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L’impact de la dépréciation du dinar et la chute des réserves de change sur la dynamique économique générale de l’Algérie

01-04-2021 09:06  Pr Abderrahmane Mebtoul

Conférence donnée le 31 mars 2021 en vidéo conférence à l’invitation de la Fondation  allemande Friedrich Ebert et de l’Union européenne

"Mesdames et Messieurs, je tiens d’abord à remercier vivement la Fondation allemande Friedrich Ebert et l’Union européenne de cette invitation sur un sujet qui détermine l’avenir économique de mon pays, l’Algérie, sur le thème « L’impact de la dépréciation du dinar Algérien, et la chute des réserves de change sur les indicateurs macro-économiques et sur la dynamique économique générale de l’Algérie ».

L’analyse objective de l’évolution des réserves de change, de l'inflation et de la cotation du dinar, qui ont  un impact direct sur le pouvoir d’achat de la population et des différentes activités économiques,  doit tenir compte de  des aspects de structures de l'économie internationale et  de l'économie interne de l’Algérie  qui après plusieurs décennies d’indépendance politique repose  toujours  sur la  rente des hydrocarbures avec les dérivées 98% de ses recettes en devises.

1-    Evolution des réserves de change

2001 : 17,9 milliards de dollars, – 2002 : 23,1 milliards de dollars,
– 2003 : 32,9 milliards de dollar, – 2004 : 43,1 milliards de dollars, – 2005 : 56,2 milliards de dollars, – 2010 : 162,2 milliards de dollars, – 2011 : 175,6 milliards de dollars, – 2012 : 190,6 milliards de dollars, – 2013 : 194,0 milliards de dollars, – 2014 : 178,9 milliards de dollars, – 2015 : 144,1 milliards de dollars,
– 2016 : 114,1 milliards de dollars, – 2017 : 97,33 milliards de dollars, – 2018 : 79,88 milliards de dollars, – 2019 : 62 milliards de dollars – Fin 2020, malgré toutes les restrictions à l’importation, selon la déclaration du Président de la République en date du 1er mars 2021 entre 42/43 milliards de dollars les prévisions de la loi de Finances complémentaire étaient de 44,2 milliards de dollars contre 51,6 prévus dans la loi initiale.  Le  gouvernement projetant  dans le PLF2021, initié par le Ministère des finances  non pas une amélioration de la cotation du dinar, mais une amplification de sa dévaluation, entre 2021-2023 Pour  2021 en l’occurrence, le PLF prévoit un taux moyen annuel de 101,42 DA contre 1 USD, pour 2022, 149,32 DA pour 1 USD et pour  2023 verrait donc la dévaluation de la monnaie nationale se poursuivre avec  156,72 dinars un dollar.  Les réserves de change ont baissé entre 2019/2020 de 20 milliards de dollars devant tenir compte de la balance de paiements et non de la balance commerciale d’une signification limitée. Comme le PLF-2021 les dépenses budgétaires (dépenses de fonctionnement et d’équipement) qui se situent à environ 64,98 milliards de dollars au cours de 128 dinars un dollar au moment de l’établissement de la loi et les recettes fiscales globales (ordinaires et pétrolières) estimées à 41,62 milliards de dollars, nous aurons un déficit budgétaire record de plus de 21,75 milliards de dollars contre à la clôture 2020 de 18,60 milliards de dollars avec un déficit global du trésor de 28,26 milliards de dollars, soit 17,6% du PIB, le solde des réserves de change fin 2021 devrait s’établir à moins de 20 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il en 2022 si le cours du pétrole stagne entre 55/65 dollars et s’il n’y pas de relance économique, la loi de Finances 2021 pour son équilibre selon le FMI et la Banque mondiale, nécessitant entre 100/110 dollars le baril ? Le niveau des réserves de change 2021/2022 dépendra donc fondamentalement de cinq facteurs : de l’évolution du cours des hydrocarbures ;  du taux de croissance réel : du produit intérieur brut (PIB) à prix courants, qui a été en 2019, de 0,8%, en 2020 moins 6,5%, donc une croissance inférieure à la pression démographique. Mais un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente,  le taux de croissance  négatif positif en  2021, rapporté à 2020,moins de 6%  donne toujours un taux de croissance faible, en termes réel  entre 0 et 1% largement inferieur à al croissance démographique, supposant un taux de croissance  de 8/9% sur plusieurs années afin d ‘absorber  350.000/400.3000 emplois par an.  On ne peut  tout restreindre, quitte à étouffer tout l’appareil productif  quitte à  aller vers une implosion sociale avec un taux de chômage ayant dépassé 15% en 2020,

2- Evolution de la cotation du dinar

Qu’en est-il de l’évolution du cours officiel du dinar corrélé aux réserves de change via les recettes d’hydrocarbures à plus de 70% la période de 2001 à mars 2021 :   – 2001 : 77,26 dinars un dollar et  69,20 dinars un euro  – 2005 : 73,36 dinars un dollar et  91,32 dinars un euro – 2010 : 74,31 dinars un dollar et 103,49 dinars un euro  – 2015 : 100,46 dinars un dollar et 111,44 dinars un euro   – 2016 : 100,46 dinars un dollar et 111,44 dinars un euro – 2017 : 110,96 dinars un dollar et 125,31 dinars un euro :   – 2018 : 116,62 dinars un dollar et 137,69 dinars un euro :  – 2019 : 119,36 dinars un dollar et 133,71 dinars un euro– 2020 : 128,31 dinars un dollar et 161,85 dinars un euro. Selon la BA entre le 31 mars et le   01 avril  2021  la cotation est de 134,03 dinars un dollar et 157,80 dinars un euro avec ce paradoxe une appréciation du dinar par rapport à l’euro et une dépréciation par rapport au dollar  alors que des bourses mondiales  nous avons assisté  à l’inverse, une cotation qui est passé de 1,22 dollar un euro  il ya quatre mois  et au 31 mars 2021 à 1,17 dollar  un euro.   Cette dévaluation qui ne dit pas son nom permet d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportation hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finaux, montant accentué par la taxe à la douane s’appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. En cas de baisse drastique des réserves de change à 10/12 milliards de dollars, qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctue en fonction du taux d’inflation d’environ 300 dinars un euro minimum, surtout en cas d’ouverture des frontières. Il sera difficile de combler l’écart avec le marché parallèle pour la simple raison que l’allocation de devises pour les ménages est dérisoire, la sphère informelle suppléant à la faiblesse de l’offre et par ailleurs bon nombre d’entreprises du fait de la faiblesse de l’allocation devises pour éviter la rupture d’approvisionnement iront au niveau de cette sphère.  Par ailleurs, ce  dérapage du dinar par rapport au dollar et à l’euro accélère la méfiance du citoyen vis-à-vis du dinar , en plus du manque de liquidités,  amplifiant la sphère informelle où selon la banque d’Algérie entre 2019/2020,  la masse monétaire circulant en dehors du circuit bancaire, a atteint 6140,7 milliards de dinars (près de 60 milliards de dollars) à la fin de l’année 202, soit   une hausse de 12,93% par rapport à 2019, ainsi que   le processus inflationniste interne où la majorité des produits importés, excepté ceux subventionnés, connaissent depuis décembre 2020 une augmentation variant entre 30/50%, voire 100% pour certains produits comme les pièces détachées de voitures  en contradiction avec l’indice officiel de l’ONS non réactualisé depuis 2011, le besoin étant historiquement daté. Le dérapage du dinar contribue ainsi  à la baisse des salaires ramenés en devises. Ainsi un salaire net de 50 000 dinars équivaut au cours actuel à 310 euros et le SMIG de 20 000 dinars à 125 euros, montant qu’il fut réduire de 50% si l’on prend le cours du marché parallèle où à ce cours un professeur d’université en titre, plus de 30 ans de carrière, en fin de carrière, perçoit moins de 800 euros (80% du salaire en retraite) contre plus de 1200 euros sans compter les avantages d’un député qui a passé quelques années à lever la main sans proposer aucune loi avec une retraire à 100%. Dans ce cas, il est utopique de parler d’encourager l’innovation ce qui favorise l’exode des meilleures compétences surtout des jeunes, d’autant plus que l’actuelle politique salariale, qui est totalement à revoir, favorise beaucoup plus les emplois-rente que les emplois productifs.

3. L’évolution du  taux d’inflation

Le niveau d’’inflation    est fonction de plusieurs facteurs interdépendants : premièrement,  de facteurs externes dont le  prix international des produits importés où contrairement à ce qu’affirme le ministre  la majorité de pays connaissent non pas  une inflation mais une déflation  avec des taux d’intérêts presque nuls ;  deuxièmement, ,  de la faiblesse de la production et de la productivité internes, de la non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et leur impact renvoyant à la corruption via les surfacturations ;  troisièmement,    de la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d’achat des montants importants sur le marché, alimentant l’inflation , plaçant leur capital-argent dans l’immobilier, l’achat d’or ou de devises fortes pour se prémunir contre l’inflation ;  quatrièmement, de la dévaluation rampante du dinar  comme mis en relief précédemment ;   cinquièmement, par la  dominance de la sphère qui aligne le prix sur la cotation de la devise sur le  marché parallèle, pour les produits importés,  et qui contrôle  les segments   des fruits /légumes, poissons/viandes, textile/cuir  et  bon nombre d’autres produits importés qui connaissent un déséquilibre offre/demande , sphère  produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat,  où existent des liens dialectiques entre cette sphère et la logique rentière, avec des situations  oligopolistiques de rente.. Le taux officiel a été selon le site international financier Index Mundi de 1999 à fin 2019 : – 2000, 2,0%. – 2001, 3,0% – 2002, 3,0% – 2003, 3,5% – 2004, 3,1% – 2005, 1,9% – 2006, 3,0% – 2007, 3,5% – 2008, 4,5% – 2009, 5,7%, – 2010, 5,0% – 2011, 4,5%  – 2012, 8,9% (après les augmentations de salaires) – 2013, 3,9% – 2014, 2,9% – 2015, 4,2% – 2016, 5,9% – 2017, 5,6% – 2018, 5,6% – 2019, 5,6%    - selon l’ONS  en 2020, 2,4% et prévision 4,2% en 2021, taux qui est dépassé. Selon les données officielles  l’inflation cumulée  a dépassé les 82% entre 2000/2020 et en redressant  les taux de 20% nous avons  une détérioration du pouvoir d’achat durant cette période  de 100%  Se pose la question alors que la population dépasse 44 millions en 2020,  avec une population active de plus de  12 millions , nous assistons à  une décroissance du  PIB  qui est passé  de 180 milliards de dollars à prix courants en 2018, 171 en 2019 et    à  environ  160 milliards de dollars fin 2020 et de la concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière où fait nouveau, une partie de la classe moyenne commence à disparaître graduellement et à rejoindre la classe pauvre. L’action louable au profit des zones d’ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité de la société civile informelle silencieuse, la plus nombreuse, atomisée, non encadrée qui risque de basculer dans l’extrémisme, face à des discours de responsables déconnectés de la réalité, des partis politiques traditionnels et une société civile officielle souvent vivant de la rente, inefficience comme intermédiation sociale et politique, ce qui pose un problème de sécurité nationale : attention avec cette dévaluation accélérée du dinar au scénario vénézuélien et libanais où le signe précurseur est la mise en circulation d’un billet de 2 000 dinars.  Les tensions sociales, à court terme tant qu’il y a la rente, sont atténuées artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures qui permettent des subventions et transferts sociaux  représentant 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l’exercice 2021, mais mal gérés et mal ciblés, qui ne profitent pas toujours aux plus démunis. . Ces tensions sociales sont également atténuées par la crise du logement qui renforce la solidarité familiale (même marmite, mêmes charges), assurant une paix sociale transitoire. L’effet d’anticipation, d’une dévaluation rampante du dinar, via la baisse de la rente des hydrocarbures, risque d’avoir un effet désastreux sur toutes les sphères économiques et sociales, avec comme incidences l’amplification du processus inflationniste, l’extension, de la sphère informelle et sur le taux d’intérêt des banques qui devraient le relever de plusieurs points, l’ajustant aux taux d’inflation réel, si elles veulent éviter la faillite, freinant à terme le taux d’investissement à valeur ajoutée.

4.- Qu’en est-il de   la relance économique  en 2021 ?

La  croissance  économique contribue  comme facteur d’appréciation du dinar ce qui est juste en soi, en théorie, mais comment  peut-on relancer l’économie actuellement en berne pour des raisons internes et externes.  Restent  deux  solutions, l’endettement extérieur, ou  la dépense publique via la rente des hydrocarbures devant distinguer la partie dinars avec une dette publique via la planche à billets  qui risque d’exploser et la partie devise influant sur le niveau des réserves de change ou combiner les deux à la fois. Et en cas  de la faiblesse de  la production interne nous assisterons à  l’amplification du processus inflationniste,  les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques n’étant pas propre à l’Algérie,   comme en témoigne les expériences récentes du Venezuela et du Liban  Avec l’épidémie du coronavirus et les restrictions d’importation sans ciblage, selon les organisations patronales, plus de 70% d’entreprises   courent à  la faillite,  fonctionnant  à moins de 50% de leurs capacités .Quant aux  projets comme le fer de Gara Djebilet   et du phosphate  de Tebessa  hautement capitalistique, montant de l’investissement dépassant 15 milliards de dollars pour uniquement ces deux projets qui n’en sont actuellement  qu’aux intentions, un mémorandum n’est pas un contrat définitif comme rappelé précédemment,  selon l’ex ministre de l’industrie (source APS décembre 2020), le seuil de rentabilité, sous réserve de trouver un partenaire  de renom, ces deux filières étant contrôlées au niveau du marché mondial par  quelques firmes    demandent du temps. Si  les projets sont lancés en 2022  au moins 5/7 ans, soit  2027/2029, donc ne devant pas attendre des entrées de devises avant cette date, alors que le monde économique aura profondément changé,  et pour  les projets PMI/PME   leur seuil de rentabilité se fera dans deux à trois ans.  sachant  qu’il faut un taux de croissance  de 8/10% sur plusieurs années Le dernier rapport de janvier 2021 de la CNUED, conséquence de la crise mondiale, montrant une baisse substantielle des IDE    notamment vers le Maghreb et l’Afrique, ne devant pas confondre protocole d’accord pour certains projets comme annoncé récemment et accord définitif. L’appréciation du dinar ou la dépréciation du dinar  sera fonction  des indicateurs macro financiers,  économiques  et  de la stabilité juridique, institutionnelle  et politique, les élections législatives étant prévues en juin 2021, avec des résultats pas avant fin juin 2021, les investisseurs potentiels attendant la politique du nouveau gouvernementEn plus  avec l’épidémie du coronavirus et les restrictions d’importation sans ciblage, selon les organisations patronales, plus de 70% d’entreprises sont en difficultés   courant à  la faillite,  fonctionnant  à moins de 50% de leurs capacités. Quant au start tup, prestataires de services, ils ont besoin d’un  marché et  d’un environnement concurrentiel,  leur efficacité serait nulle à terme sans la dynamisation du tissu productif , l’élévation du niveau de qualification,   et une efficacité des institutions  nous retrouvant dans le même scénario des nombreuses faillites des projets de l’ANSEJ.   Aussi, l’avenir de l’économie algérienne repose sur sept  paramètres stratégiques le tout s’articulant autour d’une nouvelle gouvernance et la moralité des gouvernants renvoyant au politique :  premièrement, sur  une plus grande cohérence des institutions centrales et locales par une réorganisation des  institutions  allant de la présidence de la république étant dans un régime semi-présidentiel, (création d’un haut commissariat à la planification  stratégique , aux ministères (regroupement homogènes avec un grand ministère de l’économie nationale)   aux  collectivités locales  par une  dé-bureaucratisation, autour de cinq à six grands pôles régionaux et évitant cette instabilité juridique perpétuelle et des lois déconnectées des réalités mondiales comme celle du 49/51%  si elle veut attirer les investisseurs potentiels, deuxièmement, la réforme urgente du système socio-éducatif, du primaire au secondaire et le supérieur y compris la formation professionnelle ; troisièmement, sur la réforme du   foncier et  du  système financier (douane, fiscalité, domaine, banques), lieu de distribution de la rente et enjeu énorme du pouvoir ; quatrièmement , la maîtrise de la dépense publique, des coûts et la lutte contre les surfacturation et la corruption. Transparency International dans son rapport de janvier 2021 note que  la frustration face à la corruption des gouvernements et le manque de confiance dans les institutions témoignent de la nécessité d’une plus grande intégrité politique  devant  s’attaquer de toute urgence au rôle corrupteur des grosses sommes d’argent dans le financement des partis politiques et à l’influence indue qu’elles exercent sur les systèmes politiques où pour 2020 ,l’Algérie a été classée  104ème place sur 180 pays avec une note de 36 sur 100. Selon cette institution, internationale, une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un « haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives.  Les  produits subventionnés,  la distorsion, de la  cotation du dinar par rapport aux pays voisions favorisent le trafic aux frontières  lié  à cotation du dinar sur le marché parallèle favorisant les surfacturations. La procédure est simple je vous achète 1 euro vous me facturer 1,10 ou 1,20 euros et on partage  et comme    la  différence avec le marché parallèle   est de 50%, il y a encore une rente au niveau du marché intérieur où souvent le prix final  s’aligne pour les produits importés sur le marché parallèle excepté les produits subventionnés.  Il convient de se poser la question de savoir si l'on peut continuer dans cette voie hasardeuse, situation qui menace le fondement de l'Etat lui-même et la sécurité nationale.. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1000 milliards de dollars en devises entre 2000/2019, avec une importation, ,  de biens  et services toujours en devises  de plus de 935 milliards de dollars pour un  taux de croissance dérisoire de 2/3% en moyenne alors qu’il aurait du  être  entre 9/10% et  une sortie de devises de 20 milliards de dollars en 2020 pour une croissance négative selon le FMI de 6% ; cinquièmement, la nouvelle politique doit à moyen et long terme s’insérer  dans le cadre de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur la transition numérique et énergétique ; sixièmement , la maîtrise de la pression démographique , de l’urbanisation pour un espace équilibré et solidaire protégeant l’environnement qui a un cout social devant s’orienter vers les activités de l’avenir, rentables, les industries  écologiques  ; septièmement, un nouveau management de Sonatrach  et Sonelegaz les deux plus importantes sociétés algériennes.  Soyons réaliste,   entre 2021/ 2025, comme pour les années passées,  98% des recettes en devises avec les dérivées dépendront toujours    des hydrocarbures,  dont la production en volume physique est en baisse, Sonatrach ayant signé des mémorandums qui ne sont pas  des contrats définitifs,  mais n’ayant attiré que peu d’investisseurs potentiels sur le terrain.   Selon  l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), publiés dans son rapport mensuel le 12 mars 2021, la production algérienne de pétrole a atteint 878.000 barils en février 2021 contre 874.000 barils par jours en janvier , contre plus de 1,5 /1,2millions de barils entre 2007/2010, donc ne profitant que peu de la hausse récente des prix. Mais ne jamais oublier  que 33%%  des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel dont le cours est passé  de plus de 10 dollars le MBTU en 2009/2013 à moins de 2,70 dinars le MBT  entre 2020  et mars 2021.

En conclusion

La population algérienne en cette conjoncture  de vives tensions géostratégiques et budgétaires a  besoin d’un discours de vérité, ni sinistrose, ni autosatisfaction rendant urgent  des stratégies d’adaptation au nouveau monde qui repose sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir , marquée  par de profonds bouleversements géostratégiques, , tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter, marquée par la transition énergétique et numérique. Cela implique    des   réformes en profondeurs  du système politique, socio-économique   et  institutionnelle qui doivent  être sous entendue par les objectifs  clairement définis et datés, loin de pratiques rentières du passé, menés par  des réformateurs, fonction des rapports de forces  politiques , qui trouveront des résistances des conservateurs des tenants de la rente où le statut quo serait suicidaire  pour le pays. Cela n’est pas une question d’âge mais de mentalités et convictions  pouvant trouver un jeune formaté à l’ancienne culture soviétique ( voir A.Mebtoul, revue internationale  Euro Money Londres, intervention au Caire 1999, les réformes en Algérie  et le jeu des acteurs internes et externes).. A ces conditions, .l'Algérie, pays à très fortes potentialités, acteur stratégique  de la stabilité de  la région méditerranéenne et africaine peut surmonter la crise, loin des discours populistes  qui jouent comme facteur de démobilisation.  Dans ce cadre,  je considère le facteur culture  en ce XXIème siècle comme déterminant pour renforcer la coopération dans tous les domaines  entre l’Europe et l’Algérie. La symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident, le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d'enrichissement mutuel. Les derniers événements devraient encore mieux nous faire réfléchir, évitant cette confrontation des religions car autant, pour ne citer que les grandes religions monothéistes,  l'islam, le christianisme que le judaïsme ont contribué fortement à l'épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d'extrémisme, populations juives et musulmanes notamment ayant cohabités pendant des siècles. C’est que l’Europe  malgré  une baisse sensible des relations commerciales, surtout avec l’épidémie du coronavirus qui a ralenti les échanges, l’Europe e n 2020 demeure le premier partenaire avec 51,50% suivi de l’Asie et l’Océanie 33, 17%. Pour l’Afrique  les échanges sont dérisoires : les importations représentent 2,76% pour l’Afrique septentrionale, 0,48% pour l’Afrique subsaharienne et pour  les exportations  7,61% pour l’Afrique septentrionale et 0,80% pour l’Afrique subsaharienne.  Face à ces données du commerce extérieur, il  faut reconnaître que les relations économiques entre l’Algérie et l’Europe  sont loin des attentes, en espérant que la révision de certaines dispositions de l’Accord d’Association puissent dynamiser les relations, étant entendu que les réformes nécessaires pour une transition économique dépendent   des algériens. En bref, les relations entre l’Algérie et l’Europe, dans le cadre du grand Maghreb, auquel je suis profondément attaché depuis de longues décennies ( voir nos deux ouvrages que nous avons dirigé avec le l Dr Camille Sari, assisté de 36 experts des deux rives de la Méditerranée le Maghreb face aux enjeux géostratégiques Editions Harmattan paris 2015/206 1050 pages) ,  loin de tout esprit de domination,   ont besoin d’être intensifiées  reposant sur un partenariat gagnant  afin d’entreprendre ensemble. 

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