L'Arabie saoudite a massé des armes anti-aériennes et d'autres forces à sa frontière avec le Yémen, Riyad s'inquiétant de l'avancée des rebelles chiites houthis --soutenus par l'Iran-- dans le pays, ont indiqué des responsables américains mercredi.
L'Arabie saoudite a pris cette mesure "par précaution" et cela ne veut pas dire qu'une incursion armée au Yémen est imminente, ont précisé ces responsables. "Ils ont pris toutes les mesures défensives" possibles, a déclaré à l'AFP un responsable militaire américain.
"Ils comptent maintenir la sécurité de leurs frontières" mais ce serait "tiré par les cheveux" d'interpréter ce déploiement comme le signe d'une intervention armée majeure, selon lui. Les forces saoudiennes installées le long de la frontière sud du Yémen comprennent des systèmes anti-aériens et de l'artillerie, selon ces responsables. L'Arabie Saoudite, pays sunnite, s'inquiète de l'avancée des milices chiites houthis au Yémen, qui ont pris le pouvoir dans la capitale Sanaa le mois dernier.
Les Etats-Unis ont fait état mercredi d'un contact téléphonique "plus tôt dans la journée" avec le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, leur allié dans la lutte contre Al-Qaïda, indiquant qu'il avait quitté sa résidence d'Aden mais qu'ils ne savaient pas où il se trouvait actuellement. Des forces alliées aux rebelles chiites au Yémen se sont également emparées mercredi de l'aéroport international d'Aden. Un ministre a averti qu'une chute de la grande ville du sud marquerait le "début" d'une guerre civile.
La montée des violences au Yémen pourrait s'apparenter à une guerre par procuration entre la puissance chiite iranienne, qui soutient les Houthis, et l'Arabie Saoudite sunnite, qui soutient le président Hadi. Quand Hadi a fui sa résidence surveillée par les Houthis à Sanaa en février et refait surface à Aden, l'Arabie Saoudite a été le premier pays à transférer son ambassade dans cette ville, dans un clair geste de soutien au dirigeant yéménite.
Mais les rebelles houthis, soupçonnés de liens avec l'Iran et l'ex-président Ali Abdallah Saleh, poussé en 2012 au départ après 33 ans au pouvoir, ont poursuivi leur progression jusque près de la frontière saoudienne. Et Téhéran a ouvertement dénoncé les initiatives visant à faire du port d'Aden la nouvelle capitale du Yémen.
L'Arabie saoudite craint que les Houthis ne lorgnent sur le détroit de Bab-el-Mandeb, qui sépare le Yémen de Djibouti, et qui offre un contrôle stratégique sur le canal de Suez. Ce qui s'ajouterait à la forte présence de Téhéran dans le détroit d'Ormuz, par lequel passe le gros du pétrole mondial. (Afp)