La tension montre manifestement entre le royaume du Maroc et les États-Unis. L’annulation des manœuvres militaires conjointes «Africa Lion» prévue à Agadir, signe peut être la fin d’une longue lune de miel entre Washington et Rabat.
En annonçant aujourd’hui mercredi le «redéploiement» de ses soldats américains se trouvant au Maroc, le commandement des États-Unis pour l'Afrique (Africom) aura confirmé que rien ne va plus entre les deux pays.
En cause, la décision américaine de plaider en faveur d’une résolution onusienne autorisant la MINURSO de surveiller les droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc.
Un crime de lèse majesté pour le roi Mohamed VI qui a tôt fait de convoquer à lundi soir à Fès tous les dirigeants et les acteurs politiques du royaume pour signer la sainte alliance.
A Rabat, la décision américaine est assimilée à une agression dés lors que le Makhzen sait qu’avec un mécanisme onusien de protection des droits de l’homme, il sera sûrement pris la main dans le sac.
L’officier de l’Africom a précisé que c’est à la demande du Maroc que ces fameux exercices militaires annuels ont été annulés. En clair, c’est là une mesure de rétorsion en bonne et due forme vis-à-vis des Etats-Unis qui sont les initiateurs (mais pas seuls) de l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme. En attendant le vote du projet de résolution qui interviendra lundi prochain (22 avril), Rabat tente via l’annulation des manoeuvres militaires d’infléchir la position américaine.
Le cœur marocain la raison américaine
Mais cela risque d’être un coup d’épée dans l’eau tant le projet de texte a été déjà remis aux différents acteurs et évidemment aux membre permanents du conseil de sécurité.
Reste tout de même à surveiller la conduite que tiendra la France, principal sponsor du royaume, qui a toujours brandi son veto pour frapper de nullité toute résolution qui rappelait au Maroc son devoir de respect des droits de l’homme au Sahara occidental.
Mais cette fois le contexte n’est plus favorable à cet exercice. La France qui s’est engluée au nord du Mali a certainement besoin des Etats-Unis pour obtenir le déploiement des Casques bleus au Mali pour pouvoir retirer l’essentiel de son contingent d’ici au mois de juillet.
On voit mal en effet comment la France pourra bloquer la résolution américaine sur le Minurso alors qu’elle aura besoin du soutien américain à la fin de ce mois quand il s’agira du Mali.
Dans le même ordre d’idées, les enjeux géopolitiques de la crise au Sahel semblent être derrière cette décision américaine appuyée par le SG de l’ONU de hâter le règlement du dossier du Sahara occidental en mettant le Maroc devant le fait accompli.
Les experts estiment en effet que les 30% des besoins pétroliers américains proviendraient dans les prochaines années de l’Angola et du golfe de Guinée. Les Etat-unis sont ainsi soucieux de sécuriser leurs «intérêts vitaux» dans cette région infestée de jihadistes. En termes simples, entre l’amitié marocaine et leurs intérêts stratégiques, le choix des américains est vite fait. Comme partout ailleurs…