Le programme électoral du président Bouteflika, après avoir été plébiscité par les algériens le 17 avril dernier va entrer dans sa phase opérationnelle à partir de cette première semaine du mois du juin. Dimanche débuteront en effet les consultations politiques autour du projet de révision constitutionnelle à El Mouradia, tandis que au palais Zighout Youcef Abdelmalek Sellal présentera devant les députés le plan d’action du Gouvernement.
Les consultations politiques sont un volet majeur du programme du président Bouteflika. On peut même dire qu’elles en représentent la vitrine, car l’enjeu est, in fine, de poser les fondements d’un nouveau régime politique pour consacrer l’avènement de la « deuxième république », même si cette formule, empruntée à l’histoire politique française, n’est pas du goût de tous les acteurs politiques algériens, plus enclins à utiliser une autre formule : le rupture dans la continuité ».
Ces consultations qui débuteront donc dimanche, se feront sur fond de fracture, car ce n’est pas tout le monde qui y va et ce n’est pas tout le monde qui boycotte. Le 15 mai dernier, la présidence de la république, avait adressé des invitations à 150 partenaires constitués notamment de partis politiques, organisations et associations nationales et représentants de diverses corporations, en vertu de la décision du président Abdelaziz Bouteflika, prise le 7 mai dernier, en Conseil des ministres.
Selon le dernier communiqué de la présidence, il a été relevé que les invitations adressées ont été acceptées par "30 personnalités sur 36 destinatrices d'une invitation, 52 partis politiques sur 64 invités, toutes les 37 organisations et associations nationales destinatrices d'une invitation et les 12 professeurs d'université sollicités".
Les autorités entendent faire les choses dans la transparence, puisque ces rencontres seront "rapportées quotidiennement par les organes publics de presse qui en assureront la couverture. De son côté, la présidence de la République publiera hebdomadairement un communiqué faisant le point des rencontres tenues durant la semaine concernée", selon un communiqué de la Présidence de la République.
Un pied de nez au nouveau ministre de la communication
Néanmoins, il ya lieu de relever, non sans regrets, l’exclusion de la presse indépendante dans la couverture de ces consultations. Une telle décision est, à tout le moins, un pied de nez au nouveau ministre de la communication qui récusait le clivage presse publique /Presse indépendante, disant croire seulement à une « une presse professionnelle ». L'ostracisation vis-à-vis de la presse indépendante va certainement nourrir des doutes à l’égard des ces consultations, comme si le pouvoir a des choses à cacher.
Ce qui est de nature à conforter le rejet de l’opposition pour qui ces consultations « ne sont qu’une nouvelles mise en scène » pour un projet de Constitution déjà tranché dans ses grandes lignes. Au sein de cette opposition, il y a la Coordination pour les Libertés et la transition Démocratique (CLTD) qui prépare sa conférence nationale pour le 10 mai à l’hotel Hilton.
"Joueur et arbitre"
Articulée autour de deux partis, le MSP et un degré moindre la RCD, cette Coordination, avatar des partis boycotteurs pendant la présidentielle, entend proposer un projet alternatif. Les partis de la Coordination, convaincus, comme le pouvoir de la nécessité des réformes politiques, refusent de s’assoir à la table du pouvoir qui ne saurait, selon eux être « joueur et arbitre ».
L’autre versant de l’opposion est constituée par le Pôle du Changement avec à sa tête Ali Benflis comme locomotive. Vent debout contre le pouvoir, ce pôle travaille dans l’optique d’une présidentielle anticipée, partant du fait que le Président Bouteflika n’ira pas au bout de son quatrième mandat. Quant au programme du Gouvernement dont les députés débâteront pendant une semaine, il s’articule en sept grands axes, tels que résumés dans le communiqué du Conseil des ministres du 21 mai dernier.
Premièrement: le renforcement de la cohésion nationale, vecteur de consolidation de la stabilité et l’amélioration de la gouvernance dans le cadre d’une démarche de parachèvement de l’édification d’un Etat de droit, basé sur la promotion des valeurs démocratiques.
Deuxièmement: la poursuite et la dynamisation de la moralisation de la vie publique et l’enracinement de la culture de la citoyenneté, à travers la promotion du dialogue et de la concertation entre tous les acteurs de la vie nationale.
Troisièmement: la promotion du développement humain pour garantir l’émergence d’un capital humain maîtrisant les sciences et la technologie qui doit accompagner le processus de renouveau économique et social.
Quatrièmement: le développement de la sphère productive, à travers la poursuite de la mise en place des dispositifs destinés à accroître les investissements notamment dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture, du tourisme et de l’énergie, pour intensifier la croissance, substituer la production nationale
Cinquièmement: la poursuite de la réalisation des infrastructures de base, en l’adossant à une politique d’aménagement du territoire afin de garantir le développement de toutes les contrées du pays.
Sixièmement: le rapprochement de l’administration territoriale des citoyens et la promotion d’un service public de qualité.
Septièmement: la prise en charge appropriée et diligente des attentes de la population, notamment en matière de logements, d’emplois, de santé, de qualité de la vie, ainsi que le renforcement de la politique de solidarité nationale.
Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal sont les maitre d’ouvrage de ces deux grands projets dont le président Bouteflika est le maitre d’œuvre.