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Les perspectives futures du cours du pétrole

15-10-2016 10:09  Pr Abderrahmane Mebtoul

Qu’en a-t-il été lors de la réunion d’Alger  qui a été une grande réussite diplomatique et celle de  la  réunion d’Istanbul  en attendant la  réunion de Vienne le 30 novembre 2016 et les perspectives pour le marché pétrolier et gazier ayant trait essentiellement à la transition énergétique 2020/2030 ? La réunion d’Istanbul,  comme celle d’Alger, souvent oubliée par les médias a été axée sur la transition énergétique 2020/20360/2040,  avec la publication d'un rapport consacré aux énergies renouvelables intermittentes. Le rapport  note  que les  énergies renouvelables représentent en 2016 plus de 30% de la capacité totale de production électrique installée dans le monde et 23% de la production totale d’électricité, que  le financement des EnR est d’environ  286 milliards de dollars en 2015 représentant  154 GW de nouvelles capacités en 2015, dépassant de loin l’investissement dans la production conventionnelle (+97 GW). Ainsi le rapport met en relief trois facteurs essentiels : premièrement, la définition de règles du marché assurant un système d’énergie durable en accord avec les objectifs du trilemme , y compris les règlementations clairement définies en matière d’émission de CO2; deuxièmement, l’instauration des marchés de capacité pouvant permettre d’assurer la sécurité en termes d’approvisionnement en complément de marchés basés uniquement sur les énergies qui se révèlent souvent insuffisants pour garantir un approvisionnement fiable et enfin le développement plus poussé des méthodologies en matière de prévisions météorologiques pour garantir une meilleure fiabilité et faire rapidement face à la variabilité du vent et du soleil Quant aux  perspectives pour le marché pétrolier, elles sont aléatoires. 

 Selon l’AIE,  dans son rapport mensuel de septembre 2016, le marché pétrolier devra prendre son mal en patience,  la perspective d'un rééquilibrage prochain s'éloignant  sous l'effet d'une demande pénalisée par des incertitudes économiques et d'une offre qui reste abondamment alimentée.  En effet, la stabilisation des prix est difficile car  la  dynamique offre-demande ne change pas significativement au cours des prochains mois et le premier semestre 2017, du fait que la production continuera à surpasser la demande.   C’est que la production de l'or noir en Russie s'est chiffrée à plus de 10,5 millions de barils par jour, tandis que celle du royaume saoudien a atteint 10,3 millions de barils ces derniers mois  sans compter le bouleversement de la carte énergétique  par le pétrole et le gaz de schiste américain  dont les couts ont baissé de 30/40%, la stratégie de l'Arabie saoudite, qui chercherait à « tuer » les producteurs de schiste américain, ayant atteint ses limites n’étant  pas certain que les extractions de pétrole non conventionnel s'effondrent réellement outre-Atlantique - en tout cas pas au rythme attendu, la production variant durant l’année 2016 entre 8,5 et 10 million de barils/jour.  Aussi,  comme annoncé dans le dernier rapport  du Forum Economique Mondial (2016/ DAVOS) le monde est à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle qui modifiera les rapports de force au niveau mondial et  une recomposition du pouvoir énergétique mondial. Deux pays la Russie qui ont pourtant les plus importantes réserves, la Russie   qui a investi dans les nanotechnologies ( (l’infiniment petit) et l’Arabie Saoudite qui a prévu 2000 milliards de dollars d‘investissement pour préparer l’après pétrole.

Car si le monde est passé de l’ère du charbon à l’ère du pétrole, cela ne signifiait pas que n’existait plus de réserves de charbon ( 200 ans de réserves contre 40/50 ans pour le pétrole),  mais que des  nouvelles  technologies  ont été mis en place renvoyant toujours au fondement du développement l’économie de la connaissance (1). Aussi c’est une  erreur stratégique de raisonner sur un modèle de consommation énergétique linéaire, en misant  sur la rigidité de l'offre, qui provoquerait à moyen terme, faute d’investissement,  une montée inexorable des prix vers des sommets, 100, 200, voire 250 dollars le baril. C'est que l’analyse des nouvelles mutations énergétiques va à  contre-pieds de tous ces raisonnements mécaniques qui sont démenties par la dure réalité économique. Par  le passé les tensions au Moyen Orient provoquaient une  hausse des prix, alors que nous avons assisté à  un effondrement du prix du pétrole, sans véritable changement de la structure de la demande. Et c’est là qu’entre la géostratégie et notamment la stratégie européenne, chinoise et surtout  américaine qui oriente  la R et D vers les énergies nouvelles, vers lesquelles s'engagent dès à présent la moitié des nouveaux investissements  et ce afin de conserver le  leadership énergétique au niveau mondial.

L’avenir  de l’OPEP

 

Les pays de  l’OPEP ne doivent plus vivre de l’illusion de la rente éternelle, pouvant jouer comme facteur de stabilisation, ne cohabitation avec d’autres acteurs,  mais ne pouvant jouer un rôle déterminant comme dans les années 1974Le quota  théorique retenu a été  rarement respecté. Bien que les pays membres de l'Opep se sont entendus à Alger  d'aller vers une stabilité du marché,  il est reconnu au vu des réactions du marché, bien qu’ayant gagné 5/6 dollars  que  la baisse de  700.000 barils  est insuffisante pour une stabilisation des prix  entre 50 et 60 dollars le baril, encore que la  répartition de ce quota se fera à Vienne lors de la réunion officielle de l’OPEP à Vienne le 30 novembre 2016. Aussi, attention à l’euphorie et aux faux calculs. Il faudra faire des calculs précis.  Même une augmentation de 5 dollars en moyenne annuelle donne un gain net pour un pays comme l’Algérie de seulement 3 milliards de dollars contre 30 milliards de dollars pour la Russie et l’Arabie Saoudite (dix fois plus de production) , montant auquel il faudra retirer la diminution en valeur de la baisse de production. Comme il ne faut pas exclure, car c’est un jeu de poker du fait des turbulences de l’économie mondiale,  une importante perte  financière.  Imaginons, en cas de crise ou de croissance faible de l’économie mondiale,  que la diminution de la quantité OPEP  n’entraine pas une baisse substantielle des prix et que  les pays hors OPEP accaparent  des parts de marché.


D’où la difficile équation à résoudre, d’autant plus que les USA un des plus grand producteur n’est pas présent qui a joué sur la réduction substantielle de couts de production étant devenu exportateur net. Les observateurs s’accordent à ce que le prix futur dépendra d’une entente entre pays consommateurs et producteurs d’une part et d’autre part, par une entente pays OPEP non OPEP. Aussi, la détermination du prix du pétrole, (le prix du gaz lui étant indexé) dépendra d’une entente entre d’une part et l’Arabie Saoudite et la Russie qui a atteint un niveau record de production début aout/septembre 2016 et l’Arabie Saoudite et l’Iran qui veut revenir à son quota avant les sanctions de plus de quatre millions de barils jour ayant besoin de financement. Et le grand problème  sera la décision future de la  Russie avec des discours contradictoires, et la stratégie américaine, deux grands producteurs hors OPEP.


Mais comme rappelé précédemment  le déterminant sera la croissance de l’économie mondiale avec des incidences négatives ou positives sur les pays producteurs, du fait de l’interdépendance des économies. En cas d’une faiblesse de la croissance, la stabilisation des cours du pétrole sera difficile à se réaliser, tout au plus le cours devrait fluctuer entre 45/55 dollars. En cas d’une légère reprise, il pourrait fluctuer entre 50/60 dollars entre 2017/2020.En cas d’une reprise forte entre 2017/2020, il pourrait progressivement fluctuer entre 60/70 dollars. En cas d’une crise équivalente à celle de 2008, il descendrait en dessous de 40 dollars. Au-delà -2020/2030, du fait du bouleversement de la carte géostratégique mondiale et de la quatrième révolution industrielle mondiale, aucun expert ne peut prédire avec exactitude les scénarios de l’évolution tant du prix du pétrole que de la nouvelle structure économique mondiale, entre 2020/2030/2040. Des stratégies d’adaptation par couches successives sont nécessaires renvoyant à la géostratégie.



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