L’annonce de la nomination de Miloud Chorfi à la tête de la très sensible Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) a surpris plus d’un parmi les professionnels des médias.
Et pour cause, Il parait être théoriquement la dernière personne à laquelle on pourrait penser pour ce poste eu égard à son pedigree "politique".
Il y a d’abord cette première fausse note de placer un homme politique à la tête d’une autorité censée faire de la régulation et du contrôle. Est-il logique en effet de confier cette mission hautement politique avant qu’elle ne soit professionnelle, à un cadre exécutif d’un parti politique à savoir le RND ?
Le bon sens aurait voulu que les membres de cette commission à commencer par son président soient indépendant ; en tout cas pas trop marquée politiquement.
Mais avec Miloud Chorfi, ancien journaliste à l’ENTV, on devine déjà la ligne "éditoriale"de sa commission. Ce serait à coup sûr une commission de censure et non pas de régulation connaissant le sens que donnent les pouvoirs publics à la "régulation".
Mais au-delà de incompatibilité politique, il pèse sur Miloud Chorfi de gros soupçons de partialité du fait qu’il serait, d’après plusieurs sources –même si lui même a démenti) l’un des patrons de la chaine privée Al Ajwaâ.
Réguler ou diriger ?
De même que le journal éponyme qui vient d’être suspendu pour défaut de payement par l’imprimerie étatique, a perçu l’année dernière la bagatelle de 113 milliards de centimes alors qu’il tire à peine quelques milliers d’exemplaires.
Sous réserve de la confirmation de ces soupçons, on serait alors dans un cas de "Lâab Hmida Rcham Hmida" (Juge est partie) pour reprendre l’adage bien de chez nous.
Celui qui a nommé le cadre du RND aurait été mieux inspiré d’aller voir un homme de la profession au dessus de tout soupçons et il y en a par dizaines sans doute. Le recyclage de Miloud Chorfi est certainement une (mauvaise) solution de facilité.
Juge et partie
Il offre cependant à ceux qui l’ont placé l’avantage de faire le "boulot" qu’on lui demande sans aucune opposition. Mais ceux qui attendaient une gestion rigoureuse et impartiale de la commission de régulation, ils sont mal servis.
Cela donne le ton de ce que seront les chaînes de télévision privée sous la conduite de Miloud Chorfi et les cinq autre membres nommés par le président Bouteflika et les deux autres nommés par les président des deux chambres du parlement. Au final, la corporation aura droit à une commission de régulation à 100% "officielle".
Son homologue de la presse écrite ne devrait pas non plus échapper aux journalistes fonctionnarisés qui font de l’excès de zèle leur principal métier. La commission d’attribution de la carte professionnelle en donne déjà un avant goût…