseil M. Benflis : Soyez président mais pas au nom du FIS. Ce serait une satanée alliance. Du calme, s'il vous plait...