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Les mauvaises affaires économiques

03-12-2013 19:48  Rafik Benasseur

A l’heure où tous les pays du monde inquiets par la crise économique et les incertitudes qu’elle laisse poindre à l’horizon, multiplient les plans stratégiques pour sortir de l’ornière, l’Algérie semble complètement déconnectée. Notre pays se distingue ces derniers temps par des décisions pour le moins paradoxales qui défient toute logique économique.

Après avoir tenté de racheter la filiale algérienne d’Orascom télécoms (Djezzy), il s’est offert à nouveau le géant complexe d’Arcelor Mittal assis sur des pieds d’argiles… Le gouvernement va débourser prés d’un milliard de dollars pour remettre à flot une usine mastodonte qu’il a vendue avant qu’elle ne lui revienne à la figure.

Cette transaction présentée en son temps comme un «modèle réussi de privatisation» a tourné court. C’est tout compte fait l’investisseur indien qui a réussi son coup en se débarrassant d’un complexe où il n’a pas mis beaucoup d’argent tout en gardant des actions dans son capital social qui lui permettront, pourquoi pas, d’engranger un jackpot quand le complexe sera renfloué par l’Etat algérien.

Vendre les entreprises et les racheter en ferrailles…

Une renationalisation qui va à contre sens de la logique économique consistant pour l’Etat a désengager progressivement des entreprises de cette taille pour se consacrer à son rôle de régulateur. Mais il faut croire que l’abondance des pétrodollars a fait perdre la tête à nos décideurs économiques.

Ayant échoué pour l’instant de racheter Djezzy, alors que Mobilis peine déjà à suivre le management moderne, l’Etat épie l’occasion pour faire une autre…mauvaise affaire. Et voilà que le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l’investissement, Amara Benyounès, nous informe que le gouvernement a décidé de racheter (encore !) les parts du groupe français BTK (Beahm-Titant-Kaiser) dans le complexe industriel de montage de véhicules de Tiaret.

La fièvre (r) acheteuse »

La raison ? Le non-respect des engagements pris par le partenaire français. Et après, sommes- nous tentés de répliquer ? L’accord de partenariat entre la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) et le groupe français BTK, conclu par les deux parties en 2006, prévoyait la participation du groupe français, à hauteur de 60%, au capital de ce complexe spécialisé dans le montage et la commercialisation des carrosseries et des remorques. Mais les français, font un tour et s’en vont laissant le gouvernement algérien reprendre possession des lieux sans avoir à verser le sou.

Le trésor public devrait-il venir à chaque fois au secours des projets mal engagés et des affaires mal négociées ? Le fait est à ce point grave que c’est le troisième groupe français que l’État rachète en seulement quelques semaines, si l’on ajoute le droit de préemption mis en avant dans le dossier de l’usine Michelin de Bachdjerrah. Et ce n’est pas fini. La liste noire des désengagements de ces partenaires étrangers présentés à grand renfort médiatique risque de s’allonger.

Le ministre de l’industrie a pratiquement confirmé à demi mot le retrait des qataris du méga complexe sidérurgique de Bellara. Mais Amar Benyounès rassure que l’Etat va le construire avec ou sans les qataris. Mais à quel prix ! Au train où vont les choses, le matelas de devises engrangé grâce à la rente pétrolière risque de fondre comme neige au soleil si cette fièvre «(r) acheteuse» continue de faire tourner la tête à nos responsables. Est- ce fatal en effet que l’Etat subisse ces ratages industriels ?



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