Le président Liamine Zeroual est sorti mercredi de son long mutisme pour dire aux dizaines de citoyens, rassemblés devant son domicile à Batna, qu’il ne compte pas revenir aux affaires. A ces dizaines de citoyens, des enfants de chahid, des gardes communaux, venus de différentes régions du pays, qui le pressent sous avec ce slogan « l’Algérie a besoin de toi pour la sauver », l’ex président, avec des mots simples emprunts de courtoisie, remercia vivement la foule pour « l’honneur » qui lui est fait.
« J’ai aujourd’hui 72 ans, j’ai fait mon devoir en tant que Moudjahid à l’âge de 16 ans, j’ai servi l’Algérie après l’indépendance à différents postes « a-t-il ajouté en demandant à ses hôtes au quartier de Bouzouréne de « respecter ma décision ».
L’ex président de la république (94-99) a expliqué que sa position de refus se justifie par son souci de privilégier « l’Alternance politique ». « Place aux jeunes » préconise t-il en ajoutant que « l’Algérie compte des centaines de jeunes capables d’assumer les plus hautes responsabilités et de relever les défis, comme l’avaient fait leurs aînées ».
Avec cette sortie médiatique, Liamine Zeroual vient de mettre fin à des semaines de spéculations autour de son possible retour sur la scène politique. Des spéculations qui trouvent leur sources dans la maladie du président Bouteflika et l’impossibilité pour lui, à cause des conséquences de son AVC, de briguer un quatrième mandat.
En fait, l’idée d’un possible retour de Zeroual a été lancée par des personnes de son entourage. Mais c’est l’ex officier du DRS Chafik Mesbah, reconverti aujourd’hui dans des analyses académiques, qui lui a donné une consistance politique, en l’inscrivant dans la perspective de la fin du mandat du président Bouteflika. Chafik Mesbah qui a vendu ce scénario, à travers des entretiens dans les journaux Libération, Le Monde, puis au forum hebdomadaire de Liberté avait défendu l’idée d’une transition politique de deux ans sous le présidence du président Zeroual, qui doit selon lui, bénéficier du soutien du grand parti politique.
Deux ans, période qui permettrait, avait encore expliqué Mesbah, l’émergence de candidats crédibles pour une élection présidentielle pluraliste et ouverte. La proposition de Mesbah a eu un accueil plutôt mitigé, certains la rejetant même en considérant qu’une transition, fût-elle assurée par un homme aussi respectable et intègre comme Liamine Zeroual, reste un retour à une époque révolue pour l’Algérie. Pas de risque de revivre donc cette époque avec le refus poli mais catégorique du président Zeroual. Quant à Mesbah, il doit désormais reconsidérer ses hypothèses de travail.