Le motif invoqué par le Maroc pour justifier sa demande de report de la CAN, à savoir le risque de propagation du virus Ebola, ne tient pas la route. Mais alors pas du tout ! Et les arguments pleurnichards du ministre marocain des sports appelant à la compréhension et à la mansuétude de la CAF, en sont une preuve. Car si tel était le cas, le pays ou les pays de rechange pour abriter la compétition ne sont pas à l’abri eux aussi.
Si le Maroc a pris le risque de se voir sanctionner par la disqualification des Lions de l’Atlas en attendant d’autres sanctions possibles par la CAF et la FIFA, alors qu’il a consenti de gros investissements dans les infrastructures sportives tout en comptant sur l’effet caisse de résonnance de la compétition pour vendre en international l’image d’un royaume apaisé, où il fait bon aller en touriste, c’est que le risque est calculé. C’est qu’il y a anguille sous roche.
Pour l’opinion algérienne, relayée par les réseaux sociaux, la réponse est toute trouvée : les responsables marocains ont fait ce choix suicidaire sachant que leur équipe (encore en construction) n’a pas la moindre chance devant l’équipe algérienne qui continue toujours sur sa lancée brésilienne de l’été dernier.
Une élimination du Maroc face à aux fennecs ou encore le sacre des Verts au Maroc aurait constitué un épouvantable cauchemar pour le Makhzen marocain dont une des constantes politiques est de noircir systématiquement le tableau Algérie, vu de Rabat. Une victoire de l’Algérie au Maroc aurait constitué un pied de nez à l’argumentaire anti algérien du palais royal.
Mais au-delà de ce que pense l’Algérien lambda relayé par la Toile, il doit y avoir d’autres raisons pour justifier le refus d’organiser la CAN à la date initialement arrêtée. Peut être aussi que le régime marocain a-t-il peur d’une arrivée massive de journalistes qui ne manqueraient pas de chercher à voir derrière la carte postale. Et il y a des choses à voir ! `
Sous un pluralisme politique de façade avec un parti islamiste majoritaire béni par Sa Majesté, pèse une chape de plomb sur le véritable exercice politique libéré. Que dire alors des entraves sur la presse indépendante et les activistes de la société civile ! Le régime marocain a-t-il peur que la presse internationale découvre la misère royale dans toute sa splendeur à travers les immenses bidonvilles qui ceinturent les grands centres urbains, vitrine d’un royaume au bord de l’explosion sociale ?
Le régime marocain redoute t-il aussi que les regards fouineurs des journalistes ne constatent à quel point la culture de la drogue et du kif, dont l’Algérie est le premier pays à en pâtir, est prégnante dans la société » ? Enfin, il se pourrait aussi que derrière ce forfait sportif, se cache une crainte de voir rejaillir en plein déroulement de la compétition la question sahraouie, au moment où le fameux plan de « large d’autonomie » des territoires du sud prend eau de toutes parts. Non, si le régime marocain a pris un tel risque, c’est que les raisons sont à chercher derrière le ballon.