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Participer à la fête du 14 juillet : est-ce une bonne chose ?

14-06-2014 19:37  Rafik Benasseur

On sait désormais de source officielle française que l’Algérie participera aux cérémonies du 14 juillet marquant le fête nationale de l’Hexagone. Pour l’Algérie, ce sera une première depuis son indépendance. Ayant toujours pris ses distances vis-à-vis des célébrations et réjouissances de l’ancienne puissance coloniale, l’Algérie entretient une vision passéiste de ses rapports avec la France.

Et elle en a le droit et même le devoir de ne pas déchirer cette page sombre de l’histoire nationale écrite du sang des martyrs.

Se pose alors la question de savoir s’il était opportun pour notre pays de partager la joie de la France à cette occasion alors même que cette dernière n’a pas encore soldé son passé et son passif en Algérie.

Loin de toute vision sectaire et ringarde, cette question coule de source tant la France n’a pas fait un grand pas qui aurait pu justifier un tel geste d’une grande portée symbolique.

Ne s’y trompons pas, même si les troupes de l’ANP ne participeront pas au défilé de l’avenue des Champs Elysées, ce serait une double caution diplomatique et historique de la part de notre pays.

Du moins c’est comme cela que cette participation est certainement appréhendée de l’autre côté de la méditerranée.

Une première depuis l’indépendance

Tous les présidents français de Chirac à Hollande en passant par Sarkozy avaient plaidé avec une ressemblance frappante sur la nécessité de tourner la page sombre de la colonisation. Cachez nous cette séquence dont nous ne sommes pas très fiers mais pour laquelle nous ne sommes pas prés de nous excuser. C’est poussé jusqu’ à la caricature, cette attitude que partagent les hauts responsables français à qui il faut reconnaître une cohérence discursive qu’ils soient de droite ou de gauche.

A bien y réfléchir, ces présidents et ces hauts responsables de l’Hexagone ont raison de défendre leur pays et de faire en sorte qu’il ne s’excuse pas de ses méfaits qu'eux mêmes reconnaissent.

Quelle contrepartie ?

Il appartient donc aux responsables algériens d’être dignes du message de Novembre et de ne pas dilapider le sermon et le sacrifice des moudjahidines sur l’autel des considérations politiciennes.

Il est certes grand temps d’instaurer des relations «adultes» avec la France fondées sur le respect mutuel et les intérêts bien compris des deux pays. Mais ce dessein ne devrait pas passer sur des cadavres. Jusqu ‘à preuve du contraire, la France sous Hollande ne s’est pas fendue d’excuses ni de remords comme elle l’exige (?) de la Turquie pour ses présumés crimes en Arménie.

C’est sur cette exigence morale et historique que l’Algérie gagnerait à adosser ce souhait partagé de tourner la page et dépassionner une relation franco-algérienne crispée par les pesanteurs du passé colonial.

Or, ce déplacement des hauts gradés de l’ANP aux Champs Elysées peut s’interpréter comme un cadeau unilatéral de l’Algérie à la France qui reste sur sa position. On ne voit pas la contrepartie de cette présence très symbolique. En France l’affaire, c’est sûr, va faire le «buzz». Et il y a de quoi...



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