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Naufrages de migrants en Méditerranée: le drame relance le débat sur l'immigration

19-04-2015 20:03  Abbès Zineb

La mort redoutée de 700 migrants après le naufrage de leur bateau en Méditerranée, près des côtes libyennes, a relancé dimanche le débat sur l'immigration au sein de l'Union Européenne (UE) qui convoquera prochainement une réunion conjointe, occasion pour les pays membres de remettre sur le tapis leurs "controversées" politiques migratoires. Le débat autour de l'immigration ressurgit de façon inopinée après le drame de 700 migrants en Méditerranée au sein de l'UE.

Une réunion conjointe des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères est prévue très prochainement en vue de prendre des mesures immédiates pour faire face au phénomène, selon la Commission de l'UE, qui dit préparer une nouvelle stratégie sur l'immigration. Mais en plus de cette stratégie, des "mesures immédiates sont nécessaires. (...) Une grande partie de notre approche est de travailler avec les pays tiers (les pays d'origine et les pays de transit)", a insisté l'exécutif européen.

Quant aux pays pourvoyeurs de migrants clandestins, ils plaident pour une assistance européenne, en vue de leur permettre de lutter contre ce fléau, à travers l'aide au développement et la fixation des populations dans leurs régions d'origine. Interpellée sur ce nouveau drame qu'elle a jugé " inacceptable", la chef de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a décidé d'inscrire cette question à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg.

C'est dans ce contexte que se tiendra du 21 au 23 avril la 8ème conférence euro-africaine sur l’immigration irrégulière, à Las Palmas aux Iles Canaries (Espagne) avec la participation de représentants de 51 pays, annoncent des organisateurs cités par des médias. Initiée par la Garde civile espagnole, cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre du Projet "West Sahel Mauritanie" cofinancé par l’Union européenne (UE), portera sur les différents volets ayant trait à l’immigration illégale et à la gestion des frontières.

La rencontre qui réunit les responsables sécuritaires de pays africains et européens, et les représentants d'organismes internationaux, a pour objectifs de renforcer la coopération et le dialogue visant à améliorer la gestion du problème de l’immigration illégale, notamment en ce qui concerne la sauvegarde des vies humaines, selon la même source.

- Controverse sur la politique migratoire européenne -

Depuis la disparition présumée de 400 migrants, il y a près d'une semaine, au large de l'Italie dans le naufrage d'une embarcation de fortune venue de Libye, l'UE est sous le feu des critiques. Des associations humanitaires ont dénoncé récemment l'"incurie" des autorités européennes face aux naufrages de migrants en Méditerranée malgré les recherches des garde-côtes italiens.

"En demandant l'arrêt de l'opération de sauvetage Mare Nostrum qui avait sauvé jusqu'alors 17.000 vies, pour la remplacer par Triton, une mission de surveillance seule, l'UE tourne le dos à ses responsabilités et menace clairement des milliers de vies humaines", avait réagi Amnesty International.

Le beau temps qui s'est installé depuis plusieurs jours dans la zone méditerranéenne favorise les arrivées de migrants vers les côtes italiennes. L'Italie qui fait face à longueur de l'année à l'afflux de migrants rappelle que près de 10 000 personnes ont échoué sur ses côtes ces 5 derniers jours. "Il y a un engagement italien sur cette question qui n'est pas seulement italienne. Pour être très clair, nous devons traiter cette urgence au niveau européen.

Nous ne devrions pas gérer cette situation en tant que pays isolé, mais en tant qu'Union", a insisté hier Paolo Gentiloni, le ministre italien des Affaire étrangères. "Ce nouveau drame démontre qu'il est important d'avoir un mécanisme de sauvetage robuste en Méditerranée. Malheureusement Mare Nostrum n'a jamais été remplacé par un système de capacité de sauvetage équivalent", déplore le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres.

Afin d'endiguer le flux de réfugiés, certains proposent de stopper les candidats à l'immigration en Libye. Inacceptable pour les ONG qui dénoncent les conditions de détention déplorables de ces clandestins, originaires pour la plupart d'Afrique sub-saharienne ou du Moyen-Orient.

- La paix en Libye comme seule solution -

"Save the Children", qui défend les droits des enfants dans le monde, explique l'augmentation du nombre de migrants par l' instabilité en Libye et en Syrie, pays où partent les bateaux d'infortunes : "Depuis janvier 2015, plus de 17 500 personnes ont atteint les côtes italiennes, dont 8% d'enfants non accompagnés".

Réagissant aux récents naufrages de migrants en Méditerranée, le Premier ministre italien Matteo Renzi avait déclaré que le problème ne pourrait être résolu sans "une stabilisation de la situation en Libye". "La seule solution est la paix et la stabilité des institutions libyennes", a-t-il souligné lors d'une récente conférence de presse.

Les Européens doivent "continuer à travailler sur les causes profondes de l'immigration et particulièrement sur l'instabilité dans la région, de l'Irak à la Libye", avait déclaré de son côté la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, qui a promis de présenter une série de propositions concernant la Libye, une des "principales routes du trafic illégal de migrants."

L'Allemagne, la France, l'Italie et la Slovaquie ont réclamé vendredi une solution "forte et résolue" au niveau européen aux problèmes d'immigration. Ils réclament également un "engagement fort contre les réseaux criminels qui tirent profit du désespoir de ceux qui cherchent à gagner l'Europe".

L'Italie, en première ligne avec des centaines d'arrivées de migrants par jour sur ses côtes, réclame depuis des mois une réponse forte de l'Europe et davantage de moyens de la part de l'Union européenne. (Agences)



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