Jeudi dernier une scène cocasse s’est passée à l’aéroport d’Alger. Les joueurs de l’équipe nationale qui n’avaient pas encore récupéré de leur voyage Brésilien et leur bain de foule à Alger, étaient priés de rejoindre un appareil de Qatar Airways venu spécialement de Doha.

Et pour quoi donc ? Il s’est avéré que c’est l’émir du Qatar himself qui a envoyé cet avion pour prendre l’équipe nationale algérienne directement à Doha pour "l’honorer". Grâce au lobbying (sonnant et trébuchant) de l’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo, un scénario a été mis en place pour "détourner" les Verts juste au lendemain de leur retour en Algérie, vers le Qatar.

Objectif ? Permettre à cet émirat de faire la promotion de son mondial 2022 mal engagé et par là même offrir un retentissant coup de pub à l’opérateur Ooredoo qui fait partie de Qatar Investissement Autority.

Un incroyable montage politico-financier destiné à requinquer le dossier de Qatar 2022 entaché par des soupçons de fraudes et de corruption révélés par la presse occidental.

Mais le plus grave est cette volonté de prendre en otage l’équipe nationale algérienne en la réorientant vers le Qatar alors que les algériens n’ont pas encore assouvis leur souhait d’approcher Feghouli, Mbolhi, Bouguera qui leur ont fait honneur au Brésil.

Les Verts "détournés" vers Doha

Au-delà de ce désir légitime des supporteurs algériens de garder encore quelques jours leurs champions à Alger, il est bizarre de noter cette volonté de faire fuir les Verts d’Algérie vers un pays étranger via un avion officiel de ce pays.

Les hautes autorités algériennes ont très mal apprécié cette façon de faire. Normal, l’équipe nationale de football est un symbole du pays et appartient à l’Etat algérien et non pas à la fédération, à Ooredoo ou à l’émir du Qatar.

La moindre des précautions à prendre aurait été d’informer les responsables politiques de cette prétendue invitation de l’émir pour pas qu’elle prenne l’allure d’un vol de haut… vol.

Les Algériens étaient choqués de découvrir les détails de cette affaire dans les journaux. De savoir que le ministre des sports Mohamed Tahmi a été dépêché rapidement à l’aéroport d’Alger pour empêcher les joueurs de l’équipe nationale de rejoindre Doha. C’est qu’on a frisé l’incident diplomatique jeudi dernier…

Cette opération de quasiment "prise en otage" de l’équipe nationale de foot a été très mal vécue par les hauts responsables algériens. Surtout de la part d’un émirat qui ne nous a pas fait de cadeau durant ce qu’il convient d’appeler le "printemps arabe".

Un triple coup de pub pour le Qatar !

Qui a décidé d’embarquer les Verts dans cette histoire qatarie ? L’opinion publique a le droit de connaître les sous et les dessous de cette affaire.

L’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo a rendu public aujourd’hui vendredi hier un communiqué dans lequel il a tenté de minimiser l’incident.

On y apprend que c’est le président du conseil d’administration du groupe Ooredoo, Sheikh Abdullah Bin Mohamed Bi Saoud Al Thani qui a invité "personnellement"certains joueurs de l’équipe nationale pour les honorer et leur rendre hommage suite à la performance historique durant la coupe du monde 2014 au Brésil".

Il s’agit de Hassen Yebda, Madjid Bouguera, Faouzi Ghoulam, Rais M’bolhi, Saphir Taider et Yacine Brahimi. Ces six joueurs de l’équipe nationale sponsorisés par Ooredoo ont eu droit à une cérémonie et à un plateau sur Bein Sports.

Pour l’émir du Qatar c’est un coup triple que d’avoir ramené les Fennecs à Doha. Une belle publicité gratuite (ou presque) au mondial 2022, au bouquet Bein Sport et à l’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo. Un travail d’experts…