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Mai 1945 : Un "génocide" selon des chercheurs

04-05-2015 19:06  Rafik Benasseur

Le déplacement du secrétaire d’Etat français aux anciens combattants Jean Marc Todeschini, le 19 avril dernier à Sétif pour se recueillir à la mémoire des victimes du massacre du 8 mai 1945, est déjà oublié.

Ses quelques mots de compassion n’ont pas effacé le souvenir de cette tragédie coloniale qui a fait prés de 45.000 victimes. C’est en tout cas, le message subliminal envoyé par les participants à la rencontre internationale sur "Les pratiques répressives et politiques coloniales françaises en Algérie 1830-1962 : cas de la torture", ouverte aujourd’hui lundi à Oran.

A Todeschini qui a proposé à Sétif de regarder vers l’avenir, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni réplique par une nécessaire replongée dans ce passé pas très glorieux pour la France des droits de l’homme.

Les chercheurs d’universités de France, de Belgique, du Koweït, de Tunisie, du Maroc se sont fait un devoir de rappeler à l’assistance que la torture a été adoptée en Algérie par les décideurs de la France coloniale comme"méthode institutionnalisée et agréée tacitement".

Pendant la guerre de libération nationale, de nombreuses formes de pratiques répressives, dont la torture, ont augmenté de fréquence, d’intensité et de violence de manière significative, ont-ils évoqué lors de cette rencontre de deux jours, organisée à l’initiative du ministère des Moudjahidine rapporte l’APS.

Todeschini oublié

Les intervenants ont mis en relief le fait que "la pratique de la torture ne s’est pas limitée aux simples témoignages des uns et des autres, sous l’œil attentif des historiens et chercheurs, mais fait l’objet d’œuvres d’art au cinéma, à la télévision et dans la littérature".

Le ton a été particulièrement fort et accusateur vis-à-vis de la France coloniale par la voix des invités du ministère des moudjahiddines.

Une tonalité qui tranche avec le discours officiel de ces dernières années qui était plutôt tiède compte tenu des rapports corrects avec la France sous la conduite de François Hollande.

"Au-delà des images d’une Algérie triomphante et libre, les Algériens se souviennent aussi des affres subies durant 132 ans de colonisation française. Plus de 50 ans après le recouvrement de l’indépendance, la mémoire des Algériens est toujours vive, sur les exactions, la répression, le génocide et la torture érigée en système que la France coloniale a fait subir aux Algériens", ont souligné les intervenants.

Réponse à Hollande

C’est dire qu’à Oran, la condamnation du système colonial a été sans appel à moins d’une semaine d’un douloureux souvenir mai 1945.

"Les crimes et pratiques de la torture du colonialisme français et l’utilisation d’armes de destruction massive en Algérie", "les résistances internationales à la pratique de la torture durant la guerre de libération nationale", "le discours français vis-à-vis de la question de la repentance"et "la torture dans les mémoires et témoignages de bourreaux français : cas de Paul Aussaresses", sont autant de thématiques décapantes développées par un aréopage d’universitaires et d’historiens.

Pour cause, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni a invité les participants à l'ouverture des travaux, de mettre en exergue les "sacrifices du peuple algérien et les exactions du colonisateur français depuis 1830".

Le fait de qualifier ces sanglants événements de "génocide" est peut être une réponse à la déclaration du président français qui a estimé il y a quelques jours que la France n’a pas commis une "guerre d’extermination en Algérie pour se repentir".

Certes l’exigence à la France des excuses pour ses crimes coloniaux ne semble plus de mise politiquement, mais le ministère des moudjahiddines se fait un devoir de rappeler les faits et les méfaits. Pour l’histoire et la mémoire.



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