Le 5ème congrès du Mouvement de la société pour la paix (MSP) dont les travaux devraient prendre fin tard dans la soirée aujourd’hui, est intéressant à suivre. Pour une fois, la question se pose en terme simples : La place du parti de feu Mahfoud Nahnah est-elle au sein du pouvoir ou dans l’opposition ?
C’est ce dilemme que devra trancher cette formation d’obédience islamiste qui a contracté un mariage de raison avec le pouvoir qui aura duré une bonne quinzaine d’années avec son cheikh charismatique feu Mahfoud Nahnah puis son successeur Bouguera Soltani. Cette longue lune de miel qui s’est déclinée sous forme d’une ligne de conduite politique arc-boutée sur l’entrisme (le participationnisme) dans les institutions, a connu ses heures de «gloire».
Ce mouvement islamiste qui se réclame des frères musulmans, a fait faux bond à ses congénères du FIS et d’Ennahda de Abdallah Djaballah au début des années 90, ce qui lui a valu d’être fréquentable y compris par les tenants de la république laïque comme le RCD de Said Sadi qui avait siégé avec lui au gouvernement.
Le MSP incarnait en effet l’image d’un parti certes islamiste mais qui a lâché ses «frères» intégristes à l’assaut de la république chancelante. Il était alors admis de fait dans les institutions ne serait-ce que pour avoir choisi la stabilité du pays contre les hordes du FIS qui ont mis le pays à feu et à sang.
Hamas contre le FIS
Depuis, le Hamas devenu HMS en vertu de la loi organique relative aux partis politiques de 1997, a fait du chemin avec le pouvoir avec tout le confort que suppose cette stature.
Depuis 1996, ce parti islamiste bon chic bon genre pour reprendre l’expression consacrée, a fait partie de tous les gouvernement successifs en ayant servi d’alibi islamiste au pouvoir.
Avec le FLN et le RND il aura constitué une troïka au pouvoir qui a dominé la scène politique pendant plus d’une dizaine d’années.
Mais l’usure du pouvoir a fini par rattraper un parti qui s’est donné un rendez-vous avec l’histoire pour introniser son chef et cheikh président de la république en 2012.
Bouguera Soltani a cru enfin son heure arrivée avec le printemps arabe qui a propulsé Ennhada en Tunisie, les frères musulmans en Egypte et le PJD au Maroc. Il s’échauffait avec la bénédiction de ses mentors du Qatar pensant que le printemps algérien était imminent et qu’il allait cueillir ses fruits.
Le printemps inaccompli
Il largue alors les amarres avec ses partenaires de l’alliance présidentielle avec fracas. Grossière erreur d’analyse. Le MSP de Bouguera Soltani qui se voyait en tête des élections législatives de mai 2012, allait connaître une défaite historique.
Une déculottée inversement proportionnelle à ses certitudes politiques d’être tout prés de prendre les clés de «l’Algérie verte».
Six mois plus tard, le MSP est une nouvelle fois laminé lors des élections locales, confirmant ainsi que le «printemps ne dure pas longtemps chez nous» comme l’écrivait Mouloud Feraoun, dans la Terre et le sang.
En désespoir de cause, le cheikh qui a essuyé un double échec de sa sortie des rangs, a pris l’inévitable décision : celle de convoquer un congrès pour trancher la ligne politique du parti sujette à une lutte entre partisans de l’entrisme et ceux de l’opposition.
Un choix qui a fait mal au parti puisqu’il a même donné des «petits» avec la naissance du TAJ de Amar Ghoul et le Mouvement du Changement de Abdelamdjid Menasra.
C’est encore ce choix que devront faire les membres élus du Majliss Echoura (conseil consulatif).
A travers la personne de Abderrazak Mokri, porte étendard de l’opposition du MSP et celle de Abderrahmane Saidi, partisan d’une ligne souple avec le pouvoir, c’est l’avenir de parti islamiste qui se joue durant cette ultime nuit du doute.