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Les nouveaux défis économiques du gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune

26-05-2017 13:00  Pr Abderrahmane Mebtoul

Tout d’abord évitons toute vision de sinistrose,  je souhaite pour le bien être de l’Algérie plein succès pour leurs nouvelles missions à l’ensemble des membres du gouvernement et au nouveau premier ministre  Mr Abdelmadjid Tebboune, qui est un ami,  que j’ai connu  en tant que Wali vers les années  1980 lorsque   j’effectuai une mission pour le compte de la présidence de la république  (dossier habitat ) en tant que directeur général des études économiques  et premier conseiller à la cour des comptes au  niveau des 31 wilayas . Un langage  de   vérité s’imposera car l’Algérie devrait connaitre  des tensions budgétaires horion 2/2017/2020 ne  devant plus vivre sur l‘illusion d’une rente éternelle des hydrocarbures , étant termine un cours supérieur durant cette période  un  cours  75/85 dollars, le prix du gaz  représentant plus de 30% des recettes des recettes de Sonatrach  étant indexé sur celui du pétrole

1.-Quelle est la situation économique en ce mois de mai 2017 ? Il faut être réaliste , en ce mois de  mai 2017, 97% des ressources en devises directement et indirectement proviennent  des hydrocarbures,  le tissu économique est constituée à 83% de petits services/commerce, le secteur industriel  représente  que 5% du produit intérieur brut avec plus de 97% sont des petites unités non initiées au management stratégique,  environ 70% des besoins des ménages  et des entreprises proviennent de  l’extérieur, existant des  limites  à la restriction des importations , faute de quoi , l’on pourrait provoquer une implosion sociale et une inflation à deux chiffres comme au Venezuela.   Le document permettant une appréciation objective n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui en plus de la valeur des importations de biens, prend en compte les services et les transferts légaux de  capitaux. Selon les documents du FMI (fournies par la banque d’Algérie), les sorties de devises des services ont été  10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec une prévision de 10,6  milliards de dollars en 2017. Le rapatriement  légal  des bénéfices selon les sources du FMI, a été  de 8 milliards de dollars en 2013, 8 en 2014, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une  prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017 , prévoyant une moyenne  entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018/2020. Dans ce cas au rythme des indicateurs financiers  des quatre (04)  premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties  de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à 46,26 milliards de dollars (biens)  plus 10,6 milliards de dollars  (services)  soit 56,86 milliards  de dollars et tendant vers 60 milliards de dollars ou plus  avec les sorties légaux de capitaux.  Ce montant de sorties de devises correspond pour l’équilibre à un baril variant entre 85/88 dollars pour éviter  des tensions au niveau de la balance des paiements. Or, selon le FMI, le  cours du baril varierait  entre 50/55 dollars à prix constants -2017/2020), sous réserve d’une discipline des accords OPEP/non OPEP.

2.-Afin d’éviter un épuisement progressif  des réserves de change  et un retour au FMI 2018/2019, ce  qu’aucun  patriote  ne souhaite, s’agira  d’aller vers de profondes réformes structurelles : lutte contre la bureaucratie étouffante  par la réforme des institutions, réforme du système financier lieu de distribution de la rente, réforme du système socio-éducatif , l’économie de la connaissance pilier du développement, et enfin résoudre l’épineux problème du foncier  et celui des subventions qui généralisées  sont à la fois  d’injustice sociale  et source   de gaspillage. En effet, Les subventions  sont régressives montrant leur manque d’équité et la nécessité de les réformer : plus vous êtes riche, plus vous en bénéficiez. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher. Dans un  rapport  la Banque mondiale fait remarquer qu'en moyenne dans le monde, 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions recommandant que les programmes d'aide sociale doivent être ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. 

3.- Le monde et à l’aube de la quatrième résolution économique avec de profonds bouleversements géostratégiques : militaires, politiques, économiques, sociales et  culturelles  des stratégies d’adaptations étant  nécessaires.  L’Algérie  devra investir dans des segments où elle a des avantages comparatifs en termes de couts/qualité au sein de filières internationalisées , évitant des unités  de prestige  dans l’industrie,  de l’énergie ( énergies renouvelables),  l’agriculture, du tourisme  et des nouvelles technologies, comme elle devra assouplir la règle des 49/51% qui est un dogme  idéologique des tenants de la rente, l’Algérie supportant tous les  surcouts,  devant définir avec précision les secteurs stratégiques et non stratégiques  si elle veut attirer des investisseurs potentiels. Pour le bâtiment travaux publics qui emploi près de deux millions de personnels, il faudra à l’avenir revoir le mode de construction, les nouveaux matériaux  permettant d’économiser pus de 30% d’énergie  ainsi  qu’une fractions substantielle de ciment et de rond à béton. Comme vient de le noter le nouveau premier ministre, il faudra éviter l’étouffement des entrepreneurs opérant dans ce secteur tout  en les encouragent par des actes  de formation  à leur reconversion : donc,  payer les entrepreneurs qui ont terminés  les travaux, ainsi que les projets entamées  tout en veillant au respect du cahier des charges.  Mais attention, avec les tensions budgétaires, le mode de logement social ou tout le monde  veut avoir un logement presque gratuitement est à revoir  car   source  également d’injustice sociale vis-à-vis notamment des couches moyennes. Par ailleurs,  le slogan quant  le bâtiment va tout va   de la période des années 1970/1980, n’est plus d’actualité en ce XXIème siècle, devant méditer les expériences de bulles immobilières  (cas  de l’Espagne).  Résoudre la crise du logement sans vision stratégique du développement global risque de conduire à des tensions sociales.  Paradoxalement la crise du logement servant de tampon social  (même marmite, même charges)  car   un ménage vivant seul  avec deux enfants  doit avoir un revenu   minimum 50.000./60.000 dinars net par mois.

En résumé, je réitère le souhait de succès  au nouveau gouvernement. Il faudra à tout prix éviter la tentation  de la gestion administrative  des années 1970 qui risque de provoquer des effets pervers, étant à l'ère de la mondialisation,  les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques. L'économie de marché ne signifie pas  anarchie mais un Etat régulateur fort, fort de sa moralité  devant libérer toutes les  énergies créatrices. Afin de mobiliser la population algérienne, consciente des enjeux, un discours de vérité s’impose : ni sinistrose ni autosatisfaction source de névrose collective  mais devant éviter   les contre vérités et déclarations démagogiques de certains responsables. 

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