Nous avons assisté dernièrement, dans une ville européenne, à la réfection d’une route située dans un de ses quartiers centraux, à l’installation de nouvelles conduites d’eau et de gaz puis la pose du goudron pour finir. Les réparations ont été effectuées, de jour comme de nuit, avec une rapidité et un souci de la finition qui faisaient plaisir à voir. Une question toute bête a alors effleuré notre esprit : pourquoi sommes-nous souvent, dans notre pays, incapables d’en faire autant, de prendre soin de la tâche que nous réalisons, ne pas bâcler à tout bout de champs, surtout lorsqu’il s’agit de travaux d’intérêt public ?
Ce n’est pas toujours une question de moyens. Nous en avons parfois disposés plus qu’il n’en fallait pour des résultats qui laissent largement à désirer. Alors où se situe le problème ? D’où nous vient ce mal de l’inefficacité, de l’à-peu-près, des réalisations bancales, des «droites tordues» ? Pourquoi ceux, parmi nous, qui sont payés pour effectuer un travail ne peuvent-ils pas le faire (ou ne veulent-ils pas le faire) correctement, en assumant scrupuleusement la mission qui leur est confiée (y compris la clause morale qui figure implicitement dans leur contrat) avec rigueur et intégrité ?
Comment expliquer cette propension à bâcler, à tricher, qui est malheureusement coutumière à nombre d’entre-nous; cette malédiction qui s’est emparée de nos comportements, dans nos lieux de travail et nos espaces de vie, compromettant la cohésion de notre société, donnant le mauvais exemple à nos enfants, sapant notre confiance en nos possibilités. Notre religion nous dicte pourtant d’être vigilants dans tous nos actes, mais rarement dans nos vies ordinaires nous appliquons la vertu que nous observons dans nos mosquées.
En Algérie, en particulier ces dernières années, il était pratiquement admis que celui qui trichait, magouillait, volait «Eddôula» (l’Etat) ne commettait nul acte répréhensible, aucun péché. Plus que cela, lorsqu’il escroquait l’Etat, il considérait avoir recouvré «hakôu», c’est-à-dire ce qu’il pense lui revenir, de plein droit, de sa part du pétrole et des richesses du pays. Alors que dans les faits, l’Algérie est un pays en voie de développement qui peine à se développer, dont le peuple doit se retrousser les manches pour avancer.
On ne construit pas un pays en bâclant, en «trafiquant» à longueur de journées, avec du «tbisness», toutes ces choses pas claires, mais avec le souci du travail accompli dans les règles de l’art et dans la transparence. Bâcler, tricher, c’est le contraire de construire, c’est détruire chaque jour un peu plus.
P.S : Les joueurs de l’équipe nationale de football viennent de donner la preuve de ce que les Algériens sont capables de faire, en ne bâclant pas, en ne trichant pas !