La cérémonie d’inhumation de la petite Nihal, assassinée dans des conditions horribles, dans son village dans les Ouacifs, a pris la dimension d’un événement national. Le cimetière d’Ain El Beida, près d’Oran où elle vivait avec ses parents, s’est avéré aujourd’hui exigu pour contenir ces milliers de personnes venus lui rendre un ultime hommage.
Nihal, tout juste quatre printemps, n’est pas une personnalité nationale et sa famille, les Si Mohand, ne sont pas connus non plus en dehors de leur village natal au pied du Djurdjura ou de leur ville d’adoption à Oran. Mais Nihal a rassemblé tout le monde autour du chagrin de sa perte. Son triste sort a ébranlé toute l’Algérie et tous les algériens durant son disparition et après l’annonce de sa mort par le procureur de Tizi Ouzou.
Elle n’est pas la première enfant à subir la folie des tueurs et elle ne sera sûrement pas la dernière. Mais ce visage angélique hante tous les esprits. Difficile de croire que des esprits criminels puissent pousser l’horreur jusqu’à ôter la vie à un ange pareil…
Le choc est terrible. Et on l’a aperçu un peu plus lors de l’arrivée du petit cercueil de Nihal recouvert de l’emblème national, porté à bout de bras par des agents de la protection civile. L’émotion était à son comble quand un représentant de la direction des Affaires religieuses commença à lire l’oraison funèbre.
De Tizi à Oran…
Et il a su trouver les mots qui vont droit aux cœurs meurtris de tous ceux qui ont pleuré Nihal et tous les enfants d’Algérie fauchés par des assassins. «Merci à vous tous, vous qui êtes venus pour partager la douleur. Nous sommes blessés, atterrés… », lance-t-il, visiblement abattu. Et d’ajouter : «La mort de Nihal a permis de montrer l’immense unité du peuple algérien, de Tizi Ouzou à Tamanrasset, d’Oran à l’extrême est du pays».
Un beau message qui résume assez bien la communion nationale autour de la mémoire de Nihal honorée aux quatre coins de l’Algérie. La pauvre petite qui vient de nous quitter n’était pas uniquement la fille de Tizi Ouzou et d’Oran mais de toute l’Algérie qui la pleure à chaudes larmes.
Ironie du sort, la mort de Nihal a uni et réuni les algériens dans la douleur. Les foules qui ont accompagné son cercueil depuis son domicile jusqu’au cimetière de Ain Beida soulignent on ne peut mieux la dimension nationale de ce deuil. Déjà la veille, des processions de personnes ont afflué vers le domicile mortuaire à l’arrivée du cercueil depuis l’hôpital de Tizi Ouzou. Certains voulaient même improviser une marche tant la rage et la colère s’étaient emparées de tout le monde pour réclamer l’application de la peine de mort contre les tueurs d’enfants.