Algérie 1

Icon Collap
...

Les "lignes rouges" de Sellal

15-02-2014 20:32  Rafik Benasseur

Les "lignes rouges" qu'il serait interdit de franchir sont devenues le leitmotiv des responsables ces derniers jours. Il ne se passe pas un jour sans qu'un ministre ou un acteur politique proche du cercle présidentiel nous lance à la figure cette mise en garde comme si nous serions à leur merci. Comme si les tuteurs du peuple savent ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. A commencer par le président Bouteflika qui, dans son message de condoléances aux familles victimes du crash de l'avion militaire, a mis en garde ceux qui s'attaquent aux institutions.

Tous les algériens avaient alors compris qu'il ciblait Amar Saadani seul personnage à s'être permis le grand écart de s'en prendre au patron des services secrets. Cette ligne rouge présidentielle est pour le moins logique et pertinente en ce sens que l'armée est la seule institution sensible et homogène en Algérie.

Mais l'homme par qui le scandale arriva, n'a pas été inquiété. Il s'est vu même réconforté puisque ses opposants ont été invités à venir réclamer son paraphe pour le destituer... ! Dés lors tout le monde a compris que Bouteflika- si tant est que c'est lui-même qui a écrit le fameux message- ne parlait pas de Amar Saadani l'autre jour. La vraie interprétation est que le président et son entourage sont les premiers soutiens de Saadani.

Critiquer le bilan du président, une ligne rouge ?

Il est difficile de ne pas faire le parallèle entre l'impunité dont jouit encore le chef contesté du FLN et le message (faussement) menaçant du président. Et voilà que son Premier ministre Abdelmalek Sellal rajoute aujourd'hui une louche en évoquant depuis Mila des "lignes rouges" à ne pas franchir. "Nous allons vers des élections présidentielles (...), néanmoins, il existe des lignes rouges à ne pas franchir et des acquis à ne pas remettre en cause, car, il y va de notre devenir et de celui de nos enfants", a t-il averti.

Où sont ces lignes rouges ? "Qu'il y ait des divergences politiques, cela ne pose pas de problèmes, mais, que l'on ne s'aventure pas à jouer avec les acquis du peuple algérien", a-t-il précisé. En fait d'acquis, le Premier ministre parle des "réalisations" du président durant ces 15 années de pouvoir.

Autrement dit, le Premier ministre met en garde quiconque oserait critiquer le bilan de Bouteflika. D'après lui, il serait "inconcevable" que l'on dénie les réalisations du président Abdelaziz Bouteflika dans ce domaine. Il ne resterait plus que cela... On est en passe de sacraliser le bilan d'un président qui, le moins que l'on puisse dire, est qu'il est cahoteux. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas émettre une fatwa pour donner une dimension religieuse à ce quatrième mandat...



Voir tous les articles de la catégorie "Focus"