Le nouveau cabinet gouvernemental de Abdelmalek Sellal est un vrai cocktail politico-technocratique. Il y en a pour tous les goûts et tous les genres. On notera d’abord qu’il compte pas moins de sept femmes. Une bonne chose en soi pour mettre fin à cette vision trop masculine du pouvoir.
Et l’arrivée de Mme Remaoun Nouria à l’Éducation nationale constitue l’une des rares bonnes nouvelles de cette nouvelle ancienne équipe. Elle semble être la femme qu’il faut au secteur de l’Éducation sinistré par les réformettes de Benbouzid et Bab Ahmed. Directrice et chercheur au Crasc d’Oran Mme Remaoun Boughebrit a sans doute de la carrure pour redresser ce secteur en proie à des problèmes structurels.
En revanche, les algériens ne devraient pas regretter le départ de Khalida Toumi qui a fait son nid à la culture onze années durant. Plus généralement et comme nous l’écrivions hier, ce gouvernement est le fruit d’un accouchement au forceps. Face au refus des partis d’opposition à l’image du FFS, du RCD et du PT de rejoindre le gouvernement au même titre que les candidat à la présidentielle, le président n’avait pas trop le choix que de puiser parmi l’ancien stock de ministres à la réserve de la république et la société civile. Et tant pis pour l’ouverture politique !
Mis à part Amara Benyounès qui a été muté au commerce et Amar Ghoul maintenu aux transports, il n' y a plus de chefs de partis politiques au gouvernement. Il reste que des partis comme le RND ont bien tiré profit de ce casting puisque il a enregistré la nomination de Abdesslam Bouchouareb.
Nouveaux visages
Ce fidèle de Ouyahia, ami de Said Bouteflika, et par ailleurs directeur de la communication du candidat Bouteflika a retrouvé le portefeuille de l’industrie qu’il a occupé en 1996 sous Liamine Zeroual. Abdelkader Khomri a lui aussi retrouvé son poste à la jeunesse après une «cure» diplomatique à Varsovie.
Au chapitre des arrivants, la nomination de Mohamed Aissa aux affaires religieuses est la plus grande surprise. Connu pour son ouverture et son opposition frontale aux salafistes, Mohamed Aissa pourrait mettre de l’ordre dans ce secteur ultra sensible. De même que Mme Nadia Labidi, metteur en scène et enseignante à l’institut de journalisme pourrait faire bouger les lignes dans le secteur de la culture.
Au moins deux walis ont bénéficié d’une promotion à savoir M. Abdelkader Kadi, ancien wali de Relizane devenu ministre des Travaux publics, et l’ancien wali de Ain Temouchent, Nouria Yamina Zerhouni, nommée ministre du Tourisme et de l’Artisanat.
On notera également le maintien des ministres de souveraineté à leur place à l’exception de celui des finances Karim Djoudi déchargé pour raison de santé. Il est remplacé par Mohamed Djellab, l’ancien liquidateur de Khalifa Bank.
Mohamed Ghazi ancien ministre chargé de la réforme administrative, après avoir déblayé le terrain et posé les jalons d'une débureaucratisation en marche, s'est vu confié le poste sensible du travail, l'emploi et la sécurité sociale.
Cela étant dit, et au-delà des ces nouvelles figures (une douzaine) ce cabinet n’en est pas moins vieux tant la majorité des postes n’ont pas changé de titulaires. La photo de famille sera certes un peu plus clinquante, mais la substance politique reste la même. C’est un peu le changement dans la continuité avec quelques femmes en plus.