Bien qu’il soit à présent déchu, Robert Mugabe demeurera, malgré tout, un grand héros du Zimbabwe et de tout le continent africain.
En raison de son engagement anticolonialiste sans faille, le peuple du Zimbabwe l’a distingué et choisi parmi les pères de son indépendance. C’est ce même peuple reconnaissant naguère, qui en a fait son premier ministre de 1980 à 1987 et son président de 1987 à 2017, qui s’est prêté, aujourd’hui au jeu des forces externes et internes qui prétendent « vouloir le bien du Zimbabwe et fait la joie des puissances étrangères qui n’ont pas pardonné à ce grand dirigeant révolutionnaire africain les victoires remportées, dans son pays sur la domination économique étrangère, et dans l’arène internationale au profit des causes panafricaines et du Mouvement des pays non alignés.
Fidel à ses engagements anticolonialistes, il n’a jamais cessé de clamer que le Sahara occidental « est le dernier avant-poste de l'occupation coloniale en Afrique, qui doit être démantelé pour que s’accomplisse la vision des pères fondateurs qui ont lutté pour une Afrique pleinement indépendante et souveraine ».
N’a-t-il pas affirmé, haut et fort, à la tribune de l’ONU que « le déni continu du droit des peuples sahraoui et palestinien à l’autodétermination est immoral et constitue une question urgente pour ceux qui recherchent la paix en notre temps » en appelant le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités conformément à la Charte des Nations unies et à manifester sa détermination à tenir un référendum d’indépendance au Sahara occidental ?
Ayant toujours considéré l’Union africaine comme une organisation capable d’être un partenaire fiable du Conseil de sécurité pour les questions de paix dans le continent, il a toujours préconisé la nécessité de travailler en étroite collaboration avec le Conseil de sécurité sur le dossier sahraoui.
Pour ce qui est de la Palestine, il n’a jamais cessé de dénoncer la situation du peuple palestinien « en constante détérioration » et réclamé du Conseil de sécurité de « redoubler d’efforts en vue d’aboutir à la solution à deux États».
N’a-t-il pas préconiser que l’Union Africaine soumette l’admission du Maroc en son sein à la condition de « décoloniser le Sahara Occidental, dernière colonie en Afrique, avant de rejoindre la famille africaine » ?
Alors que certains Pays africains ont approuvé cette admission, Robert Mugabe, quant à lui, n’a pas partagé ce choix. Il n’a pas approuvé l’admission du Maroc au sein de l’Union africaine et n’a pas manqué d’exprimer toute sa colère en assénant au clients du Maroc : « c’est un manque d’idéologie. Les leaders africains qui ont soutenu le Maroc n’ont pas eu la même expérience révolutionnaire que nous tous et il y a trop de liens entre eux et leurs anciens colons » !
Moumène Boulakram