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Même après la mort de Blaoui Houari, aucune télévision n'est intéressée par un documentaire inédit

22-07-2017 16:26  Amine Bouali

Aussitôt après l'annonce, mercredi en soirée, du décès du dernier maître dela chanson oranaise, feu Blaoui Houari (l'un des fondateurs, avec Ahmed Wahbi,de ce genre musical "aâsri" oranais) l'ancien réalisateur à lastation régionale d'Oran de la télévision nationale, Abdellatif Mrah ( photo) -qui s'estspécialisé dans les portraits filmés de héros de l'histoire contemporaine denotre pays (tel Mustapha Ben Boulaïd) ou de figures de la scène artistiquenationale (comme le chanteur rebelle oranais des années 60, Ahmed Saber)- aproposé sur sa page Facebook de mettre gratuitement à la disposition d'unechaine de télévision, son film sur le défunt chanteur, un documentaire qui n'a été projeté qu'une fois en public, à la cinémathèque d'Oran, ennovembre 2007.                                               

Feu Blaoui Houari avait à l'époque, dans une conférence de presse, récusé un pointde détail (sa propre date de naissance) ou précisé sa véritable relation avecson ami d'enfance le chahid Ahmed Zabana, qui ont été évoqués dans cetémoignage filmé intitulé "Parlez moi...de Blaoui", un documentairequi dure environ 60 minutes et qui a été tourné grâce à une subvention de laSonatrach. Nous avons contacté le réalisateur Abdellatif Mrah pour essayer d'ensavoir plus sur son initiative originale.                                 
"J'ai perdu l'année dernière, raconte-t-il, un temps fou et effectuéd'innombrables va-et-vient entre Tlemcen et Alger, après avoir déposé 5documentaires inédits (dont celui sur Blaoui Houari) au siège central de latélévision nationale et la promesse d'un de ses responsables de se chargerlui-même de les visionner et de me faire ensuite éventuellement une propositiond'acquisition. Mais peine perdue, ces personnes-là ne rappellent jamais. Aubout de 6 mois, je suis allé récupéré mes films. Après une heure d'attente, unedame, mal à l'aise, me reçoit, n'est au courant de rien, ne peut me présenteraucun rapport de visionnage ou autres documents. J'ai pris mes films et aussitrès vite la poudre d'escampette". 

"Pourquoi des murs d'incompréhension sont érigés devant les artistesalgériens? se demande douloureusement Abdellatif Mrah. "Je crois que lacorruption a généré des prédateurs de l'ombre dans le secteur de la cultureégalement. Beaucoup de monde se sucrent dans ce domaine et il n'y a que lesimbéciles comme moi qui croient aux vertus du professionnalisme, qui pensentque c'est la qualité d'un produit culturel qui doit primer sur toute autreconsidération. De nombreuses sensibilités artistiques se sont barrées ou meurtà petit feu dans un mutisme total. Tout le monde me dit qu'il faut corrompre,avoir un réseau ou une relation mais comme je n'ai ni l'âge ni la patience pource type d'exercice malsain, je  vis en exil, tranquille chez moi. J'ai luhier que le festival du cinema arabe d'Oran est programmé en juillet. C'est àmourir de chagrin. La logique d'un festival est de promouvoir le cinéma. Or iln'y a plus de production et les salles de cinéma sont aux 3/4 fermées. Alors cefestival, il sert à quoi ?On m'a invité pour m'honorer soi-disant, mais j'airefusé l'arnaque. Tout cela ressemble à un mauvais film joué par des acteursamateurs". 

Un peu alors comme une bravade mais aussi pour honorer la mémoire de l'artisteBlaoui Houari enterré ce jeudi au cimetière d'Aïn-El-Beida (Oran) notreinterlocuteur Mrah nous confie qu'il a eu spontanément l'idée via Facebook decéder gratuitement à une télévision algérienne son portrait-documentaire sur legrand chanteur décédé. Mais jusqu'à ce jour, constate-t-il, personne ne s'estmanifesté.


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