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Lettre aux donneurs de leçons sur le patriotisme

01-02-2017 18:52  Contribution

Par Belkacem Meziane

Subitement, Béjaia a été  mise sous les projecteurs. Les événements sesont précipités et le nom de Béjaia revient sur toutes les langues. Au début,il s’agissait d’un mot d’ordre pour une grève de commerçants contestant lesdispositions d’une loi de finances 2017. Ensuite, Béjaia est devenue malgréelle porte-flambeau d’une contestation interprétée comme une « remise en causede l’unité nationale » et « étincelle d’un « nouveau printemps arabe ». 

Pas moins que ça ! 

La réaction de « certaines vierges effarouchées » concernant les événements queviennent de vivre dans la douleur le chef-lieu et certaines communes de lawilaya de Béjaia montre qu’un décalage béant existe entre « la rue et le bureau», entre « le discours et l’acte », entre « l’administrateur et l’administré». 

Doit-on chaque fois nous adonner à cœur joie à des stigmatisations qui laissentdes traces, à des mensonges temporaires qui cachent des vérités permanentes?Doit-on chaque fois, nous suffire de traiter de voyous nos propres enfants, quise sont livrés à des actes de destruction et de vandalisme et croire que nousavons réglé les problèmes ? Un tamis n’a jamais caché le soleil ! 

Si des dispositions sincères, urgentes et réelles ne sont pas prisesimmédiatement, d’autres « 2 janviers » reviendront à Béjaia et ailleurs. Qui nereconnait pas aujourd’hui que Bejaia suffoque, Bejaia régresse, Bejaia estdélaissée. Qui ne sait pas que Bejaia voit tous ses projets de développementstructurants s’évaporer un à un. Bejaia est devenue uniquement un grand champde manœuvres politiciennes et une contrée d'évasions occasionnelles pour deschanceux du littoral. Beaucoup disent à haute voix ou en sourdine ((Où vaBéjaia ?)). Ce n'est pas une vue de l'esprit malsain mais une réalité amère. Lawilaya de Béjaia est en train de sombrer dans un gouffre inquiétant malgréquelques soubresauts récurrents. Les cris de détresse, les promessesgénéreuses, les visites qui se sont succédées n’ont pas changé grand-chose.

Jugeons-en :

-Depuis sa création en 1974, le siège de la wilaya de Béjaia est constitué parune ancienne école transformée dans la précipitation. Et depuis, l’école aperdu une infrastructure et la wilaya n’a pas gagné un siège ! ;

  -Le siège du CHU dont la construction a été annoncée à plusieurs repriseset le choix de terrain fait tambour battant, n'est pas encore là ;

 -Le Tramway qui aurait pu "ceinturer" la ville et diminuer lecalvaire de la circulation n'est plus cité ;

-Le Téléphérique, qui aurait pu boosterle tourisme local et national en reliant le site féerique de Yemma Gouraya à laville et dont les études ont été achevées et les travaux confiés, fait déjàpartie du passé ;

 -Des distributions de logements de différentes formes se font parcentaines, par milliers ailleurs. Dans la wilaya de Béjaia, la distribution sefait par dizaines et très rarement ;

-Deux et même trois nouvelles zonesindustrielles ont été officiellement annoncées et les sites localisés, n'ontpas connu de concrétisation ;

-Beaucoup d'encre et de salive ont coulé au sujet d'un complexepétrochimique synonyme de plusieurs milliers de postes d’emplois et deretombées fiscales dont le site a été retenu, ne figure plus sur les tablettesde la nomenclature nationale des projets affectés à Béjaia ;

-La canalisation de l'Oued Soummam, quiaurait pu mettre fin au calvaire des domaines, des terres agricoles fertiles etdes agriculteurs de la vallée de la Soummam, qui subissent à chaque débordementinondations de vergers, pertes humaines, arrêt de la circulation routière, etc.a été inscrite en étude depuis 2010/2011. Un cahier des charges a même connu undébut d'élaboration puis plus rien ;

-Le dédoublement de la RN26 pour accueillir le flux de camions, de bus et devéhicules particuliers sans cesse en nombre grandissant, a été annoncé poursoulager les habitants de Béjaia et ses nombreux visiteurs. Toujoursrien ;

 -Le dédoublement de la voie ferrée et son électrification pour venir enappoint pour le transport des voyageurs et des marchandises, ne sont pluscités ;

-Le site qui a enfanté le Glorieux et Glorifié Congrès de la Soummam àIfri-Ouzellaguene devait accueillir un Musée National à la hauteur del'Histoire et de la Mémoire dont regorge toute la région de Béjaia n’est plusd’actualité ;

-La pénétrante autoroutière reliant Béjaia à l’Autoroute Est-Ouest ne connaîtra pasencore ( !) l’inauguration de quelque 50 kms fin janvier 2017, aprèsavoir retenu en haleine des années durant, citoyens, usagers de la route, élus,autorités locales et nationales. La centaine de dos d’âne empoisonne et met àépreuve les nerfs et les mécaniques des conducteurs de milliers de véhiculesqui empruntent la RN26.

Lors de la visite du Premier Ministre Abdelmalek Sellal effectuée le 28 Avril2013, beaucoup d'éloges et de promesses ont été faites ce jour-là. Qu'enreste-t-il, aujourd’hui? Le chômage, la promiscuité, l'absenced'infrastructures culturelles et sportives, les fléaux sociaux de plus en plusinquiétants, l'absence de perspectives et les promesses non tenues.

Alors, les « donneurs de leçons », les « chercheurs de boucs émissaires », les« flaireurs de la main étrangère » doivent savoir que les actes de pillage, dedestruction, de vandalisme ont été unanimement condamnés d’abord par lescitoyens de Béjaia, qui n'ont absolument aucune leçon à recevoir. Mais…comme enMédecine, rien ne sert de mettre fin aux « effets » sans s’attaquer aux «causes » du mal. 

Les recettes pétrolières ne sont plus ce qu’elles étaient, un « nouveaumodèle économique » est mis en place dans le pays, la wilaya de Béjaia a ratéle train de l’embellie financière. De quoi seront faits ses lendemains ? C'estvers cela que nous devons tous regarder. A bon entendeur salut!

Belkacem Meziane

Ex-Député Indépendant 2007-2012



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