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Lettre ouverte à Nicolas SARKIS,concernant la lettre adressée au président de la République: "Ne vous immiscer pas dans les affaires internes des Algé

02-03-2013 18:06  Contribution

1.-Je m’adresse à vous à la fois en tant qu’intellectuel mais également en tant que fils d’un des plus grands militants qui a tout donné à l’indépendance de l’Algérie avec 4 années de prison à Lambèse, El Harrach à l’instar des militants de toutes les régions du pays sans exception. J’ai été profondément choqué que vous vous adressez, d’une manière insolite, et par voie publicitaire, au premier magistrat du pays qui incarne l’Algérie.

Pour éviter toute polémique byzantine, je tiens à saluer tous les étrangers et pays amis et ils sont nombreux, qui ont soutenu notre guerre de libération nationale et tous les coopérants étrangers qui travaillent chez nous pour accroitre la valeur ajoutée intérieure. Le véritable nationalisme, évitant tout chauvinisme, tenant compte de la mondialisation, de la nouvelle configuration géostratégique qui se dessine horizon 2015/2020, où toute Nation qui n’avance pas recule, peut être défini comme la contribution des Algériens à la prospérité intérieure, supposant des stratégies d’adaptation à ce nouveau monde, afin de rendre hommage à nos martyrs.

2. Pour en revenir à vos propos, vous affirmez que le scandale de Sonatrach est un acte isolé qui ne remet en aucune manière le fonctionnement actuel de la société algérienne, pour peu que l’on mette en prison selon votre expression les « quarante voleurs ». Il semble bien que vous ignorez, ou vous voulez nous faire croire, que vous ignorez la réalité algérienne. Les experts algériens, et ils sont nombreux, la presse algérienne, n’ont pas attendu votre lettre pour mettre en relief le danger de la corruption qui a toujours existé depuis l’indépendance politique, et qui existe de par le monde mais qui prend des proportions inégalées depuis l’indépendance politique, menaçant le fondement de l’Etat algérien et sa sécurité.

Il suffit de lire et relire les récents rapports internationaux tant du FMI, de la banque mondiale, de Transparenty International pour s’en convaincre que ce n‘est pas un acte isolé, mais que les prédateurs s’inscrivent dans un cadre organisé, comme le montre les enquêtes internationales récentes, car s’il ya des corrompus, il y a forcément des corrupteurs impliquant d‘ailleurs une nouvelle moralisation des relations internationales. Cela touche au fonctionnement du système. La dépense publique qui sera clôturée entre 2004/2013 à 500 milliards de dollars ( part en devises et en dinars données du président de la République en conseil des Ministres – source APS premier semestre 2012) a permis un taux de croissance moyen dérisoire de 3% alors qu’il aurait du être de 10/15%, l’Algérie dépensant sans compter selon l’expression de la directrice générale du FMI. Il est bien entendu qu’il faille ne pas confondre mauvaise gestion qui est selon moi prépondérante, avec corruption qui implique des preuves tangibles. Qui sont ces quarante voleurs au niveau de Sonatrach que vous citez ?

3.-Vous parlez de l’épuisement des hydrocarbures traditionnels dans un avenir proche et vous en incombez la responsabilité à la majorité des cadres de Sonatrach qui se sont succédés depuis la nationalisation de 1971. Vous savez pertinemment que la loi de 2005 n’a pas été appliquée puisque amendée en 1986 introduisant la règle des 49/51% et que c’est grâce à la loi de 1986 ( suite à la chute des 2/3 des exportations algériennes qui a conduit à la très grave crise sociale et politique entre 1990/2000) amendée en 1991 qui a permis, en partie, la reconstitution des réserves qui se calcule selon le couple vecteur prix international/ couts. Les experts algériens n’ont pas attendu votre lettre, cette amère vérité, pour attirer depuis plus de 10 ans l'attention des autorités algériennes, surtout après la décision de doubler la production d’électricité à partir des turbines en gaz, qui combinée aux prix très bas subventionnés, accélérera l’épuisement par la forte consommation intérieure.

Cela pose la problématique, si l’Algérie pourrait toujours exporter, comme prévu 85 milliards de mètres cubes gazeux, peinant à exporter actuellement 60, et sans oublier la concurrence notamment russe à travers le North et le South Stream (plus de 120 milliards de mètres cubes gazeux) et la révolution du gaz de schiste aux Etats Unis d’Amérique, qui deviendrait exportateur horizon 2017, réduisant les parts de marché de l’Algérie. Le gel de Galsi (gazoduc via la Sardaigne vers Italie), avec des surcoûts  passant de 3 à plus de 4 milliards de dollars pour un niveau de 8 milliards de mètres cubes gazeux, rendant sa rentabilité problématique, devrait être médité. La dernière sortie du PDG de Sonatrach en date du 24 février 2013, qui annonce que l’Algérie ne possède plus que 2.000 milliards de mètres cubes du gaz traditionnel et non plus 4.500 (source BP année 2006), l’atteste. Pour le pétrole algérien, représentant moins de 1% des réserves mondiales, l’épuisement se fera bien avant, l’effet prix voilant actuellement la baisse en volume.

4.-Vous n’êtes pas sans savoir qu’après 50 années d’indépendance politique 98% des exportations de l’Algérie sont constituées en hydrocarbures à l’état brut et semi brut et important environ 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées ? Qu’avez-vous conseillé pour éviter une telle situation au moment où par le passé, dans vos nombreux écrits, vous militiez pour une utilisation intensive d’exportation des hydrocarbures de l’Algérie pour prendre , selon votre expression des parts de marché ? Si vous avez participé en tant qu’expert à certaines études à Sonatrach, vous avez été gracieusement rémunéré en devises , pour un montant dix fois parfois vingt fois supérieurs par rapport aux experts algériens de même calibre. Je pense avec de nombreux amis qu’au moment de cette transition difficile à la fois politique et économique, vous n’avez pas, en tant qu’étranger, à vous immiscer dans des problèmes qui concernent avant tout les Algériens. Votre lettre est selon moi, une lettre inopinée, et surtout troublante par les sous entendus tendancieux politiques qui vous éloigne de votre vocation d’expert.

Avec ma haute considération.

Du professeur des Universités, Expert International en management stratégique, Dr Abderrahmane MEBTOUL

Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2006

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