L'Iran a affiché mardi sa fermeté sur son programme nucléaire controversé, sans exclure la possibilité d'un accord global sur les contrôles avec l'AIEA, à la veille d'une nouvelle visite à Téhéran des inspecteurs de l'agence onusienne.
L'Agence internationale de l'énergie atomique, dont une délégation est attendue mercredi matin, tente depuis un an de parvenir à un accord avec l'Iran pour enquêter librement sur la finalité du programme nucléaire iranien.
Mais Téhéran a refusé jusqu'à présent un certain nombre de demandes de l'agence qui vérifie déjà une large part du programme nucléaire, estimant qu'elles allaient au-delà de ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Nous espérons parvenir à un accord global mercredi, a affirmé mardi le porte-parole de la diplomatie iranienne, Ramin Mehmanparast.
Mais l'AIEA doit reconnaître pleinement les droits nucléaires de l'Iran, a-t-il souligné, dont le droit à l'enrichissement qui est au coeur du conflit entre l'Iran et la communauté internationale.
M. Mehmanparast a écarté la possibilité d'une visite des inspecteurs sur le site militaire de Parchin. L'AIEA soupçonne l'Iran d'y avoir procédé à des tests de détonateurs susceptibles d'être utilisés pour déclencher une arme atomique. La base de Parchin, près de Téhéran, n'a aucun lien avec les activités nucléaires de l'Iran, et cette question ne pourra être discutée que dans le cadre d'un éventuel accord global, a réaffirmé M. Mehmanparast.
L'AIEA et la communauté internationale redoutent que l'Iran, en dépit de ses dénégations répétées, ne cherche à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. Plusieurs réunions, dont la dernière en décembre à Téhéran, se sont soldées par des échecs.
La semaine dernière, le directeur général de l'agence Yukiya Amano a estimé que les perspectives d'un accord mercredi n'étaient pas forcément brillantes. Selon un diplomate occidental, sous couvert d'anonymat, des désaccords importants demeurent entre les deux parties.
L'arme atomique est haram
Cette réunion sera surveillée de près par le groupe 5+1, interlocuteur de Téhéran sur la question nucléaire iranienne depuis 2009, avant une reprise prochaine de pourparlers dans l'impasse depuis trois ans.
Le groupe, qui comprend les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l'Allemagne, s'est mis d'accord avec l'Iran sur une date, mais pas encore sur un lieu, a annoncé M. Mehmanparast mardi.
Trois rounds de négociations infructueuses avec Téhéran ont eu lieu en 2012, à Istanbul en avril, à Bagdad en mai, puis à Moscou en juin.
Le programme nucléaire iranien a été condamné par six résolutions du Conseil de sécurité, dont quatre assorties de sanctions internationales, renforcées ensuite unilatéralement par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le coeur du conflit porte sur l'enrichissement massif d'uranium par l'Iran, officiellement à des fins purement civiles. Les grandes puissances redoutent que les stocks et la technologie accumulés par Téhéran ne lui permettent de produire rapidement de l'uranium enrichi à plus de 90%, nécessaire à la fabrication de l'arme atomique.
Pour prouver sa bonne foi, Téhéran s'est dit mardi prêt à enregistrer comme un document international des déclarations présentées comme une fatwa (décret religieux) du Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qualifiant l'arme atomique de haram, c'est-à-dire interdite par l'islam.
Alors que pour les Occidentaux ces déclarations n'engagent pas officiellement le gouvernement, cette fatwa a une valeur très importante (...) montrant l'engagement des croyants et des musulmans pour empêcher l'utilisation des armes de destruction massive, a affirmé M. Mehmanparast. (AFP)