Le refus du front des forces socialistes (FFS) de rejoindre le gouvernement comme il lui a été demandé prouve au moins une chose : l’opposition dans sa diversité et le pouvoir n’ont pas le même agenda politique ou plus précisément ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Soucieux, de dépasser le scrutin du 17 avril et ses implications, le pouvoir tient à refermer rapidement la parenthèse en reprenant l’initiative selon sa convenance.
L’annonce non encore confirmée du début des consultations politiques autour de la révision de la Constitution, ne semble pas emballer grand monde. Le chef du MSP, Abderrazak Mokri vient de décliner par anticipation l’invitation.
Il s’inscrit en faux contre la volonté du régime de réécrire le scénario de la commission Bensalah-Touati. "Que Dieu leur apporte son aide. Le MSP ne participera pas à ces consultations", a-t-il tranché aujourd’hui lors d’une rencontre avec les élus de son parti.
Sans doute que ses partenaires au sein de la coordination pour la transition démocratique vont marcher sur ses pas. On imagine mal le RCD, Jil Jadid, Islah, Adala et autres Benbitour répondrent favorablement à une éventuelle invitation du pouvoir alors qu’ils sont en train de peaufiner la conférence nationale de l’opposition. C’est donc un premier faux pas pour le pouvoir qui devra composer sans un segment important de la classe politique.
Dialogue contre monologue
Le logique voudrait qu’il ne se permette pas d’organiser des consultations avec le RND, le FLN, le MPA et le TAJ. Ce serait en effet un vrai monologue à l’intérieur du régime qui ne ferait qu’accentuer la crise de confiance entre le pouvoir et l’opposition.
On voit mal aussi comment le FFS qui est aussi sur une logique de «consensus national» entre le pouvoir et l’opposition, répondre positivement à ces consultations.
Le fait d’être invité à rejoindre le gouvernement s’apparente déjà à une parade pour le sortir des rangs de l’opposition. Il y a forcément une arrière-pensée de lifter le visage du régime au lieu de le changer.
Quoi qu’il en soit, on assiste à une bataille de position entre le pouvoir qui tient à imposer sa feuille de route sans changer sa nature, et l’opposition qui ne souhaite plus être le dindon de la farce et l’alibi démocratique.
En l’occurrence, la révision de la Constitution est une chose trop importante pour la confiner à un simple tour de table autour d’un représentant du régime.
Les enjeux politiques et la méfiance réciproques entre le pouvoir et l’opposition commandent l’organisation d’un véritable face à face où chacun exprime ses idées loin de toute hégémonie.
C’est comme cela, et comme cela seulement qu’on donnera corps à une "révision consensuelle" de la Constitution que tout le monde appelle de ses vœux.