Le mouvement de la société pour la paix (MSP) semble doucement préparer son retour au bercail; c'est-à-dire au pouvoir qu’il n’aurait jamais dû quitter. L’annonce par son président Abderazak Makri d’une prochaine et nouvelle série de concertations politiques pilotées par son parti constitue le premier pas de ce retour quasi inévitable.
En effet, Makri a beau tenté de convaincre que ces consultations ne s’entrechoquent pas avec l’initiative de la CNLTD dont il est un élément moteur, la réalité est têtue.
Et pour cause, alors que la CNLTD exclut catégoriquement qu’elle prenne langue avec le pouvoir, la nouvelle initiative de son parti en fait quasiment un préalable.
«J’annonce qu’on va lancer immédiatement après ce Conseil consultatif une série de consultations, au nom du Mouvement, avec toutes les parties, pouvoir et opposition, en perspective de cette vision », a déclaré Makri dans une allocution à l’ouverture des travaux du Majliss Echoura consacré au bilan 2014.
Une cure d’opposition à la CNLTD
Par quelque bout que l’on prend cette initiative, on ne peut s’empêcher de la considérer comme une offre de service au pouvoir. Le MSP semble vouloir désormais reprendre l’initiative politique quitte à torpiller celle de ses alliés de la coordination pour la transition démocratique.
Il est difficile de comprendre l’argument de Makri selon lequel ces consultations «ne sont ni une nouvelle initiative, ni une alternative à la CNLTD, mais pour valoriser la vision de celle-ci du point de vue du MSP ».
Connu pour être l’un des plus critiques vis-à-vis du président Bouteflika, Abderazak Makri a précisé curieusement que cette initiative est adressée «avant tout autre personne» au président justement.
Depuis quand le chef du MSP appelait à un dialogue avec le président, lui qui ne cesse de déclarer que Bouteflika est incapable de gérer le pays et qu’il fallait appliquer l’article 88 ?
C’est hallucinant d’entendre aujourd’hui Makri revenir benoîtement à de meilleurs sentiments.
Soltani a battu Mokri
Tout porte à croire que le MSP a changé de fusil d’épaule lui qui a l'habitude d’évoluer dans la basse-cour du régime depuis sa création. Et la montée au créneau de Bouguera Soltani qui a menacé Makri de le destituer de la tête du mouvement semble avoir produit son effet.
Soltani vit manifestement très mal son éloignement du pouvoir et du centre de décision au MSP. Il avait même insinué l’autre jour qu’il était prêt à participer à un gouvernement d’union nationale si on lui faisait appel.
Sa menace semble avoir été bien reçue par Makri qui s’est empressé d’annoncer le premier pas vers le pouvoir.
Ce dernier s’aperçoit aujourd’hui que «l’isolement est inutile et serait même périlleux pour un parti qui a choisi d’aller vers les alliances politiques».
Au diable donc ses convictions passées au sein de la CNLTD ! Le MSP est du reste habitué à ces changement de qamis selon la direction du vent.
Il a fait du participationnisme une idéologie politique depuis l’époque de feu Mahfoudh Nahnah dont Bouguera Soltani se présente comme l’enfant légitime. Il ne faudrait donc pas s’étonner de voir ce parti rejoindre le gouvernement sous peu.