Les développements dangereux en cours en Irak exposent ce pays au danger de l’expansion du terrorisme pour atteindre les différentes provinces du pays, suite au contrôle par les groupes terroristes, les baasistes et les takfiris de celle de Ninive.
Selon le journaliste expert dans les affaires saoudiennes Fouad Ibrahim, l’Arabie Saoudite se trouve aujourd’hui directement concernée par le renversement des équations géopolitiques, au moment où certaines données montrent qu’elle sera la prochaine cible dans la région.
Parmi ces données, l’écrivain au journal libanais al-Akhbar cite les pertes successives saoudiennes subies en Syrie depuis l’annulation de la frappe militaire américaine contre ce pays en septembre dernier. Ces pertes ont favorisé :
1- Les exploits militaires de l’armée syrienne réalisés en un an. Ces exploits ont saboté le projet de renversement des autorités syriennes et furent derrière la promulgation du décret royal saoudien le 3 février dernier sur l’incrimination des combattants saoudiens à l’extérieur.
Les pertes en Syrie ont poussé l’Arabie Saoudite à chercher d’autres champs de batailles afin d’entrainer les groupes armés dans de nouveaux combats. Ces groupes se sont trouvés face à un combat sans horizon, et il est donc normal qu’ils aillent à la recherche d’alternatives capables de leur assurer une compensation morale au moins.
2- La victoire écrasante de la coalition de l’Etat de la loi en Irak, présidée par le Premier ministre Nouri Maliki, lors des législatives. Parallèlement, les alliés de Riyad ont subi un revers cuisant, comme Iyad Allaoui et Oussam Noujeifi.
Ministère saoudien de l’intérieur : Pas de plan pour accueillir les combattants rentrant du combat
« En cas de victoire de Nouri Maliki dans les élections parlementaires, l’Irak sera partagé », avait averti l’ancien chef des renseignements saoudiens Turki Fayçal le 22 avril dernier. Ce fut donc un message clair au camp adverse et non de simples prévisions.
Les propos de Fayçal ont été interprétés par des écrivains saoudiens comme suit : « Le maintien de Maliki pour un troisième mandat favorisera la partition de l’Irak en trois provinces : sunnite, chiite et kurde » !
Voilà comment l’Arabie Saoudite a cherché à empêcher les Irakiens de s’exprimer dans des élections supervisées par une commission internationale et dont le critère de la transparence et de l’honnêteté est garanti.
L’offensive de l’EIIL contre Mossoul n’est qu’une interprétation pratique de la position saoudienne. Les avertissements de Turki Fayçal commencent à se réaliser.
3- Il est clair que le retour des combattants saoudiens au pays représente un danger accru pour le royaume voire pour la sécurité de toute la région. Mohammad ben Nayef, le ministre de l’intérieur saoudien, fut chargé de suivre le dossier des combattants saoudiens, alors qu’une réunion avec les différents services sécuritaires américains le 12 février dernier fut centrée sur la nécessité de lutter contre les groupes extrémistes dans la région.
Mais plusieurs indices ont montré que les autorités saoudiennes n’ont pas dressé un plan pour réintégrer et réhabiliter les combattants revenant des champs de bataille.
Donc, il est devenu primordial de trouver un autre champ de bataille pour épargner au royaume le danger de leur retour dans le pays. Déjà, l’Arabie Saoudite passe par sa pire période dû au conflit au pouvoir entre le roi et l’aile des sadiris qui perd de terrain en faveur des fils du roi Abdallah. Sans oublier le mécontentement populaire accru contre le pouvoir. Tout ceci pourra contribuer à l’effritement de l’Entité.
La succession des événements en Irak ne fut guère du hasard. Que ce soit l’évacuation des postes militaires, ou le déplacement organisé et rapide des groupes combattants en Syrie vers Mossoul, ou encore les voitures neuves et trop chères utilisées pour fixer les lance-roquettes et les mitrailleuses, à bord desquelles se trouvent les combattants et les munitions pour mener une mission d’envergure en Irak.
Le régime saoudien s’est retrouvé assiégé par des faits qui mènent tous à sa fin et à son isolement. Il ne lui reste alors que de saboter l’équation politique irakienne, après avoir perdu le pari en Syrie.
Se résigner devant ces faits signifie attendre passivement l‘expansion de l’EIIL et l’arrivée de ses combattants aux pays du Golfe. Ainsi, la stabilité sécuritaire et politique dans la région sera du passé.
Le roi Abdallah s’est engagé en 2007 dans une réunion avec une délégation politique irakienne de présenter le double des dépenses lors de la guerre de Saddam Hussein contre l’Iran (1980-1988) afin de renverser le gouvernement de Nouri Maliki.
Ce dernier a révélé qu’en 2011 le chef du courant du Futur libanais Saad Hariri lui a rapporté le refus du roi Abdallah que la capitale des Abbasides soit dans les mains de Maliki et que la capitale des Omeyyades dans les mains d’Assad. Donc, Riyad cherchait à libérer l’une d’elle.
Dans cette situation de faiblesse dont souffre le régime saoudien, celui-ci adopte la même politique en Irak qu’en Syrie dans le but de détourner l’attention et de dissiper la colère du peuple.
En Mars 2011, l’Arabie fut sur le point d’assister à un printemps arabe sur son territoire mais le régime a réussi à le dérouter, par le biais d’une campagne à laquelle ont participé des institutions médiatiques, religieuses, politiques et sécuritaires visant à créer une cause alternative. Cette cause n’était autre que « le renversement du régime alaouite en Syrie ».
Mais une fois le projet de renversement d’Assad a échoué, les répercussions de cet échec ont commencé à se faire voir à travers les menaces du groupe terroriste Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) de mener des attentats à l’intérieur du royaume et de régler les comptes avec les Salouls (les Saoud selon les termes d’al-Qaida).
L’Irak fut alors l’alternative. Des séquences vidéo ont été postées sur Youtube montrant des combattants saoudiens en train de collecter les butins de l’armée irakienne et de filmer des soldats irakiens pris en otage.
Les Saoudiens ont pris en charge les attentats suicides. L’EIIL ordonne à ses éléments saoudiens de mener des « attaques martyres ». Des attaques entamées par Abou Souleimane et Abou Awad Jezraoui. La vague des attentats a ensuite grandi.
Une autre donnée : mort d’un officier saoudien par les forces irakiennes près de Mossoul. Les pages de socialisation débordent de récits sur des combattants saoudiens à Mossoul, Salahedine, Diyal et autres… dans les jours qui viennent, le nombre et le rôle des Saoudiens dans la structure organisationnelle et militaire de l’EIIL se révèleront de plus en plus.
La campagne de provocation sectaire en Arabie n’a pas nécessité trop d’efforts pour que l’Irak devienne le nouveau champ de bataille de l’EIIL. Ce groupe qui avait menacé d’envahir le Golfe par la porte koweitienne, poussant ainsi le Koweit à déclarer l’état d’alerte maximale sur ses frontières avec l’Irak. (al-Akhbar-al-Manar)
traduit du site al-Akhbar